Sur l’infini écho des rives du matin, de Christian Malaplate

Sur l’infini écho des rives du matin, poésie, éditions des Poètes Français, juin 2025

« Je m’interroge sur l’infini écho des rives du matin tout proche de la vie des pierres et la cohorte des insectes. Mes mots s’enroulent dans les champs de papier : feuille à feuille construisant mon identité par petits morceaux de vérité. Parfois la houle des mots fait surgir les poèmes de la soif de vivre, du désir et du doute vers les hautes terres dans l’éclaboussure des images et des forces élémentaires. Elle devient poésie des métaphores et des plaintes du monde. Elle rappelle les mythes immémoriaux dans les profondeurs et l’épaisseur du temps. »

EXTRAIT

Dans les fleuves sauvages je tente de bâtir des tours de langage

Dans les fleuves sauvages je tente de bâtir des tours de langage
Pour freiner des torrents de mots, une écriture en fusion.
Je retiens des avalées de phrases dans mes rimes intérieures
Pour ne pas être un voleur de feu.

Je prends le limon du silence pour adoucir mon exil
Et pour recueillir le sel de l’eau écumante
Sous la fine étoffe de l’alphabet au reflet profond.
Je tente de maîtriser les éléments survoltés dans la nuit.

Je ne sais quelle couleur donner aux voix assoiffées d’amour
Qui viennent de l’obscurité troubler le vent fou de la vie.
La sève impatiente essaie de recouvrir le chagrin  secret du passé.
Les augures du temps ralentissent des messages bafouillés.

Montpellier, 04 janvier 2024

Je collectionne des mots oubliés dans de jolies boîtes

Je collectionne des mots oubliés dans de jolies boîtes
Je mets souvent dans mes poches des cailloux abîmés
Et j’aime caresser les anémones sauvages.
J’ai le souci de la terre à corps perdu.

Je marche dans la paix des chemins,
Je traverse les champs verts parmi la ronde printanière des oiseaux.
J’écris sur les pierres tendres. 
Je jette des cailloux blancs à la rivière
Je me brûle de soleil et je m’enduis de pluie argentine

Les bruits étouffent les paroles
Et parfois rendent la vie en miroirs déformés.
Je déploie mes mains vers la rougeur des roses trémières
Qui grimpent le long d’un mur de pierres sèches.
Je chemine entre les arbres vers l’haleine rougeoyante des crépuscules.

Je cherche les dédicaces des mondes anciens et des plaines désertes,
A la découverte des êtres sacrés en chantant des incantations
Avec des mots perdus dans les nuits fauves.
Une passerelle relie le fond à la lumière du jour
Promesse d’un parfum aux étranges pouvoirs.

Quand les limites de la solitude s’effacent
Dans le brouillard qui s’égoutte dans un flot de lumière
J’attends encore le violoncelle profond de cette nuit
Qui accompagne le flux de chaleur
Avec des chuchotements de souvenirs.             

Mas du Gua Chapelle Saint-Martin, 16 avril 2024

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