L’imprédictible livre (Trilogie), de Pierre Ech-Ardour

L’imprédictible livre (trilogie), recueil de poésie, éditions Phloème, juillet 2025
Illustration : Jean-Marc Barrier
4ème de couverture par Lara Dopff et Yves Ouallet.

En Polyphonique offrande un chant plénier muant l’espace où sourd le berceau de l’histoire humaine. Emportement du Cantique des cantiques est L’imprédictible livre pour que germe la lettre, où la disparition est renversée, où le seul vivant qui demeure est Livre. Sommes des songes du Livre, des écritures et des âges, ainsi est l’apothéose de la Monade Originelle.

EXTRAITS (un poème par livret)

 « Polyphonique offrande »

Berechit (*) בראשית (au commencement de) :
Médians mirages des diaprées pergolas,
longitude marine de respirations,
luisant berceau de vagues soutachées,
bordent mes arbres serpentine une rive.

(*) Pentateuque, Genèse 1,1 

Pé el-pé
 אל-פה פה (bouche à bouche)
À l’apôtre de mer
en les vagues aérées
l’immortelle chimère
est soleil acéré

Nitsots ניצוץ (étincelle) :
Inentamé silence à combler
impossible fragment d’abîme
voyage la béante faille
à l’instar de l’inimaginable absence

Bethokhah בתוכה (en elle) :
Migrante nuit des cieux altérés
fermente le frisson
de mon pétrifié rivage
à l’aulne d’un limon somnolent.

Tabur טבור (nombril) :
Intime la pensée
dénudée prend nouvelle
une lumière d’avenir

Sod סוד (secret) :
Tel le grain de sable
tout au plus innommable
préexiste inaccessible
le cri d’analogie

« L’imprédictible livre »

ה

Cristalline la nudité du sens créera féérie,
est-ce la nuit pour d’impromptus écrits ?

Glisse du passé vers demain
la pierre de nos racines,
sur le grand mur blanc
du papier feuillé se dessine
l’allégorie du primitif désir

Parcourir ton haleine
aux détours d’une étreinte,
dans le bris de vases
émanait de nous en l’éther
l’âme d’un visage fleuri,
écrite en le sommeil du jour

En les strates de nos pages
nous habillerons le Ciel
et dégraferons les nuages
nous délectant du lait sauvage

Jusqu’aux premières lueurs
fertile la chair des vocables
se blottit à l’ombre nocturne,
s’ouvre à notre langue nue,
nous étreint silencieuse
une poésie d’enfantement

En le creux de l’attente
dansent tes mains et
cueillent au vent la grâce
du jour aux bras ouverts

« Monade Originelle »

Dès l’aube
ta probité briserait
le vase.
Ainsi serions-nous
présents et absents ?
Voileraient notre vue
les mots devenus
pupilles
des paroles tues.
Dans ce nouvel exil
chaque mot
interrogerait.
Vainement nous aurions  
correspondu
jusqu’à transparence.
Celui qui t’écrit
pressent clore
le livre quand
abdique sa voix
à l’ombre de ton ombre.
Le vent s’est muré
en la pierre du désert
où boire florilèges
n’épanche plus la soif.
Brille à même l’empyrée
continûment ton étoile,
Monade Originelle.
Berechit
 

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