Exposition unique des œuvres originales de Laurence Fauchart | samedi 6 décembre 2025, de 18 h à 20 h | brasserie le Dôme, Montpellier





Ce livre d’artiste est issu du croisement de l’univers pictural de Laurence Fauchart et de l’écriture de Raymond Alcovère à travers son recueil de nouvelles « Doubles ». Nos imaginaires respectifs ont rapidement coïncidé et se sont retrouvés pour aboutir à ce livre ; il comporte des textes inédits ainsi que des illustrations originales inédites également. Les œuvres rassemblées ne cherchent pas à illustrer fidèlement les textes mais à dialoguer avec. « Un texte n’existe que s’il est vivant, soit que le lecteur le transforme, soit comme l’a fait ici Laurence Fauchart, qu’un autre artiste se l’approprie, le revisite et l’enrichit. » R.A.



EXTRAIT
in « La confiture verte », nouvelle inédite
Charles Baudelaire, qui s’était juré, le jour de sa majorité, de découvrir le secret de la langue, las de noctambuler, a rejoint sa cambuse éclairée par une lampe-tempête, sur l’île Saint-Louis, ce navire venu, dirait-on, des pays lointains, des îles sous le vent, s’échouer au cœur de Paris.
Au 17, quai d’Anjou, siège, juste en dessous, le club des Haschischins. Gautier, Nadar, Delacroix, Nerval, Daumier, Balzac, Flaubert, parmi d’autres, y consomment la confiture verte ou dawamesk. Le poète, pauvre comme Job, trouve toujours assez d’argent pour se procurer du pollen de haschisch. Agrémenté de miel, pistache et aromates, il devient confiture verte. L’effet est bien plus enivrant qu’en le fumant. Il n’y résiste pas.
Charles en a avalé à jeun une grande cuillère. Oublié son mal de Naples, son corps s’agite de soubresauts puis de vagues plus douces, ondulantes. Cette ivresse, je l’aime se dit-il, elle me dépasse et m’absout. Tous ces liens terrestres si absurdes qui m’enchaînent sautent, je vole, les mers lointaines n’ont plus de secret pour moi. Ces vagues hautes comme des murailles qui pourraient cent fois nous engloutir m’élèvent. Leur écume est une caresse et le noir du ciel est la couleur profonde qui me nourrit. J’y plonge et je m’y noie. C’est ma couleur préférée. Ses nuances infinies me ravissent. Si j’en porte les habits, c’est parce que la nuit est mon amie, mon alliée, éphémère mais toujours recommencée.
J’entends le cri de la nuit, son souffle rauque et vaporeux. Sa voix profonde, sa vérité, me pénètrent au plus profond. Son sang coule dans mes veines… Pourquoi entends-je ce que les autres n’entendent pas ? Un cri, des hurlements parfois, une sourde inquiétude puis une divine extase. La beauté naît de la douleur. Un remuement dans l’air faussement calme de la nuit. L’empire familier des ténèbres futures. La nuit, là tout se dessine, s’écrit.
Jean-François Deniau a écrit : « La mer est le plus grand coffre-fort du monde. »
En témoignent ces 25 histoires de découvertes de trésors enfouis, d’un passé soudain révélé et inattendu grâce aux récentes innovations technologiques. Comme la gourmette de Saint-Exupéry au large de Marseille qui permit d’élucider le mystère de sa disparition en 1944. Ou des restes du sous-marin la Minerve, qui sombra au large de Toulon en 1968. Ou de la bombe H qui plongea en mer au large de Palomares en 1966 qui aurait pu détruire la moitié de l’Espagne.
Médiathèque Kalliopê, 6 avenue de la Mairie, 34480, Magalas
Après une présentation générale du livre, la conférence sera centrée sur les thèmes suivants :
– Le Pic Saint-Loup, la montagne sacrée du Bas-Languedoc,
– Rivalités et destins croisés des abbayes d’Aniane et de Gellone,
– Sur les pas d’une prestigieuse université à Montpellier,
– La découverte de la grotte des Demoiselles à Saint-Bauzille-de-Putois,
– La Cave, le Pet au Diable, le Robinson, jazz, chanson et fête à Montpellier et alentour.
La découverte de Xénon, nouvelle, éditions Gros Textes, juin 2024
Couverture : Laure Scheffel
Dans des temps très anciens, le village de Guayaquil vit heureux, à l’écart du monde, entouré d’une zone marécageuse apparemment infinie et infranchissable. Un jeune homme du village rêve d’aller voir derrière, d’aller explorer le monde. En cachette, il fabrique une aile pour tenter l’aventure. Il ne sait pas que son désir correspond à une prophétie du village ; il obtiendra l’autorisation de partir, découvrira d’autres mondes mais devra aussi affronter de terribles épreuves…
EXTRAIT
Soudain, le vent semble avoir forci ; tout à l’effarement devant cet univers nouveau, il en a oublié sa direction, et poussé par l’alizée, toujours suivant le fleuve, sous lui, maintenant, gronde une rumeur sourde, un mugissement terrible dont il ne comprend pas la cause. D’où monte le vacarme, un nuage flotte, en suspension. Le rythme des flots s’accélère en même temps que le bruit. Les ailes gorgées d’eau pèsent sur ses muscles, elles offrent moins de résistance au vent. Le voilà noyé dans un nuage. Et puis, horreur, à la sortie, à ses pieds, soudain, le vide : une gigantesque cataracte.
Dans cet entretien de 25 minutes, le peintre Vincent Bioulès aborde la genèse du groupe Support-Surfaces, puis son retour à la peinture figurative ainsi que sa vision de la spiritualité, son lien avec la nature et la lumière, au travers de la peinture.
Et il est aussi question de poésie…
Face Nord, Vincent Bioulès, 2016 (huile sur toile 97X130cm) – Photo Galerie La Forest Divonne
(une œuvre originale de Claude-Henri Bartoli offerte avec l’ouvrage)
Le Saut dans le vide, livre d’artiste, avril 2024
à partir d’œuvres originales de Claude-Henri Bartoli
Ce livre est né de la rencontre de l’écrivain avec le peintre Claude-Henri Bartoli autour de la revue L’Instant du monde en 2003. A commencé un compagnonnage qui s’est traduit par l’illustration par l’artiste des nouvelles La Bête (2010), En avoir ou pas (2014) et Rua da Saudade (2015), aussi une création commune L’esprit de la vallée ne meurt pas (2014).
Ici, Raymond Alcovère s’est inspiré de peintures spécialement réalisées pour cet ouvrage pour élaborer une narration : « Visite l’intérieur de la terre, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. » L’ancestrale formule alchimique est le sujet, la quête, du Saut dans le vide : un voyage à travers les spiritualités, de la Chine à la Grèce antique, sur les traces du Philosophe inconnu…
Il s’agit d’une nouvelle édition présentée en grand format et imprimée par un éditeur professionnel sur un papier de qualité supérieure Munken (28 pages format 29×42).
Chaque ouvrage est accompagné d’une œuvre originale de Claude-Henri Bartoli (format 21×32, technique mixte : acrylique, encre et pastel)
EXTRAIT
(d’après et avec des œuvres originales de Claude-Henri Bartoli)
Le feu du ciel jaillit de cette île. La lumière a besoin de l’ombre. En plein jour, on ne voit rien. La nuit, c’est une explosion, le plus beau spectacle du monde. La terre en fusion propulsée dans l’espace, au milieu de la Méditerranée. L’eau et le feu mêlés. Lire la suite…
Le saut dans le vide, livre d’artiste, ARCANA Éditions nomades, septembre 2023
Illustrations de Claude-Henri Bartoli
« Visite l’intérieur de la terre, en rectifiant, tu trouveras la pierre cachée. » L’ancestrale formule alchimique est le sujet, la quête, du « Saut dans le vide. »
Un voyage à travers les spiritualités, de la Chine à la Grèce antique, sur les traces du Philosophe inconnu…
Cet ouvrage de 26 pages est tiré à 50 exemplaires (une impression numérique) contenant 10 illustrations de Claude-Henri Bartoli dans une reliure cahier spirale/protection plastifiée/ c’est le premier numéro de la collection : les cahiers de la poésie nomade.
EXTRAIT
Le feu du ciel jaillit de cette île. La lumière a besoin de l’ombre. En plein jour, on ne voit rien. La nuit, c’est une explosion, le plus beau spectacle du monde. La terre en fusion propulsée dans l’espace, au milieu de la Méditerranée. L’eau et le feu mêlés.
J’en ai fait l’ascension, un soir de septembre. L’après-midi, j’avais rêvé d’une source entourée de saules. À la taverne du village, un homme — il paraissait âgé mais je distinguais mal son visage dans le clair-obscur, seul son chapeau bleu orné d’un colibri avait attiré mon attention — a proposé de me guider jusqu’au cratère en fusion.
Il m’a dit : « Sachez qu’on ne peut se fuir soi-même, aller au bout du monde n’a aucun sens, aller au bout de soi est un tout autre chemin, le seul véritable. Êtes-vous sûr de vouloir accomplir ce voyage ? Les alchimistes ont interprété INRI par l’Intérieur de la Nature rénovée par le Feu (Ignis). On n’en ressort pas indemne. Tout ce qui est beau est difficile autant que rare, a écrit un philosophe. Si l’on poursuit une entreprise chimérique, la catastrophe est fatale… Avez-vous suffisamment réfléchi avant d’entreprendre cette ascension ? » Oui, lui ai-je répondu.
On s’en rendra compte probablement plus tard, il est l’écrivain français le plus important de la période. Il propose une vision du monde complète et homogène, sans rien laisser de côté, en rassemblant et harmonisant des univers aussi vastes et divers que la Chine, la Grèce, le 18ᵉ, la peinture, la poésie, la musique, la religion catholique, la sexualité ou la politique. Toujours sous forme d’ouverture, il offre à lire ou regarder, notamment grâce à un sens consommé de la citation, nombre d’écrivains, penseurs et artistes : « Il n’y a qu’une seule expérience fondamentale à travers le Temps. Formes différentes, noms différents, mais une même chose. Et c’est là, précisément le roman. » Audace de pensée, originalité, esprit critique, sens de la formule, de l’esquive et de l’attaque. Avec lui, la poésie n’est pas séparée de la pensée, ni de l’action. Il ajoute, provoquant : « La poésie, c’est la guerre. » S’inspirant de Sun Tzu : « Si vous connaissez vos ennemis et que vous vous connaissez vous-même, mille batailles ne pourront venir à bout de vous. » Sa stratégie est clairement posée : « Ce que l’ennemi attaque, je le défends, ce qu’il défend je l’attaque. » Le difficile bien sûr est de connaître l’ennemi. Il le décrit dans Éloge de l’Infini : « Car l’Adversaire est inquiet. Ses réseaux de renseignement sont mauvais, sa police débordée, ses agents corrompus, ses amis peu sûrs, ses espions souvent retournés, ses femmes infidèles, sa toute-puissance ébranlée par la première guérilla venue. Il dépense des sommes considérables en contrôle, parle sans cesse en termes de calendrier ou d’images, achète tout, investit tout, vend tout, perd tout. Le temps lui file entre les doigts, l’espace est pour lui de moins en moins un refuge. Les mots « siècle » ou « millénaire » perdent leur sens dans sa propagande. Il voudrait bien avoir pour lui cinq ou dix ans, l’Adversaire, alors qu’il ne voit pas plus loin que le mois suivant. On pourrait dire ici, comme dans la Chine des Royaumes combattants, que « même les comédiens de Ts’in servent d’observateurs à Houei Ngan ». Le Maître est énorme et nu, sa carapace est sensible au plus petit coup d’épingle, c’est un Goliath à la merci du moindre frondeur, un Cyclope qui ne sait toujours pas qui s’appelle Personne, un Big Brother dont les caméras n’enregistrent que ses propres fantasmes, un Pavlov dont le chien n’obéit qu’une fois sur deux. Lire la suite…
Doubles, recueil de nouvelles, Les Tilleuls du Square / éditions Gros Textes, décembre 2022
Illustration de couverture : Jacki Maréchal

Je est un autre, a écrit Rimbaud. Certes ! Mais qui est-il ? Comment le découvrir, où chercher ? En laissant infuser le rêve…
Ces vingt nouvelles ouvrent des portes vers le mystère des doubles, de l’altérité, où surgissent des coïncidences, des correspondances, des éclaircies, un trouble… Le réel, l’Histoire, l’art en sont la trame, mais aussi une quête de la lumière, une possible transcendance…
EXTRAIT
Partir, en bateau, découvrir des aurores bleues, jaune pale, des matins calmes ou bouillonnants, les odeurs de rouille des ports abandonnés, me saouler dans des bars avec des filles faciles et puis partir toujours, pour pouvoir revenir, aimer à la folie la chaleur des nuits d’hiver dans les ports, et encore ce mouvement incessant des bateaux, trépidation, effluves, oublier, oublier le temps, juste une aurore nouvelle au bout du chemin avec l’horizon bleuté et la lumière mouillée du grand large. M’arrêter à Mindelo avec ses squares rectilignes et ses bateaux rouillés, abandonnés au milieu de la rade et les bars, boire du rhum jusqu’à ne plus rien voir, et penser que le monde m’appartient. Voilà ce que j’ai aimé, choisi. Tout plutôt qu’une vie régulière à terre où demain ressemble à aujourd’hui, où l’horizon est borné, les humains prévisibles, le mystère récurrent. En mer, il y a toujours un après, ce grand vent du large qui balaie tout, le sentiment cosmique de la vie. La terre ferme refroidit les hommes, les rend inaptes à vivre, la mer libère de tout, elle n’enferme rien, plus loin on peut toujours rêver une île inconnue, le déchaînement d’une tempête, une aurore boréale, une lumière étale, l’envol des fous de Bassan, un havre de paix. Les ports ne sont pas sur terre mais regardent dehors. Ils ne sont là que pour partir.