Hallali !, carnet d’enquêtes n°3, d’Isabel Lavarec

Hallali !, carnet d’enquêtes n°3, série de romans policiers pour ados, Ex-Aequo éditeur, septembre 2020

Halinea est kidnappée par un tueur en série !
Bâillonnée, ligotée, dans le carré d’un petit voilier qui affronte du très gros temps, de quoi a-t-elle le plus peur ? du sérial killer qui viole et tue ou de l’esquif mal entretenu qui peut couler à tout instant ? Pour penser à autre chose, se donner du courage et surtout trouver le moyen de se sauver par le biais de failles de l’assassin au cruel rituel, elle se force à maîtriser sa frayeur et à revivre la tragique histoire depuis son entrée en scène.

Peur, suspense, humour et réflexions philosophiques se croisent et s’entrecroisent pour rendre le récit haletant et agréable à lire.
Hallali !, une nouvelle enquête menée tambour battant par l’héroïne, qui traite aussi des relations entre générations, toujours d’actualité.

LA COLLECTION : Au travers de polars à multiples rebondissements, sont abordés des thèmes touchant les adolescents : après l’ostracisme et le racisme (carnet 1), la phobie scolaire (carnet 2), le carnet 3 aborde le conflit intergénérationnel.

 

EXTRAIT : PRÉLUDE – Le 24 mai 16 heures

Kidnappée ! Séquestrée ! Je me trouvais prisonnière au fond de l’esquif amarré en bout d’appontement où de nombreux bateaux formaient un véritable village.
Quelle gourde ! Comment avais-je pu tomber dans ce piège ? J’étais furieuse contre moi et contre celui qui trompait bien son monde.
Irréel ! La liberté à portée de voix et je ne pouvais pas crier. Le mouchoir en boule qu’il avait mis dans ma bouche m’en empêchait. C’était un fou ! Il fallait l’enfermer !
De ma banquette, assise en contre-bas, je voyais un groupe de jambes se déplacer et s’arrêter devant le bateau. Je voulus hurler, mais mon bouchon buccal étouffait les sons. Je tapai des pieds, mais liés l’un contre l’autre cela s’avérait inefficace. De plus, le tapis au sol assourdissait mes coups. J’étais désespérée. Pourtant tous ceux qui pouvaient me libérer étaient là, tout près. Je reconnus le lézard tatoué sur la cheville de la dame du bateau d’à côté ; la cicatrice au genou de Jean, le capitaine du Minorquin. Au milieu de tous, les tongs de mon prédateur semblaient à leur aise en s’approchant de la bite d’amarrage. Le kidnappeur s’accroupit, défit lentement le nœud de cabestan sans oublier de me lancer un regard torve. Brrr, j’en eus froid dans le dos. J’espérais qu’il n’aurait pas l’idée de naviguer, sa compagnie me donnait déjà la nausée.
Il se releva, je ne vis plus que ses mollets qui rejoignaient les autres. J’entendis sa voix suave, celle qui m’avait plu et inspiré tant de rêves saugrenus.
— Un bon vent, clama-t-il, pour une sortie en mer, vous ne pensez pas ?
— Il paraît qu’un coup de tabac se prépare.
— Hé ! Petit, à mon avis, il te faudra rentrer avant le soir…
— Ou bien chercher refuge dans la calanque. Je crois que je vais passer la nuit là-bas. Je dois pêcher. Mon congélo est vide.
Le rire gras de Georges, le copain vicelard du ravisseur, sonna comme un glas. Je ne pouvais pas le voir, celui-là.
Quoi ? Qu’avait dit le tueur ? Aller dans la calanque ? Non ! Cet endroit était dangereux et cela me mettrait à sa merci ! Je devais les alerter.
Poings attachés au taquet de la table fixe du carré, je tentai de me faire remarquer en me redressant, me cabrant, remuant la tête, donnant des coups contre la paroi de la banquette centrale où ma taille était ligotée. Personne ne m’aperçut, ils continuèrent à plaisanter, à louer le jeune homme sans peur, qui promettait de braver la tempête pour rapporter quelques poissons.
J’étais terrorisée. Devant mon impuissance et sa duplicité, je bouillais et pestais contre moi-même. Pourquoi m’étais-je mise dans la gueule du loup ? Que pouvais-je espérer de ce monstre ? Je poursuivis mes éprouvantes contorsions comme pour punir mon idiotie. Encore une fois, j’essayai de me faire entendre par les gens du quai. En vain.
Avec souplesse, le charognard sauta à bord. Un toussotement de moteur, une odeur de gas-oil…
« Ce n’est pas possible ! pensai-je effrayée, il n’en aura pas l’audace ? » Oui ! Il l’eut.
Une fumée noire, une pétarade, et nous partîmes. Debout, barre toujours entre les cuisses, le perfide saluait, riait, plaisantait à la volée avec les voisins de quai. Ce concert de railleries, d’esclaffements et de rigolades de tout genre m’exaspérait. Comment pouvait-on être aussi hypocrite ?

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