Meurtres à Bayonne – Le crabe aux pinces bleues, de Pierre-Jean Brassac

Meurtres à Bayonne – Le crabe aux pinces bleues, roman noir, éditions Le Geste Noir, mars 2021

Marina Samoïlova, jeune lieutenante de police à Bayonne, se voit chargée d’une affaire aussi embarrassante que cruelle.
Deux élèves d’un institut médico-pédagogique des environs de Bayonne sont retrouvés sans vie sur la plage, tandis qu’un troisième a disparu de l’établissement.
Assistée d’un stagiaire atypique, elle mène son enquête dans la limite des faibles moyens dont elle dispose pour faire éclater la vérité.
La multiplicité des protagonistes, l’incite à faire davantage confiance à son intuition qu’aux « évidences » sur lesquelles on tente d’attirer son attention. Elle s’exerce comme nulle autre à entrer dans la tête des suspects.
Le fil conducteur de la tradition chocolatière de la ville guide son cheminement à travers certains réseaux interlopes. Elle devra mettre, dans la balance de la Justice, sa propre existence de policière qui doute.

chez l’éditeur Le Geste Noir

EXTRAIT

En ce matin d’hiver, ce n’est pas le disque pâle, fixé à l’encoignure du ciel bas qui rendra à l’air sa légèreté. Jeté sur les élèves disséminés entre les bâtiments épars, le jour naissant aplatit toute forme sous un drap trempé de grise clarté.

Deux post-ados sont assis sur les marches de pierre du grand escalier, devant l’Institut Médico-Pédagogique Peraspéra. L’un blond, aux épaules larges, répond au patronyme de Friedlander et se prénomme Thomas. On le surnomme Boboche. L’autre, au teint cuivré, est connu ici sous le diminutif de Moumou. Son nom ? Mouloud Moumen.

— J’avais dit à ma vieille que j’aurais des meilleures notes au second trimestre… Ben, ça va pas le faire. J’ai plus qu’à entrer en apprentissage. Faudra bien que j’ramène un peu de thunes à la maison… Elle y arrive pas toute seule.
— Elle fait quoi, ta mère, Boboche ?
— Elle vend des chouchous sur la plage, mais pas en cette saison, tu t’en doutes… — Ça évidemment !
— Alors on rame. On tire le diable par la queue, qu’elle dit. Toi, Moumou, t’as pas à te plaindre, y a du fric chez toi.
— Pas tant que ça. Mais quand même ça va. Sauf que si j’veux un scooter ou un voyage en Algérie pour aller voir mon oncle, ils me disent qu’il faut qu’je bosse pendant les vacances, que j’aide mon père sur les marchés… Hè, Boboche, si on y allait ?
— Dacodac !

Les deux ados quittent les marches du perron où ils s’étaient assis pour bavarder entre le cours de chimie et les deux heures de français. Mouloud Moumen, dit Moumou, aura bientôt dix-sept ans. Il en paraît cinq de plus. Ses grands yeux sombres trahissent un certain dédain ou une lassitude chronique : on ne saurait dire. Mouloud est entré à l’Institut Médico-éducatif (IME) Peraspéra suite à divers faits de délinquance, tels que siphonnage de carburant, vol de voiture et conduite sans permis avec récidive. Élève de 3e horticole, il est le fils d’un marchand de légumes. Quant à Thomas Friedlander, dit Boboche, il n’a que quinze ans. Il est doué d’une audace et d’une agilité verbale qui suscitent l’admiration silencieuse de la plupart de ses camarades. Il est orphelin de père. Issu d’un foyer familial privé de moyens, il est régulièrement accusé depuis l’âge de treize ans de pratiquer le chantage et l’extorsion, ce qui explique sa présence à l’IME Peraspéra.

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