Alain Lasverne

Contact : alainlasv@gmail.com

Biographie : Né à Paris, j’ai passé ma première partie de vie dans le sud-ouest, près de Montauban. À 33 ans, je suis monté à Paris pour devenir instituteur et en suis reparti quelques dizaines d’années plus tard pour regagner le sud. Aujourd’hui je vis à Sète.
J’ai fait des études de sociologie (maîtrise 1984 Université Jean-Jaurès (anciennement Toulouse-le-Mirail) et de communication / édition (DESS communication/édition 1999 Université Paris V). Vers 33 ans, je suis parti exercer mon métier d’enseignant dans les Yvelines, après diverses tentatives en tant que représentant, formateur en insertion, pigiste pour le Moniteur BTP et la Gazette des Communes, entre autres. J’écris régulièrement depuis 1989. Je me définirais plutôt comme un auteur d’histoire qui tend vers la poésie quand ce qu’il a dire n’a pas la forme d’une histoire, ce qui n’est pas si rare.
J’aime bien le flash poétique tel qu’il me vient. Je n’ai pas de maître à poétiser, mais j’ai pris la lumière avec des textes divers de Char, St John Perse, Rimbaud ou Prévert, Portante, Tarkos et autres qui n’entrent pas, formellement, dans la catégorie « poésie ».

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Bibliographie

Roman

Je sauverai le monde, entre anticipation, satire de super-héros et critique sociétale, 2009
Web voyage, ELP éditeur, 2014
Présences, éditions Douro, 2022 (ITV FM+ – Radio Pays d’Hérault)

Nouvelle / Poésie

Si la guerre ne meurt, poésie, anthologie Cordes tissées 38, éditions Inclinaison, octobre 202 (ITW FM + – Radio Pays d’Hérault, conduite par Marie-Agnès Salehzada)
Nouvelles et poésies dans différentes revues : 100% auteurs, A la dérive, l’Ampoule, Mauvaise graine, Paysages Écrits, Le capital des mots, Rue Sainte-Ambroise , Squeeze, Traversées, Pro/p(r)ose, Datura, Pojar…

Présences

éditions Douro, 2022

Je m’éveille le cœur battant, ma tête n’accommode ni lumières ni formes. Tellement chaud ; les draps humides collent à ma peau, sangsues. Tête encore gelée dans la noirceur et les pointes de feux. La lumière du jour est à vif.

Fuir et vivre. Rester et vivre. Mourir, et mourir. Comment savoir, l’essentiel est invisible. Encore un jour dans la bouche puante du réel. Le rêve reviendra, il rôde en attendant la nuit, tapi au fond de cet être sans but, sans devenir autre que d’anéantir quelques espérances résiduelles. Moi, le mot sonne comme un coassement de grenouille.

Allons, il est l’heure d’éveiller quelque chose comme une conscience. Si tant est que la conscience soit une capacité à prendre appui, à bouger mon corps pour entraîner ma tête. Pour quoi faire, pas la bonne question. Imaginer autre chose qu’une brèche dans l’apathie déboussolée du monde relève du dérangement, ou de l’ironie. Compter quand même sur ma peur, compagne très fidèle des jours qui s’effondrent l’un après l’autre. Debout.

Lentement, j’ouvre la fenêtre, tourne autour du lit, tire les draps, tape sur l’oreiller. Ne pas regarder. Il n’y a pas, il n’y a plus, à quoi bon une photo sur la table de nuit. Laisse, sors de la pièce, sors, sinon.

Sinon, l’ombre reviendra et je me retrouverai coincé, à attendre le retour du cauchemar et de l’apnée jusqu’au réveil, avant de replonger. Les fenêtres appellent le jour, le bruit, la vie, ou quelque chose d’approchant. J’ouvre tout, dans l’appartement. Viennent des stridulements et craquements d’insectes. Aucun son ne descend du ciel. Disparus, les oiseaux. Tout est sous condition, sous interrogation. Mystère. Pas pour Sandra et Lucinda, dans leur cadre, là-bas sur la table de nuit, dans la chambre dont je ferme la porte. Dernière image d’elles raflée sur le Net. Sortez-moi cette idée de la tête, bon dieu. Je n’en veux plus de cette mémoire-là. Pitié.

Sur la Toile. les officiels lâchaient au compte-goutte les images prises par le drone avant que les radiations ne l’achèvent aussi. Dernière image téléchargée sur mon disque dur. Réussi à l’imprimer avant la panne générale, le lendemain de. Un jour mort, ensuite, puis fin de l’électricité. La lumière a disparu. C’était le matin du jour d’après. Signal général. Les cris, les coups, la fuite, très vite. Tout le monde sentait, tout le monde comprenait. Partez, fuyez, lâchez tout. Ils sont tous partis. Quelqu’un, quelque chose les attendait. Refaire la vie ailleurs. Rien ne m’attendait, rien ne m’attendra. La ville m’ignore, à moins qu’elle ne me pardonne, à moi comme au fuyards. Son destin n’est pas le mien, je suis un souvenir qu’elle autorise à finir son chemin.