Colère, de Guth Joly

Guth Joly a eu la mauvaise surprise dimanche dernier, d’arriver à un salon du livre et de ne pas avoir de livres à signer sur sa table. Omission du libraire ? Défaillance de l’organisation, du système tout entier ? … peut-être une goutte d’eau dans la marée de nos problèmes d’auteur, mais elle a fait déborder le vase !

Il fut un temps très proche où il n’était nul besoin de spécifier qu’on voulait ses livres lorsqu’on était un écrivain invité sur un salon. Le libraire, partenaire, savait qui venait et faisait le nécessaire pour la commande. Depuis trente ans, je suis invitée dans des salons et je découvre que les choses ont changé. La librairie du Vigan, partenaire du salon du livre de l’Espérou ne connaissait pas les invités. Sur ma table, aucun de mes livres, il me fut répondu que je ne les avais pas demandés et que mon éditeur, Belin ne faisant pas les retours, elle ne travaillait plus avec lui. En résumé, elle commande pour pouvoir retourner, ce qui est étonnant car habituellement, un commerçant commande pour vendre. Ayant été libraire pendant plus de dix ans, je connais assez bien la vente, la gestion du stock effectivement problématique mais si on s’intéresse aux livres et aux auteurs, on se dit que puisqu’il est là, il y a moyen d’écouler le stock. Apparemment non. J’aurais été le prix Nobel que sans doute cela n’aurait rien changé si le prix Nobel avait été publié chez Belin. Et je ne suis pas le prix Nobel, j’édite des romans jeunesse, des bandes dessinées mais je dédicace pas mal de livres lorsque les salons sont capables d’attirer le public. En bref, je n’ai jamais planté un libraire moi.

Je les ai toujours soutenus et j’ai toujours travaillé avec eux.

Lire la suite…

Je crée, tu crées, il crée, nous crayons, vous créez, ils crient, de Guth Joly

dessin de Guth Joly

On a avancé par rapport à la société du XIX°, par rapport au XX° dans un certain nombre de pays et on va continuer d’avancer parce qu’il y a trop de gens qui meurent pour que cela dure. On ira sûrement au ralenti, l’important est qu’on ne recule pas. C’est long mais qui pourrait accepter cette image que j’ai trouvée en ouvrant Yahoo ce matin d’un enfant de dix ans tuant deux russes? Est-ce qu’on va accepter la jeunesse jihadiste comme on a accepté la jeunesse hitlérienne? On est mieux informés non ? et… impuissants, je l’accorde, et empêtrés dans des solutions sans financement (je pense à des psy à l’école, des professeurs d’histoire pour y voir clair, des ateliers artistiques et autres cellules de réflexion et de création).

Je sais que la haine attise la haine et qu’on n’est pas à l’abri. Ce qui est pire, c’est la masse inerte, énorme, des peureux qui n’osent rien dire et qui est la matière première des dictatures. Aujourd’hui, on connait bien les conséquences de cette inertie, de ces lâchetés, l’histoire nous les a apprises. Je sais que certains vont répliquer et que la connerie œil pour œil, dent pour dent, va fleurir. Mais on sait aussi plus qu’avant quelles conséquences elles auraient. Je ne pense pas qu’on va partir comme en quatorze la fleur au fusil. Cela va concerner une poignée.
L’important c’est ceux que ça a réveillés. Lire la suite…