Les auteurs du Languedoc-Roussillon : retour à l'accueil

Magazine

Conception graphique et webmaster : Pascal Steichen - Rivages Graphiques

Ours

Comité de rédaction : Raymond Alcovère, Anne Bourrel et Françoise Renaud
Comité de lecture :
Valéry Meynadier
Rédactrice en chef  :
Françoise Renaud
Directrice de publication : Janine Teisson

Inédits

Il y a deux jours, de Jacki Maréchal

Chatte qui a fait une bêtise et qui fait semblant de rien

Il y a deux jours ma petite chatte est morte… 16 ans… Nous sommes restés à côté d’elle jusqu’à son dernier râle. C’était très triste de voir la solitude de cette bête qui accueillait encore quelques caresses peu de minutes avant, en nous prévenant par de rares miaulements, en forme de râles, de sa mort imminente. Je suis allé la poser dans la nature, au bord d’un ruisseau. Elle sera bien là. Elle aura une belle vue. On a toujours peur du froid pour les morts. Mais finalement ce n’est pas très logique (quand on a de la peine, la logique, ça nous dépasse un peu). Sur le chemin forestier, en la portant dans son panier, j’ai repensé à l’impermanence. Une notion très importante pour se donner les moyens de trouver de la sérénité. Ne pas perdre de vue l’impermanence de toutes choses, dont nos vies. La mort des autres nous fait souvent penser à la nôtre. Cette conscience met forcément de la juste distance entre l’importance que l’on se porte et la vie en général qui continuera très bien sans nous.
En portant mon chat vers sa dernière demeure, je me suis dit que l’automne était finalement un bon moment pour mourir, puisse que l’automne est porteur d’une promesse de régénération. J’ai beaucoup pensé à un ami dont l’anniversaire de disparition est le 9 novembre. Un ami qui me manque profondément. C’est tellement rare un ami. Lorsque j’ai appris sa mort, j’étais dans une voiture, en covoiturage de retour de Paris. La moitié de mon corps s’est effondré, comme un immeuble en implosion, et depuis je ne sais pas si c’est revenu. C’était en automne. Cet ami soufflait toujours des paroles magiques à l’oreille de mon chat parce qu’il croyait à la réincarnation… Alors forcément…

Jacki Maréchal, Chatte qui a fait une bêtise et qui fait semblant de rien, acrylique sur toile, 81 x 65 cm, 2010
jacki-marechal.com



Abandon forestier, de François Teyssandier

Diane Arbus, L'enfant à la grenade

Sur le chemin des vacances, ils décidèrent d’abandonner leur chien dans une forêt. L’animal ne pourrait que leur occasionner des soucis, et ils avaient envie de vivre des vacances tranquilles et sans aucunes contraintes. En traversant le Jura, ils arrêtèrent leur voiture sur le bord d’une route escarpée. De chaque côté, la forêt était si dense qu’on y voyait à peine à dix mètres de distance. Ils descendirent de voiture, l’homme muni d’une corde, la femme escortée de l’animal. Ils s’enfoncèrent dans la profondeur de la forêt. Au bout de plusieurs centaines de mètres, ils trouvèrent un arbre à leur convenance, loin des regards et des promeneurs éventuels. Ils ligotèrent solidement l’animal contre le tronc. Le tout ne dura que quelques minutes. Ils regagnèrent en silence leur voiture, avec la satisfaction du devoir accompli, et reprirent joyeusement la route. Ce n’est que le soir, en arrivant sur le lieu de leurs vacances, après avoir parcouru plus de huit cents kilomètres, qu’ils s’aperçurent qu’ils avaient ligoté à la place du chien leur jeune enfant.

Photographie : Diane Arbus, L'enfant à la grenade, 1962




Somme de mon père, de Magali Junique

Installation sans titre, de Sandra RamosLes journaux crissent sous les pieds. Il y en a plein le sol et sur le lit aussi. Couché il tient les pages ouvertes face à lui. Les petits pas discrets, les petits coups à la porte. Pas d’effusion ni de spontanéité en entrant dans la chambre. Les draps dessinent et cachent son corps. Seuls deux bras tendus indiquent sa présence derrière le journal. Les petites font la queue en pyjama déjà, pantoufles aux pieds. L’une grimpe sur le lit, après l’autre, s’agenouille à ses côtés et baise rapidement la joue tendue.
Bonne nuit !
Bonne nuit !
Bonne nuit !
Il a tendu trois fois la joue et reprend déjà la lecture. Même pas tourné le visage, juste tendu la joue. Le cérémonial s’achève ainsi, l’une redescend du lit après l’autre, laissant la place à la suivante… La même place convenue, ni plus, ni moins. Libérées, maintenant chacune tourne le dos et l’imprimé fleuri d’un pyjama rivalise un temps avec la double page blanche marquée de signes noirs du journal qui repose horizontale sur le couvre-lit. Tissu rose, fleurs mièvres, chatons joueurs, balles de mousse quittent la chambre. Il n’a pas lâché complètement le journal, ne pas perdre la page…
Encore un mot ? Fermez la porte !

Illustration : Sandra Ramos, Installation sans titre, 1997



Raclure, de NatYot

: Le silence se moque, de Martine Trouïs

Il faut racler la gorge avant d’y aller. Tu te présentes raclé. Tu racles en poussant avec le souffle. Tu essayes de le faire quand il y a du bruit autour pour éviter d’irriter ceux qui n’aiment pas les raclements. Tu te rapproches plutôt de ceux qui les aiment. Quand  t’as mal au fond tellement t’as plus rien, nu de la gorge en feu, tu te présentes. Personne ne saura toutes les palpitations que tu as à l’intérieur, les palpitations d’être nu raclé à fond parce que personne ne se racle aussi bien que toi.
Raclé tu prononces bien, tu le sais que c’est beau ce que tu dis, que ce sont les bonnes choses, les choses exactes, celles qu’on ne dit pas tous les jours, pas du tout venant ce que tu dis là. Alors les couleurs viennent dans les yeux des gens qui t’écoutent et même dans les yeux de ceux qui ne t’écoutent pas. Y’a de l’attention après un tel raclement, parce qu’on voit bien que tu es venu sans déchet, que tu as pris soin de te présenter bien raclé nu à fond, et ça les met par terre que t’envoies la sauce, la pure sauce, la pure purée. Tout le monde prend ton état de transparence en pleine figure. Ta raclure est tellement visible. Une belle raclure qui s’offre. Et quand tu t’es offert tout entier, avec la plus grande limpidité qui soit, t’as plus qu’à t’accrocher à toi-même, à t’agripper à ton toi, t’y clouer et attendre que les premières pierres soient jetées. Attendre le renversement, la bascule des couleurs, avec le sifflement des plaintes, les trompes du mécontentement, la grande cabriole qui te tombe dessus. Parce qu’ils n’en veulent pas de ta présence limpide à les provoquer. Ça leur crève les oreilles tout ce que tu dis si près du but, en avançant dans leurs ventres pas préparés, pas disposés à se faire rentrer dedans de la sorte avec la justesse que tu as. Ça ne leur plaît pas, en fait. L’image oui, mais sans les mots.
Les mots c’est trop.

Illustration : Martine Trouïs, Le silence se moque, 90 x 90 cm, huile sur toile, collection particulière
www.martine-trouis.com



 

PERFORMANCE D'ÉCRITURE

Lors de la ZAL organisée à Montpellier le 20 octobre 2012, seize auteurs ont dépassé le seuil de leurs pratiques habituelles en commettant, en direct, au milieu du public, un texte littéraire sur une œuvre picturale désignée au hasard. Temps de composition : une heure. Selon les points de vue la performance impliquait une prise de risque, un exhibitionnisme, un jeu, une expérience ou une rencontre. Voici deux de ces textes.


L'étrangère, d'Antonella Fiori

Patricia Dottini (aquarelle)La neige. La neige sur le plateau. Le plateau de Sainte-Énimie. Plus loin, les gorges. Les précipices. Le givre transparent sur les blés couchés. Le silence d’un matin d’hiver. L’aube d’une journée qui s’annonce à pas feutrés. Carte postale pixellisée pour randonneurs en mal d’éternité. Hure. L’homme a chaussé ses guêtres. Sur ses épaules, une cape en peau de bête. La peau de son âne, mort l’hiver dernier. On ne voit pas ses yeux. Ses yeux cachés par un bonnet noir qui descend sur ses joues. On ne sait pas où il va. Il avance en silence de son pas régulier qui laisse des traces profondes dans la poudreuse du chemin. Silhouette grise dans la blancheur immaculée du paysage, rien ne semble l’arrêter. Il avance solitaire d’un pas décidé. Sous ses yeux, l’immensité du paysage et les montagnes à l’horizon qui dessinent une ligne abstraite noire. L’homme avance. Dans quelques minutes, il passera près de la source. La source de la Femme Morte. C’est comme ça qu’elle s’appelle depuis l’accident. C’était il y a quelques années maintenant. Mais, tous les ans, l’homme sort de sa maison à l’aube et se rend auprès de la source. Il fait son pèlerinage. Que va-t-il chercher là-bas ? Cette femme, c’était une étrangère. Personne n’a jamais pu élucider cette affaire. Etait-ce un suicide ou bien un meurtre ? Que venait-elle faire auprès de la source ? Cette femme, personne ne la connaissait sur le plateau ! Et lui, pourquoi se rend-il là-bas ? Tous les ans, à la même date ? Il raconte que ce jour-là, on voit des traces de sang sur la neige, des traces de sang qui remontent à la surface, là où on l’a retrouvée, l’étrangère.

Illustration : Patricia Dottini, sans titre, aquarelle



Bois vert, de Marie Laure de Noray

The voices of the Treeman, Seb M Plus fort, Manuelo, joue plus fort. Je t’en supplie, juste un peu plus haut. Là… oui… je le vois ! Il arrive. Joue l’air  des feuilles qui poussent. J’ai besoin d’ombre, Manuelo, donne-moi quelques feuilles. Bien vertes, bien épaisses, des feuilles de caoutchouc, tu vois ? Si je n’ai pas de feuilles, il ne viendra pas. Qui voudrait se poser sur des cheveux de bois ? Joue du vert. Du clair, du foncé. Un vert luisant, mais pas trop, les reflets pourraient l’effrayer. Donne-moi un peu de couleur, Manuelo. Je ne demande rien d’autre.
Joue plus fort, Manuelo. Je sens le djinn bleu s’approcher. Fais-lui peur, fais-le fuir d’un bon accord majeur. J’ai peur qu’il m’envoie un sort, grimpe dans mon corps, longe ma jambe, s’engouffre sous ma veste, me pince les côtes, s’accroche à mon dos. Hier, tu l’as laissé venir, il m’a attrapé la nuque et a rabattu sur l’oreille un des seules branches qui avaient la chance de fleurir un jour. Le djinn m’étouffe. Fais-le fuir, Manuelo. Il ne craint que tes notes. Tu joues si bien. Les djinns et autres mauvais esprits ne peuvent résister à tant de magie.
Quand j’avais encore mon visage, l’oiseau venait plus souvent, tu te souviens ? Il se posait sur mes cheveux. Il chantait avec toi, vous inventiez des mots. Des mots contre ma douleur. J’étais heureux, tu sais. Tu crois qu’il va encore venir ? Essaie de jouer un peu plus vert, fais un effort, Manuelo. Tu ne vas pas me laisser m’enraciner comme ça ? Qu’est-ce que j’ai fait moi, pour en arriver là ? Je ne vois plus très bien, tu sais. Une branche me ferme l’œil, ça fait mal. J’ai peur du noir. Joue, joue-moi tes couleurs. Le vert, n’oublie pas le vert. Il va bien finir par couler dans ma sève. Si l’oiseau venait, je reprendrais des couleurs. Attire-le, je t’en supplie.
Tu sais, Manuelo, je ne t’en veux pas, au fond. Tu ne pouvais pas savoir que ça finirait comme ça. Comme moi, je veux dire. Aimer un arbre, ce n’était pas facile, j’imagine. Maman a fait ce qu’elle pouvait pour me donner des fleurs. Et j’en ai eues, souviens-toi. De toutes petites fleurs multicolores. Dans la forêt, je faisais bel effet. Quand tu m’as cueilli pour m’emmener dans le monde des humains, c’était pour mon bien, n’est-ce pas ? J’ai bien joué le jeu, quand même. Si ce djinn ne m’avait pas trouvé, on aurait pu être heureux tous les deux. Est-ce un mal d’être végétal ? N’y-a-t-il pas de place pour un arbre humain ?
Joue plus fort, Manuelo, oui, comme ça… Ne lui fais pas peur. Il vient.

Illustration : Seb M, The voices of the Treeman, 120 x 120 cm, acrylique et collage sur toile

Cette performance d’écriture a été réalisée avec la participation de l’ADA, de l’Atelier du Garage et de Squeeze. revuesqueeze.com - actualités - zal2

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Traductions

Tropique du Cancer / Trópico de Cáncer, de Jean Azarel

Traduit en espagnol par Renada Laura Portet

L’immuable et l’éphémère #20 de Felip Costes

Aquellas vacaciones llevaban un sabor particular. Ambos estaban locamente enamorados uno de otro, más aún que lo habían sido antes, por más que, con el tiempo, el recuerdo de los primeros días empeciesen a esborrarse en su memoria. Quizàs querían experimentar la sensación de una regeneración. Sin embargo, él no la besaba más desde hacía varios meses, pero aquella misma constatación se había hecho anodina. Caminaban por la playa, con el viento, se hablaban o no se hablaban, escuchando el rumor de las olas. Se daban de vez en cuando unos besitos agudos como el grito de las gaviotas. Cuando llovía, los olores de la tierra se mezclaban con los del mar, subiéndose a sus narices bendiciendo la vida. Las fuertes mareas descubrían espacios impensados, como si la carne del mar se hubiera hecho transparente y no ocultase más la propia ànima. Desde la playa, Nina miraba a Pablo meneándose con una manguilla para enganchar camarones recluídos en unos ojos de agua. Nada más del mundo exterior no parecía capaz de alcanzarlos. Habían dejado tras ellos la crisis económica, las quimeras políticas, los falsos amigos. Sus solos negocios de velas concernían los buques, el espacio infinito del Atlántico era su tarjeta visa azul. Pasaban los días sin que se preocupasen con saber si era el martes o el jueves. Identificaban sólo el domingo con la campana de la iglesia del vecino pueblo tocando a misa.
Nina fue quien encontró el libro en uno de los estantes de la biblioteca del albergue. Lo enseñó, temblando, a Pablo. Por la tarde, luego de beber sidra, se dedicaron a hacer una fogata en la chimenea. Pablo se esperó a que la llamarada fuera lo suficiente para echarle el « Trópico de cáncer » de Henry Miller.

Texte original

Illustration : Felip Costes, L’immuable et l’éphémère #20, technique mixte sur panneau de bois, 122 x 60 cm

 


 

Le ventre / El ventre, d'Aurélie Tardio

Traduit en catalan par Renada Laura Portet

"Le jardin des délices", de Jérôme Bosch (détail)Tinc fills, de nit, que creixen en les meues entranyes. Els en trec per mor de gronxar-los. No són pas els meus fills per més que tinguin els meus ulls i la meua sang. Però me'ls estimo i me'ls guardo al clot dels meus braços.

D'altres nits, uns nens moren ofegats a les meues entranyes, no en dic res a ningú i, després, acabo per a dir-ho. M'acusen d'inconsciència, i em regalen una pipeta a fi d'extraure els cadàvers de la meua vagina. No semblaria així com així, però és una tasca llarga i meticulosa. T'agafa hores i hores per a enretirar, al fons d'un sexe de carn viva, totes les restes, ajudant-te d'una pipeta finíssima, per acabar buidant la mateixa pipeta en un plat petit. I és cosa trista veure aquelles particuletes blanques iguals que unes larves que haguessin pogut ser un infant. Sento [el mot]: malpart. Avortament. Se'm posen cara a cara unes dones que diuen mots com esterilitat, embaràs extrauterí. I elles diuen sense res dir, uns mots sense mots, llavors me'n vaig molt lluny d'elles bo i deixant alguns trossos de cadàver en la meua pròpia carn, perquè això m'enutja, perquè sóc un cementiri clandestí.

De nits, tinc un infant. Cosa dolça. Poso esment a que el somni duri temps. Perquè a la vida de veritat, no tinc temps, ni ganes de cuidar-me d'ells tostemps.

Texte original

Illustration : Jérôme Bosch, Le jardin des délices (détail), triptyque, 1503-1504

 

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Chez mon libraire, ce n'est pas plus cher !

Languedoc-Roussillon livre et lecture puise deux nouveaux textes d'auteurs dans le panier du projet d'exposition textes et images lancé à l'occasion des trente ans de la loi Lang. Des portraits photographiques de Sylvie Goussopoulos accompagnent ces textes. Quant à l'exposition, elle continue son parcours à travers le territoire régional.

 

Librairie Nemo, Montpellier – Geneviève Fransolet

Librairie Nemo, Montpellier – Geneviève Fransolet © Sylvie Goussopoulos

J'ai toujours dix ans

Dans une librairie j’ai toujours dix ans. La même fascination et la même appréhension. Il me faut repousser ce qui me donne envie de fuir. Cette idée enfantine qui veut me faire croire que « c’est possible quelqu’un qui lit tous les livres du monde ! ».
Dans une librairie, je m’oblige à grandir. J’accepte de faire ce que je peux. Je laisse les couvertures m’envelopper. Je m’immerge dans la promesse des titres. J’accueille le silence qui se creuse et la lente jubilation qui monte. Je m’aventure. Je feuillette, je parcours quelques lignes, un résumé. J’avance dans le monde. Est-il trop grand pour moi ? Les livres me chuchotent que rien n’est impossible.
A présent j’en ai plein dans les bras, je chancelle, je pourrais tout lire, c’est vrai. Mais est-ce le plus important ? Un conseil complice de libraire me tire d’embarras.

Annie Agopian

 

Librairie Goyard, Nîmes – Marie-Cécile et Clémentine Goyard

Librairie Goyard, Nîmes – Marie-Cécile et Clémentine Goyard © Sylvie Goussopoulos

Lire, écrire

Lire, écrire, par Anne-Marie Jeanjean

Anne-Marie Jeanjean

 

Prochains rendez-vous :

  • Nîmes, du 12 décembre au 28 janvier : librairies La bulle, Le bédéphile, librairie du Carré d’art, Diderot, Eau vive, Equinoxe, Goyard, Lettres de mon moulin, Moda, Siloë, Teissier et Terre 2. Carré d'Art du 4 au 28 janvier.
  • Marguerittes, du 4 au 28 janvier : Médiathèque Simone Veil. Rencontre avec l’éditrice Sylvie Crossman le 12 janvier à 16h.
  • Gruissan, du 7 au 28 janvier : Médiathèque municipale.
  • Lunel, du 4 au 28 février : Médiathèque et librairie AB.

La tournée de l'exposition (lr2l.fr)

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Chroniques livres

Un amour de beatnik. Lettres à Lula-Nash 1963-1964, de Claude Pélieu, par Jean Azarel

Un amour de beatnik (couv)Ma Lu (tu sais quand je dis « ma Lu » c'est tout sauf possessif), toi la meilleure des p'tites Lu dont l'histoire est si incroyable que j'ai envie de te proposer de la raconter un jour, tu y es enfin arrivée à faire publier ces lettres de Claude, incandescentes, uniques, reflet d'une poésie brute et pourtant si tendre derrière le torrent de mots. C'est beau de voir s'épanouir peu à peu dans ce livre sa voix singulière, au fil des voyages, des espoirs et des dérives. Je voulais te dire que j'ai tremblé en lisant, que j'avais les yeux pas très secs par moments, parce que votre histoire, c'est un peu la mienne, la nôtre, avec sa part de rêve et sa part de désastre. L'histoire d'une lutte personnelle et collective pour changer sinon la vie, du moins la façon de la voir et de la transmettre. Du Libertaire à la guerre d'Algérie, de Paris à l'Amérique, des vadrouilles erratiques aux chambres d'hôtel sans étoiles (mais elles étaient dans vos yeux), un régal d'écriture nous donne à voir les fragments de la Vérité toute nue.
Et elle est bien craquante à poil comme ça la Dame de petite et grande vertu !
Poète beat maudit Claude, poète oublié de la bien-pensance littéraire française, je me marre, and hardly fuck the pigs, whatever they think. Ce livre atteint son but, ton but, celui de Benoît Delaune, d'Alain Jégou, de tous ceux qui ont bossé à tes côtés pour qu'il naisse : faire œuvre de mémoire et rappeler à tous que « le génie d'écriture de Claude Pélieu, lié à cet amour brûlant et absolu — pour toi — transcende le seul témoignage pour nous donner une œuvre littéraire d'une qualité exceptionnelle dont on trouve peu d'écho dans la littérature pourtant riche du XXe siècle ».

Un amour de beatnik, collection Lettres ouvertes, Éd. Non Lieu, 2012

 


 

L'alcool et la nostalgie de Mathias Énard, par Valéry Meynadier

L'alcool et la nostalgiePrenez place dans le Transsibérien auprès de Mathias le narrateur, laboureur de passé, bien décidé à en finir avec lui-même sitôt arrivé à Novossibirsk, près de l’Ob, grand fleuve sibérien. Installez-vous et rencontrez Pouchkine, Maïakovski, Nabokov, Akhmatova, Dostoïevski, Mandelstam « mort d’épuisement sur le chemin de Kolyma » et Vlado, l’ami de Mathias, resté à Moscou, « la ville des mille clochers et des sept gares », resté à Moscou avec Jeanne qui « va aller se suspendre comme elle dit... trois crochets dans la peau du dos et qu’on te soulève... et plus rien ne pèse, plus rien ne pèse. »

Mathias Énard nous berce ainsi de répétitions tout au long de ce bref roman comme si les mots jumeaux sortaient d’eux-mêmes, suspendaient l’histoire, l’allégeaient.
On aime dans ce livre, on ne fait rien d’autre jusqu’à la mort, jusqu’à la fin qui nous livre un monologue bouleversant de six pages, humble et puissant comme une seule larme dressée devant le désastre. Jeanne parle à Mathias dans le coma, elle se confie, éclaire  ce qu’on vient de lire d’une toute autre lumière.
Ô Mathias, tu as porté aux nues un malheur inventé.
« Même si on ne berce pas les enfants grandis », on entend la berceuse de l’auteur, mêlée de tristesse et d’espoir, nous assurer qu'« il n’y a pas beaucoup de choses qui soient réellement importantes dans la vie ». Et si on suit bien l’empreinte des mots, on peut y reconnaître la nostalgie de la révolution, de l’engagement.
« Moi, dira Mathias, on m’a plutôt mis une seringue dans la main au lieu d’un flingue ou d’une bombe ». Alors, on se déchire à l’opium, à l’héroïne, on joue à mourir, à vivre, à jouir et on oublie que le temps passe, nous courbe l’échine jusqu’à ce que le téléphone nous réveille une nuit de notre léthargie : « C’est Vlado... ».

Il ressort de ce livre au goût de neige, doux et glacé, autant une passion pour les stupéfiants qu’une sombre mise en garde : la poésie prothétique trouvée dans la drogue ampute plus qu’elle ramifie.
S’il fallait choisir ses addictions, lisez Mathias Énard, good trip assuré.

Inculte, 2011 – Actes Sud, Babel n° 1111, 2012


 

COUP DE CŒUR DU LIBRAIRE

Une femme drôle de Maryline Desbiolles, par Aurélie Tardio,
librairie l'Ivraie, Montpellier

Une femme drôle (couv)Marilyne Desbiolles découvre dans les années 70 à la télévision : Zouc.  Elle est impressionnée par cette comédienne vêtue de noir, massive, cheveux tirés, ... et drôle à faire peur. Depuis, elle lui voue une authentique admiration et sera profondément peinée lorsque l'artiste devra quitter la scène.
C’est naturellement et sans fausses notes, que l'écrivain brosse le portrait vibrant de cette femme unique et légendaire. En même temps elle explore son propre passé, étroitement lié à la comédienne, puisqu’elle a grandi avec l’accent, les expressions, les sketches de celle-ci. « La voix de Zouc est dans ma bouche comme un gros fruit, parfois il menace de m’étouffer, dans les aigus, la voix me tire les joues, elle est dans mes pommettes (la pomme dans les pommettes), parfois la voix éclate dans ma bouche car je la mords, elle n’est pas une hostie, pas vrai ? Son jus me chatouille le palais, elle m’inonde, elle ne me noie pas. »

Elle dépose dans ce roman, les souvenirs d’une enfance niçoise et le portrait de sa mère, cette femme drôle qui la fait rire et lui fait honte, mais qui ressemble peut-être à Zouc.
« Il [mon père] admire ma mère lorsqu’elle fait le clown en public. Et cette admiration est admirable, car il est bien rare qu’un homme ne reproche pas à sa femme de parler trop fort (la ramener), de rire trop fort (s’exhiber), et, pis encore, de faire rire les autres (être hystérique, Zouc dit d’elle-même qu’elle est hystérique), c’est à dire d’être adulée par d’autres, de se donner en spectacle, quitte à rendre grotesque son corps, à déformer son visage dont l’homme est ou fut amoureux, de dépasser toute mesure, mesure qui est sensée être établie par les femmes, n’est-ce pas ? Si bien qu’une femme qui fait rire se virilise, est-ce là son hystérie : outrer son sexe ? »

Si, comme Maryline Desbiolles, vous étiez fan de Zouc, ce roman vous permettra de la revoir. Si vous ne la connaissiez pas, vous la découvrirez d’une très belle façon… et vous serez amené à taper son nom dans votre moteur de recherche.

Éditions de l'Olivier, 2010

 

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Chronique art

Caravage, de Françoise Renaud

La Flagellation du ChristLa Flagellation du Christ, de Caravage

Beaucoup ont dit combien c’était beau, exceptionnel, que cet artiste comptait parmi les plus importants que le monde ait connu, que jamais ils ne reverraient une chose pareille de leur vivant. Ça se passait à ma porte, j’y suis allée.
Grand hall froid, bondé.
File d’attente. Le monde est venu de bien des horizons — pas question de rater l’événement. Donc je patiente. Je ne réfléchis pas, je patiente. Enfin, le gardien nous délivre, nous entrons.

Neuf toiles — à priori c’est peu. Mais quand les choses se passent, elles se passent vraiment et tout est bouleversé. Le temps se dissout, la salle d’exposition devient caisson sans repères et on pourrait passer sa journée à aller et venir à pas feutrés sans ressentir la faim ni l’ennui, décelant dans ces personnages cadrés de près des indices criants de vérité. Car ces gens-là, ces visages-là sont vivants. Ils déchirent notre chair à les regarder. On ne se pose pas la question de savoir si tout cela est bien peint ou non, si les proportions sont justes et l’équilibre atteint. Tout paraît si limpide qu’on est pris — englobé — dans la tension de la scène suspendue — flagellation, décollation, extase, sacrifice, reniement —, dans la posture basculée d’une tête, dans l’expression d’attente, de souffrance ou de prière prise sur le vif. Peu ou pas d’accessoires. Palettes ocre, brun et blanc. La lumière frappe par le côté, sculpte les corps proposés à notre échelle et les drapés. Sobriété douceur violence. Toute l’humanité de Caravage déversée telle une manne, un trésor arraché à sa courte vie. Alors nous mesurons la vraie beauté.

Encore je marche d’une toile à l’autre, guettant les pâquerettes au pied de Saint François, les rides sur le front de Pierre ou le petit ronflement de l’amour endormi.

Exposition « Corps et ombres », musée Fabre, Montpellier, du 22 juin au 14 octobre 2012

Illustration : Michelangelo Merisi dit le Caravage, la Flagellation du Christ, vers 1606, musée de Rouen



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Entretien

Écrire avec le corps, entretien avec Didier Théron,
par Raymond Alcovère

« Ils ont échoué parce qu’ils n’ont pas commencé par le rêve », W. Shakespeare

Didier Théron

Dans le monde d'aujourd'hui, quelle peut être la place de la danse telle que vous la pratiquez et la concevez ? Comment voyez-vous son évolution ?
L’art permet de comprendre le monde. Comprendre, c'est-à-dire expliquer sa construction. Les réponses purement politiques existent de moins en moins aujourd’hui. En cela la danse, comme tout art, permet de comprendre notre réalité et surtout de l’imaginer autrement. La danse est une pratique physique, un travail de tous les jours avec le corps qui change le mental et la vision du monde. En ce sens la danse est l’art du lien, à soi et aux autres. Je la conçois comme une forme vivante, inventive —toujours dans le lien. La danse s’inscrit et s’écrit dans l’espace et le temps, une écriture avec le corps — Kafka, qui dessinait toujours ses personnages, disait que sa main dessinait. Toute écriture est un dessin. Les danseurs contemporains le font avec leur corps : une  écriture nouvelle, forme de littérature dont les chorégraphes seraient les auteurs.
La danse est enthousiasmante pour celui /celle qui la fait et pour celui / celle qui la regarde (jeu des neurones miroirs bien sûr !). Cet enthousiasme au sens grec du terme theos « qui vient des dieux », surtout « qui nous dépasse », peut nous permettre d’aller au-delà de la réalité qui nous entoure, de dépasser les clivages et réunir les êtres : cette dimension essentielle de la danse en fait un des arts fondamentaux de l’humanité.
Je pourrais citer le cas d’une enfant de six ans qui veut danser, dans le quartier de La Paillade à Montpellier : ses parents lui opposent un  refus, pour des questions éthiques. La danse est un chemin de liberté et de reconnaissance de soi. Toujours un enjeu !

Shanghai Bolero

Quand vous créez une chorégraphie, quel est le point de départ, d'où vous vient l'idée ?
C’est une envie (un parti pris / un challenge / un positionnement / une attitude… des mots); l’aboutissement d’une série de détours qui mènent vers une chose qui s’impose. C’est un travail vers l'épure, désir qui prend forme (et corps) à partir d’une expérience, d‘un vécu.
Il y aussi le titre, donc un mot ou des mots venant synthétiser et donner une direction au projet. (Assis, debout en marche – Hara-kiri – Raskolnikov – Nous autres - Shanghai Bolero...) Une pièce, chez moi, c’est un titre déjà ! Ensuite, il y a le travail et son expérience.

Quelle importance ont pour vous la littérature et les arts plastiques dans votre travail artistique ?
Ils m’entourent et m’encouragent – une nourriture. Ce sont aussi des écritures : toute écriture est précieuse.  Je « compare » mon écriture, c’est un besoin (pour faire partie, pour me relier ?). J’« avance » (je suis dans le déplacement) avec des auteurs, des artistes. Ils apportent leurs expériences dans lesquelles je tente de trouver des réponses, à travers les mots, les images. Je vois dans cet intérêt comme une dynamique dans laquelle je recherche un écho à ma propre vie.

Sur l'île déserte, quel(s) livre(s) emporteriez-vous ?
Un texte de Beckett, un de Kafka, une histoire de l’art avec des images (Gombrich), dictionnaire étymologique pouvant servir de coussin de méditation.

Didier Théron

Vidéo de Shanghai Boléro, triptyque, sur vimeo.com

Illustrations : Shanghai Boléro, triptyque (inauguration de Pierres Vives
le jeudi 13 septembre 2012 à Montpellier, en présence de Zaha Hadid) © Alain Scherer.
Portrait, droits réservés © Martin Broschy


 

Librairie : lieu de parole et de partage, avec Pascal Aurejac, librairie Le Rouge et le Noir, St-Chély d'Apcher, par Françoise Renaud

Pascal Aurejac

Le livre pour vous, est-ce un objet lié à l’enfance ?
Dans ma famille on ne lisait pas, mais j’avais un électrophone sur lequel je passais des disques avec des histoires racontées. J’ai eu vraiment accès à la lecture grâce au bibliobus. Quand je me suis trouvé seul en formation sportive à Marseille à 18 ans, j’ai avalé tout ce qui me tombait sous la main. Je me souviens d’Au nom de tous les miens de Martin Gray que j'avais payé 54 francs !

Votre trajet est tout à fait atypique. De footballeur vous êtes devenu libraire !
Et je ne renie rien de mon parcours ! En fait j’ai eu la chance de faire de mes deux passions un métier.

Pourquoi vous êtes-vous installé en Lozère ?
En 1993 un ami m’avait indiqué une librairie à vendre là-bas. La région me plaisait même si je savais que rien n’était gagné d’avance dans ce pays perdu. Je me suis concentré sur mes atouts : j’étais curieux et j’avais envie de me battre. Les choses se sont faites peu à peu. La qualité de vie ici est extraordinaire et nous avons réussi à fidéliser une vraie clientèle, à la fois locale et vacancière.

Librairie Le Rouge et le NoirQuelles sont les qualités d'un bon libraire, d’après vous ?
La sincérité, la sensibilité, le désir de transmettre l'émotion qu’on a eue avec un livre. En étant le plus vrai possible, les gens viennent vers vous. La librairie est un des rares lieux où on peut encore se parler, le livre sert de prétexte. Et puis la littérature n’est pas élitiste, chacun peut y trouver son compte. En réalité je ne vends pas, je fais acheter !
Évidemment, il ne suffit pas de poser des ouvrages sur des tables, de se satisfaire des nouveautés. Il faut être un vrai lecteur soi-même, lire tous les genres, parler avec ses mots à soi. C'est un métier qui ne s’apprend pas.  

Vous organisez des rencontres en été avec des auteurs. Quelle place dans votre activité annuelle ?
Nous proposons deux cafés littéraires durant l’été et un à la Toussaint qui rassemblent 90 à 130 personnes. Des moments forts pour nous, fraternels et très conviviaux. Quand les gens le comprennent, ils n’hésitent plus à nous rejoindre. 

Vos goûts littéraires ?
Je suis très éclectique. Je lis aussi bien du policier que du Pierre Bergounioux, du Luis Sepúlveda ou du Cormac Mac Carthy. Il faut dire que le champ est tellement vaste.

Et votre lecture en cours ?
Du côté de Canaan de l’écrivain irlandais Sebastian Barry, éditions Joëlle Losfeld.

Comment voyez-vous l’avenir du livre ?
Je suis ni optimiste ni pessimiste. Pour moi, la librairie est un lieu de partage et de convivialité et le livre restera à jamais un objet qu’on a besoin de toucher, de sentir, de garder près de soi — indispensable. Le jour où il deviendra électronique, je ne ferai plus partie de la société des libraires et j’irai me promener dans les bois !

Pascal Aurejac

Illustrations : Frise réalisée à partir d'une photographie originale de Sylvie Goussopoulos
avec l'accord de Languedoc-Roussillon livre et lecture / "La librairie" de Jocelyne Anfray

 

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Arts plastiques

Paysages sublimés, photographies de Martine Phé

Clairière4, Fontainebleau

Alignement

Martine Phé s'inspire de la nature – pourquoi chercher ailleurs ? Son appareil à photographier est pareil au pinceau du peintre et ses images ressemblent à des tableaux. Palette originale, lumières estompées. On se demande si ça s'est passé sur la terre ou ailleurs tant les lieux paraissent transformés. 
Elle se confie : « J'aime particulièrement les impressionnistes : Monet, Gauguin, Pissarro, Sisley, Van Gogh. Aussi les fauves : Derain, Vlaminick, Matisse. Ils font pour moi référence pour la force de leur palette coloriste. »
Pour elle, le paysage n'est donc qu'un support. Il devient abstraction entre photo et peinture – clivages gommés entre les disciplines –, ses lignes de force mises en évidence. Et les éléments en mouvement nous emportent, fluides, instants libérés, joyeux, nous reliant au voyage et au rêve.

Son travail se poursuit actuellement sur la nature, les hommes et la recherche du mouvement.

Vent, près de la dune du Pyla

Distorsion, pins en forêt d'Arcachon

La grange aux tournesols, sud ouest de la FranceBuissons

Œuvres :
Clairière 4, Fontainebleau / Alignement  / Vent, près de la dune du Pyla / Distorsion, pins en forêt d'Arcachon / La grange aux tournesols, sud-ouest de la France / Buissons – Travaux 2010/2011

www.martinephe.fr

 




Les écrivains de Sébastien Masse, dessins

Né en 1970 à Marseille, Sébastien Masse vit et travaille à Montpellier. Il expose dans le sud de la France, à Paris et à l'étranger.

Seb M. a choisi de représenter les écrivains qu’il aime. Ses dessins sont réalisés à l’acrylique et à l’encre, avec des collages sur papier.
La pratique du dessin est une expression libre et directe de la pensée. Plus spontanée et plus intuitive que la peinture, je peux développer une idée, une impression comme si j'écrivais les pages d'un roman graphique.

Au portrait de l’auteur (René Daumal, Samuel Beckett, René Char, Nabokov…) réalisé à partir d’une photographie, des bribes de textes empruntés ici ou là, déchirées à même la page, viennent délicatement se poser et se mélanger à des images ou à des fragments d’images.
Se mêlent la réalité concrète et le merveilleux, l’ici et l’ailleurs, le non-contemporain et l’actuel, l’identifiable et le bizarre. Parfois, le hasard de la trouvaille m’accompagne. Ainsi le champ est élargi à l'infini et le dessin associé à la technique du collage permet d'éprouver l'ivresse et le vertige d’« aventureux voyages », selon l’expression de Walter Benjamin.

L’auteur s’interprète dans sa multiplicité même. Être de papier, de mots et d’images, il est représenté dans ce qu’il est : papier, mots et images. Représentation magistrale et tautologique, l’image selon Seb M. dit l’écrivain.
Je veux voir la nuit, la nature profonde de tous ces hommes et essayer d'embrasser leur réalité. Pour les fragments de textes, j'utilise des extraits de critiques littéraires qui n'ont pas forcément un lien direct avec l'écrivain. Pure réinterprétation donc. Les fragments d'images répondent à ce que me renvoient leurs écrits.

Anne Bourrel et Seb M. (en italique)

Vladimir Nabokov

« Les étoiles n'ont leur vrai reflet qu'à travers les larmes. »
Entre jeu et paradoxe, Nabokov cultive un plaisir à la fois esthétique et intellectuel,
ludique et érotique.

René Char

« Les mots qui vont surgir savent de nous des choses que nous ignorons d’eux. »
Cette phrase de René Char caractérise l'acte de création et ce que l'on peut y déceler.

L'homme à l'envers

« Cet inconnu qui marche », qui se dresse, qu'il faut retranscrire
et coller à leur front comme les stigmates de leur existence. (René Daumal, 1908 - 1944).

Travaux exposés jusqu’au 20 décembre, Bistrot 12, rue du Pont de Lattes à Montpellier
www.seb-m.com

Œuvres :
Vladimir Nabokov, 20 x 20 cm, technique mixte sur papier
René Char, 20 x 20 cm, technique mixte sur papier
L'homme à l'envers, 20 x 20 cm, technique mixte sur papier

 

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Parutions - septembre à décembre 2012

septembre

La Fraîcheur


François  SZABÓ
La Fraîcheur, Poésie, Obsidiana Press
L'absence du fils est une béance indéchiffrable, un puits insondable, elle est prégnante, envahissante.
Elle se comble en partie par la Poésie...

L'Ogre bouquinisteJanine TEISSON
L'Ogre Bouquiniste, album jeunesse, collection Je lis tout seul de 6 à 7 ans, éd. Gallimard jeunesse, illustrations Clotilde Perrin
En se rendant à la librairie L'ogre bouquiniste, mademoiselle Rosalie et ses dix élèves ne se doutaient pas que l'après-midi serait si mouvementé. Cette histoire illustre l'expression "plonger dans les livres", car les enfants vont, provisoirement, disparaître dans un livre ! Un hymne à la lecture.

octobre

Balades et Légendes en Terre d'Aude
Véronique BARRAU
Balades et Légendes en Terre d'Aude,
documentaire, éditions du Cabardès, illustrations Philippe Archer
Un livre qui vous emmène sur les sentiers et dans les villages du département à la découverte de lieux auxquels se rattachent contes et légendes. 

Le droit au visageValéry MEYNADIER
Le droit au visage, nouvelle, revue Etoile d'encre, n°51/52 "Algérie, 50 ans", éditions du Chèvre feuille étoilée
Entre poésie et politique quand le voile en Algérie devient un enfermement à ciel ouvert, quand les yeux des femmes ne portent plus que désespoir et arrogance dans Alger la Blanche qui blêmit. Texte qui dit oui à la poésie et qui pointe du stylo l'irréelle politique mise en œuvre pour tuer la beauté.

L'enfant du lignageJoëlle WINTREBERT
L'enfant du lignage, nouvelle, Revue Galaxies, nouvelle série n°19, éditions Galaxies 3A
Nouvelle abordant les thèmes de l'écoterrorisme et des manipulations génétiques, « L'enfant du lignage » est parue dans le cadre d'un dossier sur l'œuvre de Joëlle Wintrebert qui rassemble des études, interviews, une bibliographie commentée, des témoignages d'écrivains et professionnels.

novembre

Les plantes porte-bonheurVéronique BARRAU
Les plantes porte-bonheur, collection Terra Curiosa, éditions Plume de carotte
Amour, santé, argent, bonheur. Ne cherchez plus : les plantes porte-bonheur sont là pour résoudre tous vos problèmes ! C'est du moins les vertus que leur prêtent les légendes et les traditions, parfois encore bien vivaces. Un ouvrage présenté d'une façon amusante et pleine de charme. 

Le testament des Muses Yves CARCHON
Le testament des Muses, roman noir, collection Crimes et Châtiments, éd. Les Presses Littéraires
Le vol d'un tableau dans la chambre de Flora Zolan, atteinte d'Alzheimer, conduit le privé Fragoni à exhumer une mémoire enfouie où le passé glorieux jette une ombre au tableau. Après Maudit blues, l'auteur explore des gouffres insoupçonnés où vérité, mensonges, secrets, révélations dansent une sardane d'Apocalypse.

Petite musique des vivantsFrançoise RENAUD
Petite musique des vivants, roman, CLC éditions
Dans un petit port de Méditerranée, une relation ambigüe se noue entre deux êtres solitaires : une jeune fille aux cheveux noirs et un homme venu du Nord au passé sombre et aux activités secrètes. Une quête d’étreinte et de consolation après le désert, le deuil, l'ineffaçable douleur.
Une figure d’enfant les accompagne.

La main d'Ernest Pignon Ernest

Janine TEISSON
La main d'Ernest Pignon Ernest et Tes mains sans hésitation, poèmes, dans la revue À pleines mains, Bacchanales n°48, édition de création de la Maison de la poésie Rhône-Alpes
Textes de soixante et onze poètes célébrant la main illustrés de dessins, sérigraphies et photographies d'Ernest Pignon-Ernest.

décembre

Les convictions de ColettePaula DUMONT
Les convictions de Colette, essai, éditions L'Harmattan
Bon nombre des articles écrits par Colette pendant la Grande Guerre n'ont pas été retenus dans ses œuvres complètes si bien qu'on ignore qu'elle a vécu l'entrée en guerre avec enthousiasme. À partir de 1915, elle commence à désespérer du genre humain. Elle se détournera de la politique et exaltera à travers le personnage de Sido, les valeurs féminines qui consistent à survivre à la violence des hommes, à protéger la vie.
Un livre autour de la pensée de Colette qui s'appuie sur de nombreux inédits et met à mal la plupart des stéréotypes attachés à l'écrivaine.

 

 

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