Un précieux tumulte, de Jean-François Morin

Un précieux tumulte, nouvelles, éditions de L’Harmattan, octobre 2021

On se rend à Belleville ou à La Havane, Denain, Nice ou Saïgon. Et l’on tombe sur quoi ? Le tumulte. Partout présent et toujours recommencé. Et cette constance des individus à vouloir bâtir et rebâtir. En dépit des nuages qui se sont amoncelés. Car l’humanité ne manque jamais d’espérance ni d’ingéniosité.

 

EXTRAIT

Il y avait, gravée dans la mémoire de Jean, cette photographie de la poignée de mains entre Hemingway et Fidel Castro, prise par Alberto Korda en mai 1960, dans le port de Cojimar, lors d’un concours de pêche en mer. Et une phrase, « si deux, trois, plusieurs Vietnam fleurissaient à la surface du globe », prononcée par Che Guevara à La Havane, lors de la conférence tricontinentale d’août 1967. Et plus tard encore, la victoire des troupes cubaines contre la CIA et l’Afrique du sud, alors raciste, en 1991. Mais chère payée, dix mille guérilleros tués.

Il y avait… Puis le silence était retombé sur les grands boulevards de cette époque d’avant la Chute du mur.

Mais, éternellement présente, la bobine des présidents des États-Unis, étrangleurs de nouveau nés, qui cherchaient à noyer dans la bassine des Caraïbes, le petit chat tigré à rayures blanches, métis et bleues. Pour convenances personnelles.

Avant que l’un des leurs, en 2015, un Noir longiligne et musclé, soutenu par un pape souriant, aux vêtements d’albâtre, ne décide à ses risques et périls, et seulement à la fin de son mandat, de desserrer l’étau. Pour quelques mois. Car lui succéda un bateleur, une galette sur le crâne, mi blondasse, mi rouquine, pisseuse, un être tout à fait hystérique, violent et louche qui a coupé tous les robinets du commerce avec Cuba.

Alors, Jean s’était demandé : comment aider la Révolution ?

Cette photo de triplées, prise par l’auteur à Saïgon en 2012, a inspiré les dernières lignes de son ouvrage. (commentaire de l’auteur : Le pauvre père ?)