Conférence de Jean-Louis Cianni, autour de la philosophie de Michel Henry, Gazette café, Montpellier, 9 novembre 2022

Michel Henry (1922-2002), philosophe de la vie

Nous commémorons cette année le centenaire de la naissance et les vingt ans de la mort de Michel Henry, un des philosophes majeurs du XXème siècle qui avait choisi de vivre et enseigner à Montpellier, à l’Université Paul Valéry de 1960 à 1982, loin des contraintes et de l’agitation parisiennes, au plus près de la lumière et des paysages méditerranéens qui le touchaient particulièrement.
L’intuition fondatrice de toute son œuvre repose sur une définition de la vie comme faculté de s’éprouver soi-même, qui fait de l’affectivité individuelle le phénomène central de la compréhension des vivants que nous sommes d’abord. Appuyé sur cette découverte qui ne semble simple qu’en apparence, Michel Henry a cherché à repenser et souvent déconstruire tous les aspects de l’existence qu’il nous importe de connaitre.
S’ensuivra une œuvre immense (près de 20 volumes, des traductions en une quinzaine de langues) qui s’attachera à donner une compréhension nouvelle à des domaines aussi variés que l’histoire de la philosophie, la technique et l’économie, la psychanalyse, l’art, la religion, en les reconduisant à cette origine vivante qui est aussi leur principe explicatif.
Michel Henry était aussi romancier. L’amour les yeux fermés, publié chez Gallimard obtint le prix Renaudot en 1976.

 

 

SOCRATE MÉDECIN pour temps de crises et catastro-phes, de Jean-Louis Cianni

SOCRATE MÉDECIN pour temps de crises et catastrophes, essai, éditions Le Relié, mai 2022

Les crises actuelles nous amènent à ne plus rien savoir, plus rien comprendre, plus rien espérer. Comment et quoi penser dans un climat aussi turbulent qu’anxiogène ? Comment ne pas sombrer dans la peur et la tristesse et réactiver l’envie de vivre ? Cet essai propose de remonter aux sources, auprès de Socrate, qui quatre siècles avant notre ère, dans une Athènes en plein désastre, invitait ses concitoyens au soin à travers le questionnement philosophique. D’une actualité saisissante, les remèdes que Socrate proposait à l’individu et au citoyen sont plus que jamais indispensables.

 

 

EXTRAIT DE LA CONCLUSION  :
Poison, en grec, se dit pharmakon, d’où est extrait notre pharmacie. Le mot porte une ambivalence. Il signifie à la fois le poison et le remède. Socrate a voulu guérir les Athéniens malades dans leur âme et dans leur cité. Il leur a proposé son antidote, inoculé son vaccin philosophique. Son traitement associe les ressources de la pensée, la critique du discours, la recherche en commun de la vérité et d’un bien supérieur. Socrate en est mort, pourrait-on objecter. Mais nous, à sa différence, nous sommes désormais nos propres juges et nos propres accusés.
Bien avancé, notre procès est toujours en cours Nous approchons peut-être du moment où nous aurons à boire notre ciguë. À ce point de tension extrême, nous restons libres de ne pas nous condamner.

Addictions et reliances, de Sandrine Willems

Addictions et reliances,  essai, collection « Réflexions faites », Les Impressions Nouvelles, mars 2017

Si l’on a parfois souligné la parenté entre les « extases » mystiques et les états que visent toxicomanes ou alcooliques, on a peu interrogé le fond religieux, et l’insistance des questions métaphysiques, qui peuvent se révéler chez ceux-ci.

Il ne s’agit pas ici de proposer une quelconque théorie, mais plutôt d’écouter les questions qui surgissent de parcours d’existence, et de leur rencontre avec une psy qui conçoit la « thérapie » comme une création partagée. Dans une polyphonie de singularités, les sujets s’y inventent comme s’ils construisaient un roman, se découvrent au fil d’improvisations théâtrales, s’ouvrent à des échanges collectifs – où se déploie leur désir de reliance.

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