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Conception graphique et webmaster : Pascal Steichen - Rivages Graphiques

Ours

Comité de rédaction : Raymond Alcovère, Anne Bourrel et Françoise Renaud
Comité de lecture :
Antoine Blanchemain, Janine Gdalia
Rédactrice en chef  :
Françoise Renaud

Inédits

Corrida, de Pierre Autin-Grenier

photographie de Didier Leclerc

photographie de Didier Leclerc

photographie de Didier Leclerc

« Vivre sans toréer, ce n’est pas vivre »; ça faisait un bout de temps que je l’entendais ressasser toujours la même ritournelle. Tu te montes le bourrichon tout seul avec tes histoires de tauromachie, je m’escrimais à lui répéter, et c’est mauvais pour ta santé; depuis des années que tu as décroché tu devrais quand même penser un peu à autre chose, à ton âge ! Il n’en voulait démordre, « Vivre sans toréer… » Aussi je ne fus qu’à demi surpris quand, ayant gratifié le garçon d’un somptueux pourboire et comme nous nous apprêtions à lever le camp, de but en blanc il me lâche : « Trouve-toi à cinq heures pile à la maison, tu verras, ce soir je reprends l’habit ».
À l’heure dite je me pointe devant son immeuble où une poignée d’anti-corrida tenue à distance par la police municipale brandit deux, trois pancartes en hurlant « Assassins ! », cependant que débarquent quelques têtes connues tout aussi intriguées que moi. Écourtées les retrouvailles, nous grimpons quatre à quatre son escalier en colimaçon pour nous retrouver, soufflant comme des phoques, dans un appartement vidé de tous ses meubles à l’exception de chaises pliantes sur lesquelles il nous invite à prendre place sans manières. Il a revêtu son habit de lumière; montera à la main il paraît plus voûté que jamais avec ces dix kilos de broderies dorées sur le dos mais il garde fière allure, il faut le reconnaître. 
photographie de Didier LeclercNous sommes tous frappés de stupeur, certains franchement affolés, lorsque la porte de la petite cuisine soudain s’ouvre libérant dans le salon une bête d’une demi-tonne déjà rendue furieuse par trois paires de banderilles lui lacérant le garrot. La femme de notre ami, au comble de l’exaltation elle aussi, met alors à fond la caisse Paquito Chocolatero sur un pick-up d’enfer. Frisson d’angoisse…
Un quart d’heure durant, devant un toro manquant souvent de brio, agressif, donnant des coups de tête et revenant dangereusement dans ses pieds, notre ami mène sa danse immobile avec la plus grande pureté possible, camouflant son vieil âge sous l’extrême discrétion de sa gestuelle. Derechazo, bandera et même l’orticina inventée par le célèbre Pepe Ortiz, il joue de la muleta comme d’une aile de papillon, ses passes sont éblouissantes à nous couper le souffle. Il appelle le toro, la bête charge, un soupçon d’instant comme figé dans le berceau de ses cornes il porte alors une époustouflante estocade a recibir qui vient clôturer dans le délire cette corrida extravagante et pour sûr historique. Étourdissante extase !
Rendez-vous pris pour samedi en quinze; tous nous nous retrouverons, c’est promis, autour d’une bonne gardianne et de quelques bouteilles de Marselan.

Extrait de C’est tous les jours comme ça (Les dernières notes d’Anthelme Bonnard), inédit
     Photographies : Didier Leclerc, Danse avec le sable © D. Leclerc/Atelier N89 - site web



 

Les Pistes du rêve, de Cathy Garcia

Japonaise, photographie de Cathy GarciaDéfaire le crépuscule
Glisser dans les reflets renards de ses draps

Fixer l’horizon par des pointes d’améthyste
Le laisser sécher à la lune

Tracer un paysage au fusain de la langue
Compter les brûlis sur la peau
Les innombrables feuillets de nos masques pâles

Regarder fondre la vitre du réel
Ses reflets d’huile sur l’étendue de neige

Le roulis des roseaux
Grand soleil rouge à l’horizon brûlé

La neige est une plage de coquillages nus
Où les serpents marins
Sifflent des inconnues

Naître reconnaître dans les clameurs des sirènes
Les voix balbutiantes des poètes

Songes de sable
Châteaux d’écume
Nager dans leur trouble

En poissons de sang  

Extrait de Mystica perdita, 2009
Photographie : Japonaise de Cathy Garcia, son blog

Ce texte a inspiré un « solo atmosphérique » à la danseuse Séverine Delbosq, pièce de butô (vidéo ci-dessous, ne pas rater le final !)

[Le Flash Player est nécessaire]

Formée à la danse contemporaine et au butô, Séverine Delbosq se produit en solo depuis 1993. Première création de la compagnie L’essoreuse en 2003 avec la pièce Je brûle. À travers De 0 à l¹infini, cycle de performances en milieu urbain, elle rencontre et rassemble de nombreux performeurs venant du théâtre, du butô, de la danse contact et des domaines de l’image. Elle enseigne la danse à l’Université. 




Miniature n°5, de Marie Bronsard

portrait d’homme (détail), Joos van CleveIl ne vieillira pas. Il approche de la cinquantaine, en accuse à peine vingt de traits, et moins encore de maturité. Son ingénuité est certaine. Elle affleure dans le péremptoire sérieux qu'il accorde à ses jeux. Il déborde d'enthousiasme à dévoiler ses opinions, à livrer son intime conviction. Ses jugements ont la netteté et le tranchant d'un couperet de guillotine en action. La nuance n'est pas son souci premier. Le tact est un procédé que la vie a omis de lui enseigner.
Aux dires mêmes de ses anciens amis — plutôt de vieux comparses, victimes, donc, aguerries — qui affectent de s'en étonner, l'en plaisantent, il n'a pas changé. Qu'il traverse une assemblée et, après sa bourrasque, fusent les anecdotes. Chacun y va de son couplet. Ses impairs sont rappelés, soigneusement recensés. Son aplomb est disséqué, historiquement retracé. Sa naïveté est abondamment commentée. C'est que nul n'a été épargné. Du musicien, malgré l'aveu candide de son incompétence, il aura critiqué la légèreté du phrasé. De la jeune mère, il aura dénigré le bébé, non sans lui avoir vanté les mérites de la stérilité. Au chien même, peut-être, il aura doctement indiqué la meilleure façon d'aboyer.
Il est plus benêt que méchant, plus faraud qu'arrogant. Et c'est avec bonne grâce qu'on lui prête le flanc : on s'amuse à ses dépens.

Illustration : Portrait d’homme (détail), Joos van Cleve, vers 1530-1540




Cendre, de Françoise Renaud

"Visage" d’Annie Got

Nuées ardentes dans le ciel au-dessus du volcan. Une pluie de suie est tombée sur la ville et la cendre a enveloppé les corps, empli les narines les poumons. Stoppés dans leurs journées, les hommes et les enfants. Ensuite la boue a encollé leur peau tel un suaire. Quand les chairs se sont liquéfiées, un vide s’est créé entre le squelette et la gangue de cendres durcies.

"Visage" d’Annie Got

Les savants les retrouvent, statues de sédiments au cœur des sablières. Ils déplient les membres, essuient les masques d’effroi.

Pas de consolation.

"Visage" d’Annie Got

Nuit maintenant
alors que les oiseaux nichent,
pieds dans la vase.

Illustrations : Annie Got, Visages (lavis et collages)

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Billet

Rebondir, de Janine Teisson

Photographie de Claude TeissonJe ne saurais dire depuis combien de temps tout un chacun rebondit pour un oui pour un non, au cours d’une conversation, frôlant le coq à l’âne. Quand quelqu’un dit : « Je vais rebondir sur ce que vient de dire untel », ou il change totalement de sujet pour placer ce qu’il avait sur la langue depuis le début — qu’il juge bien sûr plus intéressant que tout ce qui a été dit auparavant — ou il répète, sous une forme légèrement différente et à voix plus haute ce qui vient d’être énoncé car il n’a aucune idée originale sur la question mais ne voit pas pourquoi il ne l’exprimerait pas avec conviction. Ainsi va l’art de la conversation, de rebondissement en rebondissement.
De nos jours, même si tu ne t’en prives pas, tu ne peux plus te contenter de rebondir en paroles. Ou d’être entraîné malgré toi dans les rebondissements imprévus d’une action (les champions du rebondissement ont longtemps été pour moi Alexandre Dumas et Dieu. Le rebondissement était le sel et le piment dont ils saupoudraient les existences réelles ou imaginaires dont ils étaient, dit-on, responsables. Ils ont eu parfois la main lourde — surtout Dieu. Et depuis, ont été beaucoup copiés). À présent, le sujet faisant fi des services de Dieu rebondit tout seul à l’image du chat noir du dessin animé qui ne cesse de faire son malin après avoir reçu trois cent vingt cinq coups de marteau sur la tête. Car pour rebondir dans cette chienne de vie, il faut être au plus bas. Mais si d’aventure personne ne te voit rebondir dans un délai raisonnable, c’est que tu as perdu ton élasticité. Que faire alors ? Ne pas se lancer volontairement dans les précipices. Au moins vérifier auparavant la date de péremption des élastiques !

Photographie : La reine du bassin sur son coursier de celluloïd, Claude Teisson, 2005


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Chroniques livres

Génie du proxénétisme de Charles Robinson,
par Antoine Barral

marché aux poissonsAux premières pages, le lecteur — déjà conquis — se dit : « Il ne tiendra pas comme ça jusqu’au bout ! ». Et pourtant, il ne débande pas !

Détournant l’ouvrage « Génie du christianisme » de Chateaubriand vers une religion d’aujourd’hui, le capitalisme, avec un cynisme et un humour pince-sans-rire des plus réjouissants, Charles Robinson attaque férocement le prêchi-prêcha libéral.

Le livre est construit comme un plaidoyer objectif en faveur d’un commerce du sexe industriel, moderne, hygiénique, socialement avancé, qui se présenterait comme une rédemption pour une région industrielle sinistrée, quelque part dans l’est de la France.

Toutes les impostures du discours économique, « managerial », entrepreneurial, passent à la casserole, et subissent les derniers outrages : la création d’emplois qui justifie n’importe quoi, l’éthique, l’entreprise citoyenne, les services à la personne, l’épanouissement dans le salariat, le marketing, la culture d’entreprise, sans oublier la déloyale concurrence asiatique…

Un œuvre salutaire, à lire dès demain, et des deux mains !

Éditions du Seuil, 2008



Le Baobab de Stanley de Guillaume Jan,
par Anne Bourrel

piroguier

Les voyageurs voyagent pour mille raisons.

Guillaume Jan est parti cicatriser un chagrin d’amour « avec de la poudre d’escampette ». Il a tracé sa route africaine d’est en ouest, de Zanzibar à Boma, de la Tanzanie jusqu’au Congo, matérialisant la marque même de sa peine : une blessure en plein cœur de la carte. Il a aussi découvert, étonné, que son projet de voyage correspondait à celui que le célèbre explorateur britannique Henry Morton Stanley effectua entre 1874 et 1877.
Avec dans sa « ceinture fendue » assez d’argent pour tenir quelques mois, Guillaume part à l’aventure avec lui-même, il explore autant la savane et la jungle que sa brousse intérieure. Il se déplace à moto, à pied, en pirogue, en taxi-brousse, sur un bateau blanc et bleu baptisé Maman Zalima… Au fil du voyage, il fait connaissance avec des personnes qu’il écoute, dont il note les réflexions et conserve précieusement les adresses dans son carnet. On retiendra Belange, cette jeune fille écrivain qui ne possède que trois livres, ou Liévin qui discute littérature alors qu’un léopard menace à quelques mètres derrière eux. Il s’amuse aussi, il rit, il partage, il se saoule à la Primus, cette bière toujours prétexte à la rencontre. Il embrasse une ou deux jolies femmes, il fait corps avec l’Afrique : La peau  de mes bras est dure comme de la viande boucanée, j’ai de la brousse sur les joues.

Guillaume Jan donne à voir la réalité matérielle et humaine du vaste territoire qu’il a traversé, d’une manière à la fois généreuse et précise. Son œil incisif révèle l’Afrique d’aujourd’hui. Ce récit de voyage se lit comme un roman.

Chez Bourin éditeur, février 2009; blog Le baobab de Stanley





Une vie de Pierre Ménard de Michel Lafon

Jorge Luis BorgesQue le Nîmois Pierre Ménard ait existé ou pas, peu importe. Il a servi de prétexte à Borges pour un exercice brillant et mystificateurPierre Ménard, auteur du Quichotte, nouvelle du recueil Fictions, 1956. Michel Lafon le fait revivre dans un roman fait de fragments, de notes, de souvenirs. Ce n'est pas une biographie mais une façon de replacer le personnageÀ noter la parution d'un récit biographique La vraie vie de Pierre Ménard de René Ventura aux Lucie éditions, février 2009 au centre d'un mystère littéraire fascinant, dans une fiction en abyme.
Ménard produit peu, mais il inspire les plus grands écrivains de son temps (Gide, Valéry), il écrit, à leur insu, leurs meilleures pages. Au cours de leurs promenades dans le Jardin des Plantes de Montpellier, il fait des livres un jardin, du Jardin une bibliothèque labyrinthique, retrouvant les « sentiers qui bifurquent » des fictions de Borges.

Cette « vie » n'est pas un roman désincarné. Il y a, certes, une part érudite à propos de littérature, d'écriture, de plagiat, mais aussi chair et poésie de l'amitié, de la fraternité, magie de certains lieux, nostalgie de l'enfance, présence des invisibles, attention aux plaisirs minuscules, aux heures vibrantes… capables d'envoûter un lecteur sans aucune référence littéraire.

Édité chez Gallimard, novembre 2008
Photographie : Jorge Luis Borges, The Borgesian Cyclopaedia

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Les oubliés

Justine de Laurence Durrell,
par Jean-Claude Fonteyreaud

« Cède au désir et épure-le  »

couverture "Justine", Le Livre de PocheJustine a paru en 1957, premier volet du Quatuor d'Alexandrie. Je partais alors pour le service militaire et l'enthousiasme d'un critique me fit acheter le livre dès mon retour. Je le lus d'une traite. À sa suite Balthazar, Mountolive et Cléa, autres tomes du Quatuor annoncé. J’en demeurai ébahi.
Au commencement, l’Irlandais Darley raconte : « La nuit, lorsque le vent hurle et que l'enfant dort paisiblement… j’allume une lampe et je vais et viens en songeant à mes amis, à Justine et à Nessim, à Melissa et à Balthazar. Pas à pas sur le chemin du souvenir, je reviens vers la ville où nos vies se sont mêlées et défaites, la ville qui se servit de nous, la ville dont nous étions la flore, la ville qui jeta en nous des conflits qui étaient les siens et que nous imaginions être les nôtres ; bien-aimée Alexandrie. »
En cette ville se pressent des populations venues de tous les bords de la Méditerranée — chacune avec ses mœurs, ses habitudes et ses croyances et Darley caresse le souvenir des êtres qu’il y rencontra. Pombal : employé du consulat de France, colocataire de Darley. Pursewarden : écrivain anglais raté. Capodistria : riche rentier oisif surnommé Da Capo. Hamid-le-borgne : berbère et gardien de l'immeuble. Et puis Scobie : le vieux pirate, ancien lieutenant de vaisseau, grand ami de Cléa. Nessim : héritier de la riche famille copte des Hosnani, époux de Justine, juive au passé amoureux tumultueux qui deviendra la maîtresse de Darley. Balthazar : médecin et maître en Kabale dont il se plaît à répéter le précepte : « Cède au désir et épure-le. » Enfin, Mnenjian : barbier bossu, l’homme-mémoire, « les archives de la cité » d’après Durrell.
Laurence DurrellÀ Alexandrie, se mêlent inextricablement l’amour et le sexe, fleurissent des intrigues que seul l'Alexandrin de souche peut comprendre. Alexandrie, ville envoûtante à l’image de Prague ou de Saint-Pétersbourg. Alexandrie, ce n’est pas Le Caire, ce n’est pas l’Egypte, c’est une ville à nulle autre pareille, libertine, puissante, farouche, mystérieuse, déroutante, dangereuse, palpitante de vie et de désir, et c’est bien le moins que lui devait la littérature, de lui avoir offert ce monument, merci Monsieur Durrell.

Ô Alexandrie, « la ville qui se servit de nous, la ville dont nous étions la flore, la ville qui jeta en nous des conflits qui étaient les siens et que nous imaginions être les nôtres ; bien-aimée Alexandrie. »

Portrait de Laurence Durrell par R. Rubrecht, 1986


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Entretien

Les chemins de campagne, entretien avec Michel Arbatz, par Raymond Alcovère

Marque-pages à l’encre de Chine de Marie-Lydie Joffre

Ce qui frappe dans ton parcours, c’est la multiplicité des moyens d’expression que tu as choisis, le côté « touche à tout », l’envie de ne pas se laisser enfermer sans doute ?
Ma principale activité, même d’écriture, depuis trente ans a tourné autour du spectacle vivant. Je suis un chanteur plutôt marginal, du point de vue de l’industrie du disque… Je crois que les marges sont des endroits très riches, on y est en contact avec plusieurs domaines, avec les frontières. Ainsi, la chanson a toujours été pour moi  une bonne introduction à toutes sortes de genres littéraires. Car elle réunit la poésie, le récit, la musique, le théâtre, tous genres que j’ai abordés aussi séparément.

Et qu’est-ce qui t’a attiré dans la chanson ?
Tout petit, j’ai baigné dans la musique, mes parents étaient mélomanes, ils écoutaient un répertoire très varié, musique classique, chants populaires, chanson d’auteur. La chanson est un genre exigeant, d’une extrême concision ; on doit aller droit au but, en quelques mots créer un climat, raconter une histoire, et les contraintes, outre la brièveté, sont très nombreuses, comme la musicalité du texte, le rythme… Par exemple, tous les bons débuts exposent une opposition, un décalage, une sorte de « différence de potentiel ».  Que ce soit entre les personnages (« Nous étions deux amis et Fanette m’aimait ») ou au niveau du langage (« les deux mains dans les poches sous les yeux »). Et cette bipolarité me semble une règle commune à tous les genres.
 
En ce qui concerne la poésie, tu as créé la BIP, dis-nous de quoi il s’agit ?
J'ai créé en 2003 la BIP (Brigade d'intervention poétique) de Montpellier en rassemblant autour de moi quelques comédiens et amateurs de poésie… de bouche à oreille. Nous disons la poésie (surtout contemporaine) et la poésie uniquement, par cœur, partout et par surprise. Nous avons dit dans les trams, les postes, les queues de cinéma, les salles d'expo. Ce qui me plaît dans cette expérience, c'est le jaillissement d'une parole inattendue dans la vie quotidienne, d'une langue verte qui surprend… Pour ceux qui voudraient goûter à ce fruit particulier, nous émettons par radio Clapas à Montpellier en racontant la vie incroyable des poètes (tous les jeudis 1 et 3, de 21 h à 22 h). « Si la poésie ne vous aide pas à vivre, faites autre chose… », mot de Pierre Seghers, aussi le titre de l'émission.

encre de Nicole Boëdec

Ton dernier livre, Le Maître de l’oubli, se situe entre le roman et l’autobiographie ?
« Si j’écrivais une histoire d’amour entre Abba Eban et Golda Meir, elle serait autobiographique. » C’est Amos Oz qui dit ça. Oui, mon récit se nourrit d’expériences vécues. L’essentiel de la littérature est pour moi un travail profond sur la langue et sur une nouvelle cohérence, histoire « réelle » ou complètement imaginaire. L’attirance actuelle pour l’autofiction (mode qui a fait son apparition en même temps que la télé-réalité) me paraît symptomatique de notre période qui ne sait plus, ou si mal, respecter l’intime. Ce livre est l’adresse d’un fils à un père, atteint d’Alzheimer, où se confrontent le récit de leurs utopies et de leur engagement, à la fois proches et opposés.  Ce sont deux expériences mouvementées et riches, mais le noyau n’est pas là.  Même dans un récit sans « événements », il y a place à littérature. Les mots « père » et « fils », par exemple, ne figurent pas dans ce livre. Au-delà de l’artifice de la contrainte, qui n’a aucun intérêt pour le lecteur, l’idée était pour moi de chercher cette chose « en creux », au fond insaisissable.  Emprunter ces déviations excite mon désir d’écrire… Je préfère les chemins de campagne aux autoroutes.

Illustrations : marque-pages à l’encre de Chine de Marie-Lydie Joffre, site de l'artiste ;
encre de Nicole Boëdec tirée de Signes, sinaï…, éditions Encre et Lumière


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Arts plastiques

De Gorée à Paris, Claude Teisson

Dans les rues de Gorée, Sénégal, décembre 2006

Dans les rues de Gorée, Sénégal, décembre 2006

Accostage du ferry, Bastia, juillet 2007
« Chercheur en agronomie tropicale,  j'ai toujours été attiré par le dessin, l'image puis la photo.
Je pratique le numérique comme avant l'argentique, ne retravaillant que cadrage et contraste. Ce sont les images “naturellement” construites et originales qui m’intéressent et je tente de privilégier humour, géométrie et harmonie, ou au contraire contraste des couleurs. »

Accostage du ferry, Bastia, juillet 2007

Façade et reflets au Musée du Quai Branly, Paris, novembre 2006

Façade et reflets au Musée du Quai Branly, Paris, novembre 2006




Catherine Olivo

Fée des bois

Fée des bois, bronze, hauteur : 12 cm © Catherine Olivo – 2007

« J'ai trouvé un beau prétexte pour découvrir l'Afrique : faire des bronzes au Burkina Faso.
Dans un rythme de travail quotidien, comme les sculpteurs locaux.
Découvrir Bobo Dioulasso entourée d'une petite équipe de sculpteurs qui parlent dioula.
Et de la radio qui hurle.
Moi qui habituellement travaille seule et dans le silence.
C'est en allant sur ce continent de couleurs, d'odeurs et de bruits que j'ai découvert ce matériau nouveau pour moi : la cire.
Et laisser venir une nouvelle façon de travailler : des pièces en creux, comme des feuilles sculptées en bas relief. »

 

Justine

Justine, bronze, hauteur : 24 cm © Catherine Olivo – 2007

 

Bébé de Saliéni

Bébé de Saliéni, bronze, hauteur : 25 cm © Catherine Olivo – 2007

Site de l'artiste

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