Écrivaine et éditrice
Contact : sarahsylvie34@gmail.com
Biographie : Sylvie Crossman s’est très tôt projetée dans les sociétés « premières ». Elle grandit parmi les Maoris, à Raiatea, l’île sacrée des Polynésiens où ses parents sont enseignants. Élève de l’École Normale Supérieure de Fontenay-aux-Roses, angliciste de formation, elle vit à Los Angeles de 1974 à 1981. Elle enseigne à l’Université de Californie et rencontre régulièrement l’écrivain Henry Miller qui lui rendra hommage dans un livre, le seul qu’il ait écrit directement en français, sur sa suggestion : J’suis pas plus con qu’un autre (Buchet/Chastel, 1976). En 1978, elle devient correspondante du journal Le Monde pour la Californie.
De retour à Paris, elle publie, aux éditions du Seuil, Le Nouvel Age, un essai sur la société californienne, repris en poche – Points Actuels, 1983 – et pour lequel elle est invitée par Bernard Pivot à Apostrophes ; puis un roman historique, La Guéniza – Seuil, 1987 – couronné « meilleur roman historique de l’année » par le Sénat et qui lui permet de ressusciter la grande époque, (Haut Moyen-Âge) au Caire, de l’alliance entre les trois religions du livre.
En 1985, elle repart pour Sydney où elle crée le poste de correspondant du Monde en Australie. À cette occasion, elle découvre le centre du continent et les peuples aborigènes qui l’habitent, notamment ses grands initiés et peintres qu’avec son compagnon, Jean-Pierre Barou, elle fait découvrir en 1990 au public français grâce à une exposition au Musée Fabre de Montpellier, la première, en France, sur la peinture australienne : « L’événement de l’été 1990 », écrira l’AFP.
Dès lors, à travers une série d’autres expositions – à Strasbourg, Limoges, Nice, mais surtout la Villette, Paris, avec une trilogie qui fera date (Tibet, Pratique du mandala, 1995 ; Peintures de sable des Indiens Navajos, 1996, et Peintres aborigènes d’Australie, 1997/1998 – elle va favoriser un dialogue inédit entre les « beaux-savoirs » de ces sociétés indigènes et nos savoirs scientifiques, entre des artistes et soignants aborigènes, amérindiens, tibétains, inuits… et nos médecins, cancérologues, neurologues, immunologistes.
C’est pour prolonger ce travail qu’elle fonde, en septembre 1996, toujours avec Jean-Pierre Barou, une maison d’édition, Indigène (diffusion Harmonia Mundi), dont elle assurera la direction jusqu’à la fin juillet 2024. Dédiée aux savoirs et aux arts des cultures non industrielles des Premières Nations – Aborigènes d’Australie, Indiens d’Amérique, Inuit, Maoris… – sans oublier nos propres « indigènes » qui entendent rompre avec les logiques de la société marchande, de la pensée unique et renouer avec les exigences d’une conscience créative, Indigène a labouré le terrain de la résistance aux génocides culturels avant de connecter avec la Résistance historique, si bien incarnée par Stéphane Hessel, à travers Indignez-vous ! (paru en octobre 2010 et aujourd’hui traduit dans 43 langues à travers le monde). Grâce à leur petite collection lancée en mars 2009 « Ceux qui marchent contre le vent » (ouvrages militants de 32 pages, à 3 € ou 5 €) dans laquelle a été publié le manifeste de Stéphane Hessel, les éditeurs resserrent leur travail autour de cette ligne éditoriale : « Créer, c’est résister », en publiant, chaque année, cinq à six petits livres/évènements comme autant d’armes non-violentes destinées à fractionner nos consciences nécrosées ; et un « gros » livre, majeur, comme en mars 2013 les Écrits libertaires d’Albert Camus rassemblés et présentés par le chercheur non-violent allemand, Lou Marin.
Fin juillet 2024, Sylvie Crossman et Jean-Pierre Barou mettant fin à Indigène éditions, Sylvie devient directrice d’une « Collection Indigène » créée au sein de la maison Rue de l’Échiquier à Paris et qui reprend cinq titres emblématiques de la maison Indigène dont Indignez-vous ! de Stéphane Hessel tout en publiant de nouveaux ouvrages comme Un Orage de mots de l’autrice iranienne Chahla Chafiq sur la révolution Femme, Vie, Liberté (à paraître fin août 2025).
Avec Jean-Pierre Barou, elle a deux enfants : Benjamin (comédien) et Cléa (juriste, Rapporteure à la Cour nationale du Droit d’asile, Montreuil).
Portrait de Sylvie Crossman : crédit photographique : Jérôme Panconi
Bibliographie (non exhaustive)
– Le Nouvel Âge, avec Édouard Fenwick, Seuil, 1981 (repris sous le titre Le Nouvel Âge, un essai sur la société californienne, Points Actuels, 1983)
– Californie : le nouvel âge, avec Edouard Fenwick, 1983
– La Guéniza, avec Michel Gabrysiak, roman, Le Seuil,1986
– Jean Lacouture, la biographie du biographe, Balland 1993
– Tibet : la roue du temps : pratique du mandala, codir. avec Jean-Pierre Barou, Actes Sud,1995 – traduit aux États-Unis (2004, Konecky & Konecky, Connecticut)
– Benjy voyage au pays du mandala tibétain, illustrations Christine Estève, roman jeunesse, éd. Indigène, 1997
– Sur les traces de la fourmi à miel, peintres aborigènes d’Australie, illustrations Bronwyn Bancroft, éd. Indigène, 1997
–Tibet les formes du vide, avec Jean-Pierre Barou, éd. Indigène, 1998
– Enquête sur les savoirs indigènes, avec Jean-Pierre Barou, Calmann-Lévy, 2001 ; Gallimard Folio Actuel, 2005
– Sœurs de peau, roman, éditions Albin Michel, 2008
– Tibet, Une autre modernité, avec Jean-Pierre Barou, Points Seuil, mars 2012
– Le Fils de l’Inde, roman, éditions du Seuil, 2018
– J’habite la couleur, texte poétique, Méridianes éditions, collection « Maison natale », 2019
– La Promesse d’un autre monde, à paraître






Documentaire
En 2013, Sylvie Crossman a fait l’objet d’un documentaire : Sylvie Crossman, Créer, Résister (50 minutes) par Caterina Profili (Zeugma Films/Groupe Galactica, collection A Contre-temps).