Histoire d’eaux, de Francis Zamponi

Histoire d’eaux, polar érotique, SKA éditions, juillet 2021

Claire Dieulefit, médecin légiste à Montpellier et d’humeur libertine se retrouve, à la suite d’un accident, confinée à Rennes-les-Bains, une petite station thermale des hautes vallées de l’Aude.
La rencontre d’« illuminés », ainsi que les nomment les habitants du village, la met sur la piste d’une secte féminine dont le gourou, un moine défroqué, pense que les corps du Christ et de Marie Madeleine sont  enterrés dans cette région mystérieuse proche de Rennes-le-château et du Pic de Bugarach.
La découverte du corps d’une disciple de la secte dans le domaine du mythique Abbé Saunière et la rencontre avec un avenant officier de gendarmerie  l’engagent dans une enquête qu’elle mène au début par curiosité et désœuvrement.
Ses investigations la conduisent à des découvertes inattendues qui l’impliqueront plus qu’elle ne l’avait imaginé dans ses investigations.
La venue du solstice d’été conclura cette aventure par un voyage collectif de la Communauté Sainte Marie Madeleine vers un autre monde.

EXTRAIT

Dix minutes plus tard, sobrement vêtue d’un survêtement bleu foncé, j’étais en sentinelle dans la cabine totalement obscure du maître-nageur. Assise sur une pile de bouées, les yeux collés au petit hublot, je ne distinguais d’abord que les flammes d’une douzaine de bougies disposées autour du bassin. Six à droite et six à gauche. Debout sur les marches qui y conduisaient, de l’eau jusqu’aux genoux, celui qui s’était présenté à moi comme Jean leva les bras en faisant virevolter les amples manches de sa tunique blanche. Les chants s’arrêtèrent. Il plongea ses mains dans l’eau et en aspergea une femme dont seul émergeait le torse nu. Son crâne était rasé. Comme celui de la silhouette qui prit ensuite sa place devant Jean. Lorsqu’elle se débarrassa de sa tunique brune, je compris qu’elle appartenait aussi à la gent féminine.

Au bout d’un temps qui me parut long, une douzaine de jeunes femmes s’étaient succédées pour accomplir le même rituel avant de s’allonger entre les bougies au bord du bassin. Jean sorti des eaux et passa derrière elles. Un nuage occulta la lune. Dans la pénombre, je devinais que les adeptes s’agenouillaient à son passage. Leurs coudes sombres reposaient sur le carrelage blanc et leurs mains trempaient dans l’eau. Sur chacune des croupes ainsi exposées, il posa ses lèvres et procéda à ce qui me sembla être une sorte de bénédiction. Chacune se releva à tour de rôle pour se faire embrasser sur le nombril et sur les lèvres avant de prendre sa bougie en main. Je devinais plutôt que je ne vis une sorte de retraite aux flambeaux dirigée par Jean se perdre dans les buissons entourant la piscine.