Abdelkader El Yacoubi

Contact : éditions L’Harmattan

Biographie : C’est à Oran, en Algérie, où je suis né de parents marocains émigrés, qu’eut lieu ma première rencontre avec les mots. Ceux de mon père, colorés et puissants, quand abdiquant devant mes prières, il acceptait de me raconter ses exploits aux côtés d’Abdelkrim mais aussi ceux de ma mère, malicieux et tendres lorsqu’elle évoquait les joies et les souffrances des personnages de contes rifains. Cette rencontre me coûta cher. Enfermé dans l’imaginaire que nourrissaient leurs histoires, j’étais imperméable aux réalités intangibles, mais nul ne s’aperçut de cet autisme délicieux. Quant à mes maîtres de l’école primaire, ils se délectaient de mes inclinations littéraires et m’encourageaient à les faire prospérer sans trop s’inquiéter de ma désaffection pour la chose scientifique.
Vint l’indépendance de l’Algérie. Avec elle, la fin des contes et des récits guerriers. Mon enfance s’en allait et plus elle s’éloignait, et plus je refluais vers un imaginaire luxuriant. Après mon entrée en 6e, je me rebellai contre un système scolaire qui avait fait pourtant mon bonheur et qui désormais me brimait et m’humiliait par ses contraintes diverses et son intolérance. On me mit en congé tout en me décernant  le prix de français à la fin de la classe de 3e. Ce paradoxe à lui seul effaça de ma conscience tout remords. J’avais raison, mais je devais payer.
Livré à moi-même et à la rue, je fus tour à tour marchand de fruits et légumes, gardien de nuit, manœuvre et ouvrier. C’est pendant cette période que j’ai lu avec frénésie grâce au centre culturel français d’Oran dont la bibliothèque offrait un large choix de livres. La lecture me conforta définitivement dans ma représentation du monde.
Je connus un exil supplémentaire au mois de septembre 1973. Un terrible exil. J’émigrai vers la France, arraché à ma famille et à la terre qui me vit naître. Le lecteur comprendra pourquoi la thématique de l’émigration sous-tend mes textes. Elle représente pour moi, encore aujourd’hui, un viol du corps et de l’esprit, une insulte permanente, une suspicion douloureuse. C’est pourtant par elle, que je retrouvai les bancs de l’école. Ouvrier de fabrication dans une usine de textiles synthétiques du Nord, je pus grâce à l’aide d’un militant du secours catholique et aux vertus de la formation continue, accéder à l’université sans subir les matières indésirables de ma scolarité adolescente. Je parcourus le cursus universitaire à un rythme endiablé et dans un engouement suspect aux yeux de mes jeunes camarades. Ils ignoraient combien j’avais souffert d’avoir été sevré.
En 1982, tout en entamant des études doctorales, je devins professeur de lettres, fonction que j’ai exercée avec bonheur dans le respect de mes élèves et de leurs aspirations jusqu’à mon départ à la retraite au mois d’avril 2016.
Après « Le Jardinier d’Arboras » consacré au retour sur les terres méditerranéennes et à la culture des plantes de mon enfance, j’achève l’écriture d’un cinquième roman qui témoigne de la difficulté d’être dans un environnement social saturé et pollué d’images fugaces.

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Bibliographie

  • Les Nuits doranaises, roman, éditions de l’Harmattan, Paris 1999
  • Gelème, roman, éditions de l’Harmattan, Paris 2001
  • Le B@nquet de Bounite, roman, éditions de l’Harmattan, Paris 2004
  • Le Jardinier d’Arboras, roman, éditions l’Harmattan, 2014