Les auteurs du Languedoc-Roussillon : retour à l'accueil

Magazine

Conception graphique et webmaster : Pascal Steichen - Rivages Graphiques

Ours

Comité de rédaction : Raymond Alcovère, Anne Bourrel et Françoise Renaud
Comité de lecture :
Dominique Gauthiez-Rieucau, Valéry Meynadier
Rédactrice en chef  :
Françoise Renaud
Directrice de publication : Janine Teisson

Inédits

Tropique du cancer, de Jean Azarel

L’immuable et l’éphémère #20 de Felip Costes

Ces vacances avaient un goût particulier. Ils se trouvaient follement amoureux l’un de l’autre, plus qu’ils ne l’avaient jamais été, bien qu’avec le temps le souvenir des premiers jours commençait à s’effacer dans leur mémoire. Sans doute voulaient-ils éprouver la sensation d’une régénérescence. Pourtant il ne la touchait plus depuis plusieurs mois, mais cette constatation même était devenue anodine. Ils marchaient sur la plage, dans le vent, se parlaient ou ne se parlaient pas, écoutaient le bruit des vagues. Ils se donnaient de temps en temps des petits baisers pointus comme le cri des mouettes. Quand il pleuvait, les odeurs de la terre se mêlaient à celles de la mer pour monter à leurs narines et bénir la vie. Les grandes marées découvraient des espaces inattendus, comme si la chair de la mer était devenue transparente et ne cachait plus son âme. Nina regardait depuis la grève Paul s’agiter une épuisette à la main pour alpaguer les crevettes recluses dans les trous d’eau. Plus rien du monde extérieur ne semblait pouvoir les atteindre. Ils avaient laissé derrière eux la crise économique, les billevesées politiques, les faux amis. Les seules affaires de voile concernaient les bateaux, l’infini de l’Atlantique était leur carte bleue. Les jours passaient sans qu’ils se préoccupent de savoir si on était mardi ou jeudi. Ils identifiaient juste le dimanche car la cloche de l’église du village voisin se mettait à sonner pour annoncer la messe.
C’est Nina qui trouva le livre dans un des rayons de la bibliothèque du gîte. Elle le montra en tremblant à Paul. Le soir, après avoir bu du cidre, ils firent une flambée dans la cheminée. Paul attendit que le feu soit suffisamment grand pour jeter dedans Tropique du cancer d’Henry Miller.

Illustration : Felip Costes, L’immuable et l’éphémère #20, technique mixte sur panneau de bois, 122 x 60 cm




Littoral (extraits), de Jean-Jacques Marimbert

Photographie : Christian Poncet

Soudain perte de vue surface de
l’océan ligne horizon coupait en
deux le monde. Elle poursuivait
gaiement translucides petits crabes
appelait ils filaient en tout sens à
ses pieds disparus dans d’invisibles
trous sable mouillé courait mouettes
acrimonieuses de ses bras moulinet.
Fuyant mon imbécile abîme détalé
vers la dune brûlée elle me rattrapa
courant à tue-tête mon prénom cris
d'oiseaux. Au retour me tenait main
serrée je muet je boudais ou semblant
m’en souviens laisser croire à caprice
jalousie pour un beau coquillage
ramassé qu'elle voulait me donner je
refusais en tête ses lamentations me
ramenaient à la vie quand je criais
Myriam en étoiles ricochets sur la houle
ironique. Je finis par sourire elle jouerait
du piano le trajet se passa endormis
côte à côte.

Accroc de la vie rapetassé à
la va-vite au long des années
qui toujours face à la mer
océan reflue comme marée
montante sous un soleil de
plomb. Le soir même littoral
fugué serpents de lune rire
de la houle aux dents
d'écume sur ivoire de sable
et noires falaises du crapaud.
Menton posé bout du clavier
au ras des touches oreille collée
frais bois verni d'une cathédrale
vide où je déambulais à l'écoute
des entrailles du monstre regard
perdu mains de Myriam ses doigts
dentelle au vent. Reparti ventre
noué flottait en moi je ne sais
quelle présence la force d'une
murène sa beauté sa violence.

Photographie : Christian Poncet - site web




L'envers des choses, d'Yves Carchon

"Cécile aime Elvis", d'Isabelle MarsalaJ’ai toujours aimé l’Océan. Souvent nous y passions, Laura et moi, nos vacances d’hiver. Nous y avons vécu heureux avant qu’elle ne me quitte. Depuis, je m’y rends seul, mais c’est en rêve uniquement. J'arrive à pied et arpente la plage en regardant les vagues glisser sur le rivage. Nature sauvage, déserte qui m’agrée. Je crois savoir que je me trouve dans la forêt landaise. Entre la touffe des grands pins, se profile l'Édifice, usine désaffectée mangée par la broussaille et dont les portes sont rouillées. J'y entre et tombe sur une grande salle vide. Aux murs sont exposées les toiles du peintre que j’ai été. Il y a pourtant belle lurette que j’ai cessé de peindre. Apparemment, c’est une rétrospective organisée en mon honneur. Il n'y a pourtant que moi qui aille d'une toile à 1'autre, émerveillé, conquis, frappé par un embrasement de couleurs rouges et orangées qui font de chaque toile une sorte de brasier. En m’approchant, je m'aperçois que chaque touche évoque une flammèche. Toutes les touches peintes bout à bout donnent ce rendu d’intense flamboiement. Bravo, l’artiste, dis-je sans songer un seul instant que ce salut s’adresse à moi. Entre Laura, que je n’ai pas revue depuis des lustres. Lèvre boudeuse, œil moqueur, elle toise mon travail avec un air condescendant. « Je t’ai connu mieux inspiré ! » dit-elle en regardant par une fenêtre le bleu nacré de l’Océan.

Illustration : Isabelle Marsala, Cécile aime Elvis, 2011, 80 x 80 cm, huiles sur papier marouflé sur toile




Le ventre, d'Aurélie Tardio

"Le jardin des délices", de Jérôme Bosch (détail)J’ai des enfants, la nuit, qui grandissent dans mes entrailles. Je les en arrache pour les bercer. Ce ne sont pas mes enfants bien qu’ils aient mes yeux et mon sang. Mais je les aime et les tiens au creux de mes bras.
D’autres nuits, des enfants meurent étouffés dans mes entrailles, je ne dis rien à personne et puis je finis par le dire. On m’accuse d’inconscience, et on m’offre une pipette pour extraire les cadavres de mon vagin. On ne dirait peut-être pas comme ça, mais c’est une tâche longue et méticuleuse. Ça prend des heures de retirer tous les restes à l’aide d’une très fine pipette au fond d’un sexe à vif, puis de vider cette même pipette dans une petite assiette. Et c’est triste de voir ces petites particules blanches semblables à des larves qui auraient pu être un enfant. J’entends fausse couche. Avortement. Je rencontre des femmes aux yeux noirs qui disent des mots comme stérilité, grossesse extra-utérine. Et elles disent sans rien dire des mots sans mots, alors je m’en vais bien loin d’elles en laissant quelques morceaux de cadavre dans ma chair, parce que cela m’ennuie, parce que je suis un cimetière clandestin.

La nuit, j’ai un enfant. C’est doux. Je m’applique à ce que le rêve dure longtemps. Parce que dans la vraie vie, je n’ai pas le temps, ni l’envie de m’occuper d’eux à temps plein.

Illustration : Jérôme Bosch, Le jardin des délices (détail), triptyque, 1503-1504




Infirmiers du cœur, de Pascal Nyiri

Photographie d'Hicham Gardaf

Je suis l’infirmier du cœur de Léa. J’interviens trois fois par trimestre, je dors sur place. J’ai un pieu dans la chambre à trois lits de l’angle nord. Je ne fais jamais l’amour dans ma propre chambre, car nous y sommes trois hommes et en l’occurrence : aliénés.
Léa a un goût pour les baisers d’amour. J’ai établi avec elle un programme très adapté à ses besoins. J’ai un sentiment fort pour elle. Je tire du plaisir de ce que je fais avec Léa. Mes tarifs sont inabordables, car je n’existe pas. Je suis du réseau Cohors. Léa m’espère vers une heure du matin. En attendant je me suis endormi sous l’effet de beaucoup d’aldol. C’est l’infirmière qui vers minuit m’a réveillé par de petits chuchotements qu’elle versait aux oreilles de mon malheureux voisin de chambrée, un instant réanimé. De cette nouvelle nuit me restent quelques visions fantasmagoriques. Certaines roses. D’autres tubulaires. Ce fut presque trop. J’ai eu du mal à me lever pour le petit déjeuner et il a fallu appeler Léa pendant plus d’un quart d’heure. Léa, vous devez prendre vos cachets. Assise en face de moi, elle me dit au revoir. Tu as été doux.

Photographie : Hicham Gardaf, Tanger, 2012 - www.gardaf.com




La haie d'aubépine / The Hawthorn Hedge, d'Anne Bourrel

Traduit en anglais (américain) par Nikolaj Nielsen, journaliste à EU Observer, Bruxelles.

encre de Marie-Lydie JoffreHe had dragged his victim several dozen metres across a wet hollow dig tangled in cut grass. Hidden behind the hawthorn hedge, we watched him from afar. He let go of his grip on the stone landing, his victim’s face to the ground, and then disappeared down the black narrow hallway.
We knew the house by heart, we knew where he was going and we slipped away behind from our hiding place.  We pushed back the prickly hawthorn branches and then moved on all fours like cats across the farmyard. At the same moment he had reappeared, we blended into the barnyard pillars; less than ten steps away. He had on his electric blue high heels, a blond wig and a white Marilyn dress pleated around his waist, snug and tight around his exposed chest.
He had on copious amounts of make-up on his eyes and lips. We heard him croon/sing softly the beginnings of the Marseillaise, and then Happy birthday dear president, and then God save the queen and I can’t get no satisfaction.
The victim was lying down. But she couldn’t help but look, lifting her head a bit, and what she saw and heard made her burst out in laughter. She stood up, brushed off the dust from her clothes, and roar with an infectious laugh. I say “she” for the victim because she had a bright pink dress on, but in fact, she was a tall and skinny man looking like Mick Jagger without Mick’s mouth.
They kissed, one glued to the other. The former victim said folláme in reference to Pedro Almodovar’s La ley del deseo which they had watched together on the tele the evening before. We too had been there, behind their backs.
We’ve been there for days, watching them play so many strange games together. We watched them kiss, flirt, and unite. We knew that once they were in their bedroom, we would have at least an hour of calm. So, we snuck into the kitchen and devoured their leftovers. Afterwards, we returned to the forest, where we too fucked.

Texte original

Illustration : Encre de Marie-Lydie Joffre, série du 6 janvier 2004
(encre de Chine et pigments sur papier, 14 x 19 cm)

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Chez mon libraire, ce n'est pas plus cher !

Languedoc-Roussillon livre et lecture nous propose deux nouveaux textes d'auteurs issus du projet d'exposition textes et images lancé à l'occasion des trente ans de la loi Lang. Ils sont illustrés par la photographe Sylvie Goussopoulos. Toujours à suivre l'exposition à travers le territoire régional.

Librairie Le Cheval dans l'arbre, Céret – Jean-Luc Pelissou © Sylvie Goussopoulos

Librairie Le Cheval dans l'arbre, Céret – Jean-Luc Pelissou © Sylvie Goussopoulos

Le renard

J’ai quinze ans, je m’assieds dans le tramway, en face d’un barbu blond penché sur son bouquin. Je pense : On dirait un renard qui chasse. Un renard affamé.
Le gars gobe tout : des mots des mulots des phrases entières des poules et aussi de grosses bouffées d’idées, avec un hoquet satisfait. De temps en temps il regarde par la fenêtre comme pour aider tout ça à descendre, trou normand, avec un peu d’air frais et quelques pans de nuage blanc. Après le pont, le museau du lecteur se fait plus pointu. Ses pupilles deviennent verticales. Ses lèvres se crispent. Il dévore sa proie sous mes yeux. Un renard possède quarante-deux dents. Ce lecteur paraît avoir quarante-deux yeux qui remuent en s’envoyant des goulées de plaisir et de sang.
À la station suivante, le type est descendu. Je l’ai suivi.

Régine Detambel

Librairie La plume bleue, Frontignan – Guillaume Menant  © Sylvie Goussopoulos

Librairie La plume bleue, Frontignan – Guillaume Menant
© Sylvie Goussopoulos

Je finis ma page

« Je finis ma page » est, je crois, la phrase qu’enfant j’ai répétée le plus souvent. À table ! Je finis ma page. Éteint la lumière ! Je finis ma page. Tes devoirs sont faits ? Je finis ma page. On part dans deux minutes ! Je finis ma page. Je ne finissais ni ma phrase, ni ma page, ni mon chapitre, je finissais le livre. Je lisais comme d’autres traquent la poussière, aspirant chaque mot, luttant pour que rien ni personne ne m’interrompe, pas même la disproportion entre la taille de ma vessie et celle de certains romans. Plus tard ce sont les librairies que j’ai aspirées, lisant un titre après l’autre du premier au dernier sans parfois le premier centime pour en emporter un. Qu’importe. Même dans un pays dont je ne parle pas la langue, j’entre dans les librairies et j’aspire les rayons. Avec la même avidité.

Louise Desbrusses

 

Prochains rendez-vous :

  • Du 4 au 26 septembre à Alès : médiathèque Alphonse Daudet, librairie Sauramps en Cévennes, librairie Jean Calvin et Centre Méditerranéen de Littérature Orale
  • En octobre à Clermont l'Hérault : médiathèque Max Rouquette, Théâtre de Clermont l’Hérault et la librairie du Boulevard.
    Inauguration le 2/10 au théâtre et rencontre avec Anthony Pastor le 25/10 à la médiathèque

La tournée de l'exposition (lr2l.fr)

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Chroniques livres

Avant de Jean-Bertrand Pontalis, par Andrée Lafon

La femme à la fenêtre de Caspar David FriedrichÀ époques régulières, Jean-Bertrand Pontalis publie chez Gallimard ses réflexions d’écrivain et de psychanalyste sur le monde tel qu’il le vit. « Avant », son dernier livre, interroge le temps et la mémoire, le déjà vu, le hors temps, l’enfance disparue, le progrès d’aujourd’hui, l’après renouvelé. Sans nostalgie, avec quelques regrets, il cite des exemples du « c’était mieux avant » : « Quand, à Venise, nous ne croisions guère que des Vénitiens… quand je pouvais fumer partout si l’envie m’en prenait… quand on ne goûtait que des fruits de saison… quand le mot « Révolution » était porteur d’espoir ».

La mémoire est trouée, discontinue, sélective. « Je me souviens… » écrit Georges Pérec, et il note l’insignifiant pour pouvoir oublier l’essentiel. Quelle chance de ne pas ressembler à ces hypermnésiques qui amassent tout, « comme un tas d’ordure » !
Freud, dans le travail psychanalytique, remet en mouvement la mémoire qui dort ; l’analyste-enquêteur-détective, en sollicitant la libre association des idées, permet la résurgence de souvenirs enfouis, la réapparition de traces infimes, inscrites dans un lieu inaccessible à la conscience. Le retour du refoulé crée un état d’inquiétante étrangeté, où « le temps sort de ses gonds comme des morts de leur tombeau ».

couv GallimardLes peintres nous parlent du temps. Dans les tableaux de Friedrich, les personnages nous tournent le dos en regardant un paysage vide : est-ce le monde d’avant ou celui d’après ? Sans doute un arrière-pays intérieur, hors du temps.

Il nous faut remonter plus loin. Le présent nous déçoit, l’avenir nous inquiète, deux raisons de sauver le passé, d’essayer de nous approprier le temps où nous n’étions pas nés. D’être en quête incessante des origines, de ce qu’il y avait avant l’avant, jusqu’au vertige.
Si nous ne nous obstinons pas à vouloir découper le Temps, nous ne deviendrons pas immortels mais nous aurons la capacité d’être atemporels, pour que demeurent présents en nous tous les âges de la vie.

Avant, roman, éditions Gallimard, 2012
Jean-Bertrand Pontalis dans l'émission « Les Matins » (France Culture)

Illustration : Caspar David Friedrich, La femme à la fenêtre, 1822

 


 

Gît le cœur de Marie Huot, par Jean Azarel

Couverture "Gît le cœur"Chez Le bruit des autres », Marie Huot continue à égrener la musique charnelle de ses mots avec la grâce d’une femme au cœur brûlé mais vaillant.
Dans la continuité d’une luminosité intime qui parle à notre propre part de clarté, (d’Absenta, prix Jean Follain 2002, aux Chants de l’Eolienne, prix Max Jacob 2007) Marie donne à entendre avec Gît le cœur la voix universelle de la féminité dans  une poésie singulière où l’amour règne et s’absente avec élégance, et la mort rôde avec discrétion pour faire moins mal après coup(s).

Gît lourd mon cœur mes bras / Qui parle à voix dans ma bouche blanche ?/ Il n’y a pas de nuit / Ma belle étoile / Je fais des vœux le ciel m’écrase / Dans la fontaine miracle /Mes mains à plat / Mes pieds nus / Je récite la liste longue / Tous les endroits à toucher de toi

Gît le cœur le cœur, gît le cœur le corps, en autant de comptines où l’enfance grandit sans perdre le sens premier de l’innocence, fusse-t-il bafoué par la loi des hommes qui s’écrit dans les têtes avant de finir dans les livres. Chant des chemins de ronces et de fleurs, chant de rue éponyme, Gît le cœur  est une ode superbe pour cultiver le bonheur de marcher sur les bordures quand le milieu du chemin brûle le pas. Certes, tout au bout, se presse le vide et l’envie de sauter.
En lisant Marie Huot, on saute et on est encore vivant. C’est douleur légère et tendrement merveilleux. Une rareté.

Poésie, éditions Le bruit des autres, 2012

 

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Les oubliés

La série des « Maigret » de Georges Simenon,
par Raymond Alcovère

Illustration tirée du film "Le Festin de Babette"

Il est massif, placide, entêté, rugueux parfois mais détaché, on dirait qu’il survole les situations ; il n’est pas vraiment là, on croirait qu’il rêve ; pourtant son quotidien c’est le tragique, la bassesse de l’existence, mais lui c’est un bloc, une montagne, il trimballe dans tout Paris son allure de promeneur, la pipe à la bouche. Son truc numéro un c’est l’imprégnation, les rues, les bistrots, les loges de concierge. Un commissaire qui fait le boulot d’un inspecteur, aujourd’hui ce ne serait plus possible, il s’agit bien d’un monde révolu.
Mais quel charme, ce Paris de l’entre-deux guerres ou de l’immédiat après-guerre, qu’il nous fait traverser mieux que quiconque. Simenon a campé là un des personnages les plus attachants de notre littérature, avec sa femme dans son ombre, l'absence d’enfants, et son amour pour les déshérités ; il est capable de tricher devant la loi pour protéger les faibles et les innocents quand ils sont menacés.
Et puis il y a ce talent inouï de Simenon dans tous ses romans ; en quelques lignes, les premières, il plante le décor, l’ambiance, et il n’y aura pas un seul instant de relâchement jusqu’au bout : « C’était un de ces mois de mai exceptionnels comme on n’en connaît que deux ou trois dans sa vie et qui ont la luminosité, le goût, l’odeur des souvenirs d’enfance. » (incipit de Maigret et les vieillards).



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Atelier d'écriture

Écrire en milieu carcéral, de Valéry Meynadier

Photographies : La Géométrie Rochelaisienne, Gildas Pasquet, 2007

Libre de prendre le livre, de l’ouvrir, le poser, en faire des petits bateaux qui vont sur l’eau. Forme de brique aussi le livre pour défoncer le mur ou construire sa pensée. Karim le dit bien dans le titre de son poème Papiers de liberté

Karim sait de quoi il parle. Détenu à la maison d'arrêt de Villeneuve-lès-Maguelone, il piste la liberté dans ses moindres signes, il écrit. L’atelier conduit par Joëlle Wintrebert en 2012 lui a proposé une consigne autour de la librairie, paradoxe bien connu, la contrainte rend libre. Et Karim poursuit sa route, il traduit son être, réinvente le réel, entre dans une librairie. Marianne, Aïcha, Hasna, Roselyne — détenues à la maison d’arrêt de Perpignan — poussent la même porte fictionnelle avec l'auteur Gil Graff et se trouvent entourées de livres. Les textes ne s’arrêtent pas là, ils cheminent dans les voix de Mama Prassinos et Thomas Desfossé, comédiens au Théâtre des 13 Vents – on a pu les entendre à la Comédie du Livre de Montpellier fin mai 2012.
Écrire ou lire, c’est prendre le large comme dans le texte de Frantz qui nous raconte ce lieu qui donne sur la mer. Texte coquillage. Si on ferme les yeux, si on pose la feuille baignée de mots à nos oreilles, on entend le roulis des vagues. « Assis au creux d’un cocotier, je vois une pirogue, lentement, s’approcher de moi. Descend Alex, un grand pêcheur de requins, qui m’invite à l’accompagner dans son périple. »

L’art, quel que soit son genre — peinture, littérature, musique —,  est le crime le plus illustre des crimes car il tue le crime lui-même. Le personnage réel qui entre dans la fiction a une seconde chance d'exister. Le vrai d’une certaine façon s’en va alimenter l’oubli du monde quand le faux — le Raskolnikov de Dostoïevski, le Wozzeck d'Alban Berg, le Tolède du Gréco — s’empare de la mémoire collective et la rassérène.
L’artiste est un recycleur du Tout, il ressuscite les petites morts comme les grandes, la joie comme la douleur.

Pour retrouver les textes d'atelier sur le site de LR2l


Photographies : La Géométrie Rochelaisienne, Gildas Pasquet, 2007

Questions à Joëlle Wintrebert

Un atelier d'écriture, est-ce une leçon d’oubli ?
C’est surtout un travail de mémoire, car écrire c’est mettre en forme des souvenirs. Mais la mise en forme oblige à choisir et donc, ce qui est laissé de côté verse dans l’oubli.

Ouvre-il une brèche permettant aux écrivants de se projeter hors d’eux-mêmes ?
On peut espérer au contraire que l’expérience de l’écriture révèle des aspects de soi-même que, peut-être, on ignorait. Écrire, c’est une manière de mieux se connaître. Ce que l’on écrit devient une composante de son identité, pour soi-même et pour les autres.

On dit "entrer dans un livre". Et si on disait "sortir par le livre" ?
Ces deux expressions connotent la même chose. Entrer dans un livre c’est sortir de son quotidien, s’évader dans une forme de réalité virtuelle. Avant Internet, il y avait le livre…

Le mot clef de vos ateliers : confiance, bien-être, rêve ?
Rêve, bien sûr. Mais il y a aussi d’autres mots clef comme « travail » et « persévérance ». Pour que le rêve devienne une réalité partagée par l’écriture, il faut une mise en forme laborieuse. L’angoisse de tout auteur, c’est de réussir le mieux possible à transcrire ses idées et à les rendre limpides pour son lecteur.

En tant qu’animatrice d’ateliers d’écriture, j’ai préfacé un recueil en 2005 pour la maison d’arrêt de Mende où je tente de définir les contours de notre métier : « Être animateur en milieu carcéral, c’est tout un défi de présence, c’est faire fi du pourquoi et se borner à l’Autre au moment présent, pas d’avant ni d’après, c’est être là, blanchi presque de nous-mêmes... » Que pensez-vous de ce point de vue ?
Oui, ce point de vue traduit bien ce qui se passe dans les ateliers d’écriture en milieu carcéral. C’est une rencontre hors des contraintes quotidiennes. Il y a toujours un échange et un partage d’expérience entre des personnes qui ne se dissimulent pas derrière des rôles sociaux ou des postures factices.

Photographies : La Géométrie Rochelaisienne, Gildas Pasquet, 2007



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Entretien

En voix, entretien avec Franck Loyat, directeur du festival Les Voix de la Méditerranée (Lodève, 34), par Françoise Renaud

Franck Loyat

15e édition cette année, ça fait un bout de chemin, non ?
Oui, une belle histoire et une belle idée qui a su faire corps avec cette petite cité méditerranéenne, très diverse dans sa population. Un âge adolescent aussi, avec les turbulences que cela implique. Avec un projet culturel réaffirmé, nous ouvrons une nouvelle page pour un festival résolument axé sur une poésie vivante.

50 poètes, 24 pays, 200 événements en 1 semaine… racontez nous.
Le festival crée un espace-temps particulier dans la ville — son échelle le permet. La poésie s'y déploie, imprime sa marque, existe sous des formes et à des intensités différentes du matin au soir : lectures, rencontres, débats, spectacles et concerts.
L'arrivée des poètes est en soi un événement, ils débarquent des quatre coins du bassin méditerranéen et deviennent l'occasion de toutes les rencontres. Outre les moments de lectures, ils arpentent les rues, s'attardent dans les cafés, font la sieste dans les jardins. Toujours disponibles.

Quels axes dans votre stratégie de programmation : diversité, foisonnement, créativité, rencontre avec le public ?
La programmation se veut ouverte, exigeante et vivante. On fait de la poésie le dénominateur commun d'une programmation pluridisciplinaire et on préfère donner à découvrir des artistes talentueux plutôt que d'aligner des noms connus. Jacques Roubaud notre grand invité 2012, mais aussi Isabelle Garron, Julien Marcland, Rachid Boudjedra, Fatena Al Ghorra, Ioan Es. Pop, Golan Haji, Gonca Özmen, Jenan Selçuk, Karl Schembri. Enfin, on invente des formes qui permettent la rencontre en investissant l'espace public.

Lecture de Fatena Al Ghorra dans la « Cour 13 »« Vivre ensemble ». L’aspect convivial demeure un point essentiel du festival ?
Le festival est une occasion unique de rencontres et de découvertes interculturelles pour les habitants qui participent concrètement à l'accueil des poètes et artistes, les nourrissent, les hébergent. Un autre de nos objectifs est de créer en amont du festival, des projets auxquels la population est associée : un projet a été mené par le poète Yves Gaudin en 2012 au sein du centre de loisirs.

Le nombre des partenaires est impressionnant. Quel héritage des éditions précédentes ?
Le travail accompli par ceux qui m'ont précédé est énorme. L'idée d'un festival de poésie dans l'arrière-pays héraultais était une gageure. Notre territoire est petit et dispose de moyens limités, le soutien des partenaires est donc essentiel pour qu'une manifestation de cette envergure soit pérenne. Nos réseaux de partenaires sont complémentaires, de l'international au local. Chacun apporte un soutien concret, aussi une vision, un réseau. En retour, le festival est un temps fort pour tous.

Plus personnellement, votre rapport à la poésie ?
Je ne suis pas un spécialiste de la poésie mais je crois à la puissance des mots, à leur capacité à déclencher la colère ou le soulagement, à la possibilité qu'ils offrent de dire et de réinventer sans cesse notre monde.

Parlez-nous de la « voix ».
La voix est ce qui relie les hommes, un lien invisible, une musique universelle.

Quels moments forts avez-vous retenus pour 2012, quelles émotions ?
2012 restera pour moi une édition particulière, la première que j'ai pensée et organisée de bout en bout avec mon équipe. Je garde surtout en mémoire le plaisir manifesté par les poètes, les artistes, le public, à être simplement là et à vivre chaque instant avec intensité. Cette édition restera particulière avec la mort du poète kosovar Ali Podrimja durant le festival. Sa disparition et l'hommage que nous lui avons rendu resteront gravés dans nos mémoires et dans l'histoire des Voix de la Méditerranée.

Franck Loyat

Site du festival : www.voixdelamediterranee.com

Illustrations : Portrait de Franck Loyat © Olivier Perriraz / Lecture de Fatena Al Ghorra dans la « Cour 13 »

 

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Événement

Françoise Gilot, artiste et muse, par Janine Teisson

À Nîmes, deux expositions (jusqu’au 7 octobre) : « Sous le soleil de Françoise. Picasso, Nîmes et les toros » au Musée des cultures taurines et « Pablo Picasso et Françoise Gilot peintre et muse » au musée du Vieux Nîmes.
Aleth Jourdan, conservateur de ces deux musées, a confié le rôle de commissaire à Annie Maillis, spécialiste des recherches sur la transcription littéraire et l'exploitation plastique de la tauromachie. Auteur de plusieurs livres dont
Michel Leiris écrivain matador, elle a écrit, pour accompagner cette exposition exceptionnelle : Picasso sous le soleil de Françoise. L’artiste, la femme, le toro. Plus qu’un catalogue, cet ouvrage — chez Images en Manœuvres Éditions — est le récit, sous le signe du taureau, des fécondes années Picasso/Françoise (1943-1954) illustré de photos inédites et de reproductions d’œuvres connues ou ignorées.

Picasso devant un portrait de Françoise Gilot, photographie de Michel Sima

Si la première exposition est d’une grande beauté, j'ai été tout à fait bouleversée par la seconde qui se tient au musée du vieux Nîmes.
L'œuvre de Françoise Gilot, Françoise Gilot  elle-même, les portraits que Picasso a faits d'elle, les portraits qu’elle a faits de lui, les photos, tout y est présenté avec une intelligence, une simplicité lumineuses. La longue vidéo tournée dans son atelier à New-York est remarquable. Une femme de plus de quatre vingt ans parle de la création, du silence indispensable qui la précède et dans lequel elle s'écoute. Elle ne veut pas parler d'inspiration mais d'expiration car, dit-elle peindre c'est donner, envoyer vers l'extérieur ce que l'on a à l'intérieur.
Elle peint depuis l’enfance. Elle est habitée par son art. On sent la force tranquille et malicieuse de cette femme.
J’ai visité cette exposition comme j’aurais lu une biographie, le récit apaisé, affectueux parfois, toujours impertinent de la corrida que Françoise a mené avec Picasso et comment elle en est sortie victorieuse. Pour une fois, c’est la femme, la cavalière,  qui sort indemne de l’arène et l’homme minotaure qui est blessé. Elle l'a quitté à cheval, ouvrant le paseo dans les arènes de Vallauris sous son regard noir et admiratif. Peintre mondialement reconnue, elle fut rejetée par les adorateurs inconditionnels du maître, car non seulement elle avait osé le quitter mais elle avait eu une vie après Lui.
C’est cette histoire d’amour, ce combat entre deux forces créatrices, qui nous sont donnés là, par des œuvres jamais vues en France, prêtées par Paloma, Claude Picasso, Aurélia Engel  et leur mère : Françoise Gilot.

Ma mère sur fond jaune, de Françoise GilotTotem of The Stag, de Françoise Gilot

Illustrations :
Picasso devant un portrait de Françoise Gilot
de Michel Sima, collection particulière © Michel Sima/Rue des Archives
Françoise Gilot, Ma mère sur fond jaune, 1944, collection particulière et
Françoise Gilot, Totem of the stag, 2008 © Archives Françoise Gilot



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Arts plastiques

Fantasque Cazilhac, peintures

tableau de Gisèle Cazilhac

L'artiste peintre Gisèle Cazilhac est une figure bien connue des Montpelliérains. L'une de ses toiles est actuellement accrochée à La Laiterie dans le cadre d'une exposition collective sur le spectacle. Elle a exposé à la galerie d'art municipale Saint-Ravy, a créé l'affiche du 28e Festival du Film Méditerranéen en 2006, a présenté cinq tableaux monumentaux sur la place de la Comédie lors de Quartiers libres en 2005, et son travail a été à l'honneur à la Lindenbergh Gallery de New York en 2000.

tableau de Gisèle Cazilhac

tableau de Gisèle CazilhacTrès caractéristique, une partie de son travail met en scène des personnages féminins en mouvement : nageuses vues du ciel aux maillots de bain colorés, sauteuses en parajupes vues d'en dessous, cheveux au vent, ou encore sauteuses périlleuses. D'autres tableaux montrent des scènes de pique-nique, des terrasses de bars aux parasols multicolores, des pauses-repos au soleil, toujours vues d'en haut. Bains de mer ou de soleil et saynètes de plage reflètent un Sud insouciant et joyeux. Cette gaieté émane autant des postures des personnages, de leurs sourires que des couleurs acryliques fluos et phosphorescentes. Inspirée par la vision et le parfum du linge propre qui flotte au vent dans les jardins, tableau de Gisèle Cazilhacelle peint aussi du petit linge oublié sur des fils à linge – là, le collage renforce efficacement la peinture. Les marelles sont devenues sa madeleine de Proust. Sur de petites toiles verticales, des enfants s'adonnent à ce jeu avec bonheur.
L'amour est également présent via des scènes de baisers et des unions surréalistes où elle revisite en peinture les photos de mariages d'antan. Ses animariages décalés d'animaux et ses aquamariums en costumes répondent à « Noces de cuivre(s) » dont les personnages sont des instruments de musique.
Les tableaux de Gisèle Cazilhac ont la saveur du jeu, de l'enfance et de l'insouciance. Ils incitent à porter un regard différent sur le monde. Un regard rieur, bienveillant et plein de légèreté.

Virginie Moreau

tableau de Gisèle Cazilhac

tableau de Gisèle Cazilhac

 




Cochon, de Jean-Louis Bec

« Préhistorique, caparaçonné façon dinosaure, petit ours de tendresse pelucheuse, jeune bovin à l'herbe tendre, renard filou passeur de regards, le cochon joue les divinités, métamorphoses latentes, et projections diverses.
Mouvant et symbiotique, il est centre inventeur de bestiaire, clins d'œil glissés vers ceux qui savourent sa farce. »

photographie de Jean-Louis Bec

photographie de Christine Oberlinkels

photographie de Christine Oberlinkels

photographie de Christine Oberlinkels

photographie de Christine Oberlinkels

www.jeanlouisbec.com

 

 




La beauté âpre des sommets, de Felip Costes

L’immuable et l’éphémère #6

« Il s’agit ici, avant tout, d’exprimer le côté chaotique, vivant et en perpétuel mouvement des univers minéraux.
Les amas rocheux ont une présence archaïque, une dimension éternelle et immuable. Les masses légères et changeantes, elles, sont l’éphémère, le surgissement, la discontinuité, l’inattendu – voire l’inespéré.
Immuable et éphémère sont intimement liés.
Et nous y sommes liés nous aussi qui sommes perpétuellement en quête de sens et de connaissances capables de nous rassurer, connaissances qui ne sont rien sans une part d’inattendu, d’ailleurs, d’inconnu – voire d’étrange –, de fluctuant, cette part nécessaire pour avancer.
Tout cela pour tenter de relever le défi de la beauté de la nature, saisir ces moments suspendus et fragiles qu’elle nous distribue avec parcimonie et devant lesquels on ne peut se tenir sans un certain tremblement. »

L’immuable et l’éphémère #6L’immuable et l’éphémère #6L’immuable et l’éphémère #6

L’immuable et l’éphémère #6

Felip Costes vit et travaille dans le Haut-Languedoc.
C'est au début des années 2000 qu'il commence à exposer ses compositions à l’encre sur papier. Puis il diversifie ses approches, aborde le thème du paysage, essayant de transcrire les sensations de puissance, d’austérité, de beauté âpre qu’il éprouve en arpentant les sommets. Ce travail débouche aujourd’hui sur une approche plus abstraite avec un travail de la forme et de l’équilibre plein /vide fait de rigueur et d’exigence.
Toujours curieux d'explorer de nouvelles formes d'expression, il ose des expériences avec des jazzmen ou autres musiciens improvisateurs,  peignant en public de grandes toiles où la peinture devient partie intégrante de l’acte musical.
- www.felipcostes.com

L’immuable et l’éphémère #6L’immuable et l’éphémère #6

L’immuable et l’éphémère #6

Technique mixte sur panneau de bois
De haut en bas et de gauche à droite :
L’immuable et l’éphémère #6, 188 x 122 cm
L’immuable et l’éphémère #V12-1, 40 x 80 cm
L’immuable et l’éphémère #Q12-3, 50 x 50 cm
L’immuable et l’éphémère #C12-2, 40 x 40 cm
L’immuable et l’éphémère #2, 180 x 122 cm
L’immuable et l’éphémère #5, 122 x 122 cm
L’immuable et l’éphémère #15, 122 x 122 cm
L’immuable et l’éphémère #7, 180 x 122 cm

 



 

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Parutions - juillet à septembre 2012

juillet

Jeanjean

Anne-Marie JEANJEAN
Si… (une phrase pour une vie), poésie / écriture visuelle, éditions Les Cent regards
Contre les mots qui enferment, voici quelques lettres qui "débordent" pour ce petit ouvrage qui prend place tout naturellement dans la nouvelle collection "Autre Art/Art Autre".

 

Szabo


François SZABO
La Fe : libreto de opera / La Foi : livret d'opéra, obsidiana Press, 2012 (réédition en ebook d'un livre de l'année 2000)
Livret d'opéra en espagnol, avec traduction en vis à vis, de la tendresse et la promesse amoureuse depuis l'enfance  (non créé).

 

Salgas

Simone SALGAS
Manon, comptine, éditions les temps d'art graphique, illustré par Guy Perottet
Entre  biberons, crayons, garçons… De saison en saison, Manon chante comme un pinson, suce des glaçons apprend ses leçons, danse avec les flocons.

 

août

Carchon
Yves CARCHON
Moody blues, roman noir, collection Crimes et Châtiments, éd. Les Presses Littéraires, traduit en anglais par Elizabeth Dreyer
« Étoile déchue du cinéma, Deborah Worse, la soixantaine, est victime d'un rapt. Son agresseur est un inquiétant jeune homme aux desseins obscurs... Qui est-il ? Que lui veut-il ?... » Tatiana Tissot - Magazine IDEM  n° 55 (février 2012)

 

MorinJean-François MORIN
L’Année des bifurcations, roman, éd. L’Harmattan.
L’année la plus compliquée dans la vie de J.-R. Bouchardat fut celle au cours de laquelle il crut avoir retrouvé l’amour. Il était en son âge mûr. Divorcé depuis longtemps, il devait faire face à l'éclatement la famille et aux tentatives de recomposition précipitée. Des pulsions de bonheur jaillissaient au milieu des infortunes d’un pays en pleine campagne électorale. Même Montpellier ne sera pas épargnée par les vicissitudes.

 

TeissonJanine TEISSON
Mia des nuages, roman jeunesse, Oskar éditeurs
Mia est une petite danseuse qui se prive tellement pour plaire à son professeur qui la trouve trop ronde qu’un jour, devenue légère, légère à force de ne pas manger, elle s’envole. Planant au gré des vents, Mia survole bien des pays et connaît bien des aventures. Mais pas facile, quand on est plus légère que l’air, de vraiment redescendre sur la terre ferme. Qui va aider Mia à revenir parmi les siens ?

 

VenulethJacques VENULETH
Le tagueur fou de Barcelone, roman cadet, Actes Sud junior, illustré par Benjamin Bachelier
Lola est en apparence une fillette comme les autres, qui va à l'école et fait ses devoirs. Mais elle a un secret. A distance, depuis son ordinateur, elle aide son grand-père — commissaire à la retraite — qui mène une enquête à Barcelone sur un incroyable fait-divers : un illuminé défigure à la peinture noire les monuments de Gaudi, ou des œuvres de Picasso, Miró... L'équipe de choc va-t-elle réussir à résoudre cette curieuse affaire ?

 

WintrebertJoëlle WINTREBERT
Black-out, traduction de Blitz, tome 1, de Connie Willis, science-fiction, éd. Bragelonne
Premier volet d'un étourdissant diptyque écrit par l'un des auteurs majeurs du genre aux États-Unis, et couronné par les plus grands prix (Hugo, Nebula et Locus), ce roman nous parle de voyage dans le temps, de paradoxes temporels, et nous plonge au cœur de la Seconde Guerre mondiale dans laquelle l'auteur évolue avec une érudition fascinante. Et si l'on pouvait changer le passé ?

 

septembre

Ancion

Nicolas ANCION
Le garçon qui avait mangé un bus, roman jeunesse, édition Mijade
Depuis l’accident de bus, Joseph a mal à la tête, et son comportement est étrange : d’où sort cette boue au bas de son pyjama ? Et que fait-il sur le boulevard, les bras chargés de courses, alors qu’il devrait être à l’école ?

 

BayarMichèle BAYAR
Pulsion inhumaine, Roman adolescents, édition du Chemin
Deux adolescents, qui ne se connaissent pas, doivent passer une semaine dans un centre de vacances dédié à l’observation de la faune et de la flore sur Belle-Ile-en-mer. Alors qu’ils se trouvent sur le bateau qui les conduit sur l’île, Nick repère la fragile Nina, très vite comprend qu’elle est le souffre-douleur d’Issène, un garçon de sa classe. Alors qu’il s’apprête à jouer au chevalier servant, un évènement bouleverse tous ses plans : les pêcheurs trouvent dans leurs filets une grenouille-taureau.  

 

FromentalLine FROMENTAL
Petit dictionnaire insolite de l'occitan et des Occitans, co-auteur Jacques BRUYERE, guide-dictionnaire (hommes et mots qui font l'Occitanie), éditions Larousse
A l'an que ven, e si sèm pas mai, que siam pas mens.
À l'an prochain, et si nous ne sommes pas plus, que nous ne soyons pas moins.
Manière de dire que, durant la période qui commence, on peut souhaiter une naissance mais surtout, espérer qu'il n'y aura aucun décès. Cette expression est très vivante, sous sa forme occitane, dans le langage courant.

 

Quinonero
Frédéric QUINONERO
Sheila, star française, biographie, éditions Didier Carpentier, Paris
L'histoire d'une « petite fille de Français moyen » qui, à la faveur d'un heureux coup du sort, a traversé plusieurs générations avec un formidable succès. Témoignages inédits et documents rares.

 

RohouJean ROHOU
Catholiques et Bretons toujours ?, essai, éditions Dialogues, Brest
Un livre précisément documenté et agréable à lire. Tantôt ironique (à propos par exemple de la croisade de l'évêque de Quimper contre le bal, qui lui valut d'être la vedette du Canard enchaîné), souvent critique (contre un pouvoir ecclésiastique oppressant, mais aussi contre un gouvernement anticlérical qui interdisait de prêcher en breton à des gens qui ne comprenaient pas le français), parfois admiratifs (pour l'engagement social et républicain de plusieurs prêtres, notamment du fondateur de L'Ouest-Éclair, devenu Ouest-France).

 

Witek


Jo WITEK 
Mauvaise Connexion, roman pour adolescents, éd. Talents Hauts 
Mauvaise connexion, c'est l'histoire de Julie, 14 ans, qui se fait appeler Marilou sur le Net et qui se retrouve prise au piège du harcèlement. 

 

YzacAdeline YZAC
Un repas de famille, roman, éd. Souny
Écriture noire, rapide et peu descriptive qui déroule un récit crispé dans lequel le lecteur découvre jusqu’où le tourisme — et par balle de rebond, le monde contemporain consommateur de nature et de loisir — peut venir écorcher le monde rural lorsqu’il déboule aux abords des propriétés déroutées par la vitesse et le changement qui leur sont assénés et les prises de risques qui s’enchaînent.

 

 

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