
Née dans le Var dans une famille protestante, en bord de mer, Christine grandit dans une forme de solitude car à peine née, son père meurt et le deuil s’abat avec en écho l’absence des mots. La Bible, un jardin, des arbres, la mer, des mouettes, des livres. À quatre ans, elle est giflée par une institutrice qui la force à écrire de la main droite. À dix ans, elle est catapultée en Ariège avec en prime un nouveau « père ». Elle grandit à proximité des ouvriers du textile, des châteaux cathares et des Pyrénées. Son œil qui ne voit plus la mer, s’émerveille dans les forêts et sur les sommets. Son esprit se forge des idées de la vie, des rapports humains, elle rêve de devenir journaliste, mais ne sera que secrétaire.
Mariage, enfants, divorce.
Ses enfants envolés, elle quitte un désert vert suite à la fermeture des usines et à leur délocalisation pour se former à la photographie, avec pour obsession le regard d’un animal face au mensonge de l’humain, vit dans la nature sauvage, dans un squat de gitans, avec les SDF dans les rues de Paris, expose son travail, découvre la Chine, l’Afrique, et un jour d’hiver, affronte l’immensité du Sahara, en quête de l’histoire de son père, jeune résistant pendant la seconde guerre mondiale et militaire expédié sous le feu du soleil de l’Afrique de l’ouest, puis en Algérie.
Dans le Sahara elle se retrouve, tout d’abord face à l’islam, et très rapidement face à des enfants qu’elle emmène dans une aventure collective, la découverte du Petit Prince et des ateliers culturels s’enchaînent. Car l’enfance, si précieuse à ses yeux, la happe. Elle découvre l’errance médicale.
Nomade entre la Mauritanie et la France pendant douze ans, elle organise des évacuations sanitaires pour des chirurgies pédiatriques très lourdes.
Elle écrit, depuis qu’elle sait écrire, façon de remplir des vides, parce que la pensée qui court dans son esprit doit se manifester du bout des doigts, ne pouvant s’adresser à personne, elle s’adresse à elle même, mais ne montre rien et détruit tout. À partir de 2012, elle offre ses chroniques de voyages au journal de rue Macadam. Puis vient la nécessité d’un plus grand partage. Alors qu’elle prend en charge des enfants mauritaniens en urgence médicale, l’évidence en 2022 frappe à sa porte : Le premier mot posé, les autres viennent seuls. Elle envoie son manuscrit, pour que le « monde sache » sous la forme d’un conte pour les enfants de 9 à 99 ans — et plus — à Elyzad, une maison d’édition qui aime parler de « l’autre côté de la Méditerranée » et dont elle apprécie la ligne éditoriale.
Dans l’écriture, parfois âpre et parfois lyrique, de la poésie, qui s’infiltre comme un rayon de lumière dans une brèche, celle de la souffrance du monde. On dit que la poésie pourrait le sauver. C’est en tout ce qui la sauve, elle, depuis qu’elle a lu Pagnol, Gide, Verlaine, Éluard, Rilke, Bobin, Bonnefoy, Char, Quignard, Dickinson, Blake, Keats ou le grand conteur Hampate Bâ… Dans l’ombre de la lumière, plaquées comme les falaises dominant la mer de sable, des grandes questions, celles déjà posées par les philosophes, les écrivains aventuriers, impossibles à nommer tant ils sont nombreux, mais aussi celles de la foi.
Du désert, elle garde le souvenir des rencontres au pays du million de poètes auquel elle rend un hommage particulier à travers le voyage de quatre enfants devenus aveugles, héros de son premier roman conte, Les yeux bleus du désert, qui, s’ils ne voient plus avec leurs yeux, confirment que l’on peut voir avec le cœur. Les mots sonnent comme les notes d’une petite musique très douce, portée par le vent, se répandant comme des petites graines.
Le livre a été en présélection de quelques prix, a obtenu une petite récompense à Nantes, mais surtout, il a été transcrit en version audio gratuite pour les malvoyants et disponible dans la médiathèque sonore de la Fondation Valentin Haüy en France et de la Bibliothèque Sonore Romande en Suisse. Il est soumis à la sélection du prix Handi Livres 2025 par Elyzad.
Son rapport au monde a longtemps été spontané, avec cette même question du « comment est-ce possible », et cette réponse « Ce qui n’est pas donné est perdu ». Mais le monde ayant changé, le rapport est modifié. Elle s’isole, pour ne plus qu’écrire, mais aime partager des rencontres autour de ce monde qui l’inspire, en librairie, bibliothèque, lycée, et pourquoi pas ailleurs, afin de confirmer que l’écriture fait réellement du bien, car souvent, son origine vient du mal, et qu’il est important de continuer à parler du monde d’une autre façon que celle dont les médias ont l’autorisation de parler. Car derrière l’onirisme du conte, en filigrane, des effluves de la vérité.