L’impossible schizophrénie de l’auteur de romans jeunesse, de Florence Hinckel

Quelle image de lui-même renvoie-t-on à l’auteur de romans pour la jeunesse ?

2410_TPD_00040RV2-1024x434-1024x4341

Les premiers intéressés, les enfants et les ados, n’attendent que des bonnes histoires. Ils ne diront jamais « c’est bien écrit » mais « c’est trop génial ». Les enfants se moqueront bien de l’auteur qui est derrière ce bon moment de lecture. Ils se ficheront bien de son nom ou de ce à quoi il ressemble. Et je trouve ça très sain ! Les ados, c’est différent. Si vous les charmez avec une histoire, ils peuvent être d’une fidélité touchante et vous écrire des phrases comme « vous avez changé ma vie ». Ils vous demanderont pourquoi vous ne passez jamais à la télé ni dans les journaux, et vous ne saurez pas quoi répondre (votre humilité vous poussera à penser que c’est parce que vous n’êtes pas assez connu voire pas assez talentueux, et vous serez ainsi déjà tombé dans le piège du miroir tendu).

Les parents (en tout cas ceux qui montrent de l’intérêt pour ce que lit leur progéniture) se divisent en deux catégories très nettes : ceux qui considèrent les romans jeunesse comme de la littérature, et ceux qui pensent qu’il s’agit d’un médicament.

Pour lire la suite sur le blog de Florence Hinckel, cliquer ici

La fin des éditeurs ?

Un article d’Antoine Oury publié le 5 mai 2016 sur le site ActuaLitté

bettoni-success_660-V2._CB372927786_

Laurent Bettoni : “L’autopublication redonne plus de poids à l’auteur”

Laurent Bettoni est un vieux de la vieille de l’autopublication. C’est lui qui le dit : les auteurs indépendants le considèrent comme un « papy » dans le secteur, une référence. Pourtant, c’est Robert Laffont qui publie son premier livre, Ma place au paradis, en 2005. S’il s’est tourné vers l’indépendance et la diffusion sur Amazon via Kindle Direct Publishing, c’est un peu par nécessité, constatant que l’édition traditionnelle n’offre que peu de chances aux jeunes auteurs. Laurent Bettoni se lance aujourd’hui dans la création d’un label éditorial, Les Indés, qui cherche également, à sa manière, à proposer une nouvelle voie pour les auteurs et l’édition.

Pour lire la suite

Intelligence artificielle

Quelques liens proposés par Joëlle Winterbert (articles du site ActuaLitté)

Un algorithme informatique sélectionne les futurs romans à publier. 

un article d’Oriane Valot du 04/05/2016

Algorithme édition

Les ordinateurs, robots et algorithmes informatiques ne se contentent pas uniquement d’écrire des romans et de les qualifier pour des concours de littérature. Désormais, ils endossent également le rôle d’éditeurs, pour sélectionner des livres à publier. La plateforme de publication Inkitt gérée uniquement par intelligence artificielle a annoncé dans un communiqué de presse qu’ils allaient collaborer avec la maison d’édition américaine Tor Books pour « dévoiler le premier livre sélectionné par un algorithme de publication ».

Le robot qui écrivait des livres ne méritait quand même pas un prix littéraire.

un article de Nicolas Gary du 23/03/2016

robot

L’évolution de l’intelligence artificielle devient un terrain de jeu fantastique. La semaine passée, AlphaGo, la dernière création de Google, triomphait dans une partie du jeu de go du Coréen Lee Sedol, meilleur joueur actuel. Sur le plan de la stratégie, la machine est en mesure de dépasser l’homme. Et en littérature ? Eh bien un robot vient de s’incruster dans un prix littéraire, même s’il ne l’a pas emporté face aux autres concurrents.

Illustrations : 1/ domaine public – 2/ Nacho, CC BY 2.0

Lapin ! Memento Mori !, de Nicolas Gouzy

Lapins clapier
J’étais un « cuniculicide » et je suis toujours un « cuniculiphage ». Je dois me confesser de ces centaines de lâches assassinats que j’ai pu perpétrer sur ces petits animaux innocents aux longues oreilles et au museau en alerte communément appelés « lapins ». Ceux que je mange aujourd’hui sont élevés en batterie, engraissés aux granulés, bourrés d’antibiotiques, étourdis par électronarcose avant d’être tués, pelés et vidés à la chaîne, découpés et enfin emballés sous vide. Mais nous, nous en élevions des vrais, des vivants, dans des coffres en bois ajourés et branlants sans cesse retapés. Cela aurait pu s’appeler des clapiers, presque. Lire la suite…

Pot au feu, de Nicolas Gouzy

Bouillonfeu

Je ne sais pas vous mais moi, quand il ne fait pas beau comme ça, j’ai envie d’un bon pot-au-feu. Le Pot’au’f. ou Potof pour les intimes, c’est d’abord une histoire d’eau bouillie ou plutôt d’ébullition. Au départ une recette anglaise (je vous jure !) du bœuf, du sel, de l’eau froide, un bouquet garni, une « bouillaison » lente et contrôlée, puis, au bout de quelques heures, après avoir vérifié la tendreté de la viande et écumé deux ou trois fois ce qui ne commence qu’à peine à devenir du « bouillon », on ajoute des légumes, dans l’ordre inverse de leur fragilité, le temps qu’il faut. Si l’on commence déjà à douter de sa viande à ce stade, on forcera sur l’oignon brûlé et le girofle, ou sur le bouillon Kub. On peut aussi choisir de tout mettre d’un coup dans un autocuiseur et de tout faire cuire de manière impatiente et un rien aléatoire, c’est vous qui voyez. À l’époque où la viande, les légumes et ma vie avaient encore du goût (la même époque que celle où les enfants savaient se tenir à table, étaient bien polis, où le franc c’était mieux que l’euro et où Roger Gicquel nous faisait encore frémir à la télévision), c’était suffisant. Lire la suite…

Les éditeurs allemands sur la sellette

Un article de Nicolas Garry à ne pas manquer

sur le site ActuaLitté, 23 avril 2016

Copie Privée : les éditeurs allemands ont-ils volé les auteurs ?

éditeurs allemands_ACTUALITTE
La fin est très intéressante !
Pour l’heure, aucune des décisions européenne ou allemande n’a d’incidence en France. « C’est la différence majeure avec la France, où, aujourd’hui, le régime de droit de reproduction par reprographie est certes un mécanisme de gestion collective obligatoire, mais n’est pas une exception au droit d’auteur », nous précisait Philippe Masseron, directeur du Centre français d’exploitation du droit de copie, en mars dernier. Cependant, la décision « peut changer beaucoup de choses, si l’on considère que l’éditeur a toujours été un des bénéficiaires des rémunérations pour un certain nombre d’exploitations ».

Dans ces conditions, il se pourrait bien que tout le principe du registre ReLIRE soit mis en péril. D’autant plus que ce dernier a été porté devant la CJUE, et que ce dernier, fort de la décision Reprobel, pourrait ne pas apprécier ce système français très critiqué. 

Info transmise par Joëlle Wintrebert
Illustration : domaine public, site ActuaLitté

Hollande sur l’autel de la France, d’Yves Carchon

L’autre soir, triste prestation que celle de François Hollande ! Dire qu’on souffrait pour lui ne saurait résumer le gouffre séparant le Président de ces Français venus l’apostropher. Et pas n’importe comment. Le ton semblait donné : parler franc, plutôt net, sans fioritures à un président qui se voulait encore « normal ». Certes, on mettait les formes mais on sentait monter l’exaspération de ces représentants, censés porter la parole citoyenne, qui ne se sentaient plus compris ni en adéquation avec le pouvoir à Paris. Un dialogue de sourds où notre président tentait vaille que vaille d’endiguer l’impatience émanant des questions, dont les réponses ne convainquaient personne. Moi le premier. A croire qu’un spleen démocratique a peu à peu fondu sur l’Hexagone. Oui, le dialogue est bel et bien grippé entre nos dirigeants et nous qui aujourd’hui n’en pouvons mais. Gravissime divorce exposé en direct où notre président se débattait dans la nasse des réalités d’aujourd’hui, rimant hélas avec chômage, précarité, misère, confusion politique et tentation pour de nombreux compatriotes de se livrer aux sirènes du FN. Le dialogue citoyen a bien sûr ses limites, celle notamment de démythifier le Président et sa fonction, au risque de devoir réduire ses interventions et son action à celle d’un comptable devant rendre des comptes aux contrôleurs en chef que nous serions. Dans l’exercice, il y avait hélas de l’hallali, un je ne sais quoi pareil à une fin de règne, piteuse et malheureuse. Dommage. On peut penser pourtant qu’un tel psychodrame aura peut-être le mérite de générer un sursaut salutaire dont notre France aurait besoin. On l’espère de tout cœur, même si l’on a perdu nos dernières illusions.

Reddition des comptes et résiliations de contrat

Un article proposé par Joëlle Wintrebert

Comme nous vous l’avions déjà indiqué, le nouveau contrat d’édition (loi votée en décembre 2014) oblige les éditeurs à vous envoyer des relevés de droits, au plus tard dans les six mois qui suivent l’arrêté des comptes, comme prévu sur votre contrat.
(En général, les comptes sont arrêtés au 31 décembre, et vous devez donc recevoir votre relevé au plus tard le 30 juin qui suit.)

Si ce relevé ne vous est pas envoyé dans les temps, ou s’il est incomplet, vous pouvez dans les six mois suivant la date limite envoyer une mise en demeure. Faute de réponse de l’éditeur, votre contrat est réputé résilié de plein droit (c’est automatique, vous n’avez aucune démarche supplémentaire à effectuer). Si vous souhaitez malgré tout continuer à publier chez cet éditeur, il devra signer avec vous un nouveau contrat (pour chaque titre, s’il en éditait plusieurs).
Si votre éditeur s’est exécuté à la suite de votre mise en demeure dans les délais (trois mois) qui lui sont impartis, mais que son manquement (non-envoi du relevé) se réitère l’année suivante, vous obligeant à une nouvelle mise en demeure, le contrat est cette fois résilié de plein droit, quand bien même l’éditeur vous enverrait ce relevé dans les trois mois.

Ci-dessous :
document SGDL/SNE pour contrôler que votre relevé vous apporte bien les informations suffisantes
— des modèles de mise en demeure et lettre d’accompagnement (bien rigolos) édités par La Charte :
Modèle de mise-en-demeure
Modèle de lettre-accompagnement

 

« L’Apparition » de Perrine Le Querrec, chronique de Jean Azarel

Une chronique sur « L’Apparition », ouvrage paru aux éditions Lunatique

 

lapparition-perrine-le-querrec

Si le vœu du lecteur est de sortir indemne d’un livre, qu’il ne s’aventure pas dans celui-ci. À l’encontre des écrivains qui chantent  les vertes prairies de l’enfance et ses sucreries, Perrine Le Querrec explore avec l’Apparition des territoires plus reculés aux ritournelles singulières.
Trois pas du côté du banc, et trois pas du côté du lit. Trois pas du côté du coffre, et trois pas. Revenez-ici.
Dans le village intemporel d’Ici-Bas, le roman lance ses dés au gré d’une aventure peu commune, et comme une pièce de monnaie tombe de manière exceptionnelle sur la tranche, le sort en est jeté entre prédestination au malheur, longue traîne des siècles de folie humaine, magie du hasard élémentaire.

Aux confins de la psychiatrie et des anciens mystères, l’écrivain fraye le chemin d’une écriture hallucinée au service d’une urgence à portée universelle. Elle est une des rares auteures contemporaines dont la forme rattrapée par la transe, rend grâce à la Matière tout en l’accouplant à l’Esprit par l’entremise d’un souffle tectonique qui se fond dans la langue. Leur osmose aux abois constitue le porté à connaissance de dégâts séculaires dont Perrine Le Querrec a  hérité par contumace, et qu’elle transcende dans la ferveur d’un imaginaire contraint de se pacser avec la sauvagerie du quotidien.
Dans L’Apparition, le miracle, avant d’être récupéré puis galvaudé par la cohorte des marcheurs du temple, s’entend au sens médiéval, quasi mystique, du terme. Il se débat dans l’espace d’une gouvernance des hommes par les dieux, les croyances, et leurs avatars.
C’est tout juste si nous savions où se trouvait notre main droite, tellement nous étions isolés. 

L’Apparition raconte l’histoire de PetraPieraPierette, trois sœurs qui n’en font qu’une, et de Létroi, l’idiot du village qui les veille pour trois et s’arrime à Piera jusqu’au cataclysme. La chute finale de Piera retournée, lapidée par la multitude, nous renvoie à  celle de Basile, engloutie par la foule, dans le un-happy end de Têtes Blondes. La geste incantatoire de Laitroi (orthographe à bascule), conjuguant scansion catatonique et mantra de longue haleine, clôt ce livre hors normes où, comme chez Rilke Tout ange est terrible.
Mon nom Létroit  / Ma bien aimée apparue te rends en hâte à la montagne offrir tes trois trous des yeux de la bouche / Tu es juste des os de la peau du jus de pierre mon amour.  À la dernière ligne, le lecteur « s’assoit par terre étourdi ». La messe est dite, aussi profane que sacrée.

Toute révélation des grades supérieurs s’acquière à l’arrache. Il est des extases trop profondément outragées pour ne pas exiger des suites littéraires. Au terme de la transmutation des métaux, fussent-il vils et douloureusement abrasifs, Perrine Le Querrec accouche de l’or fin. On ne saurait trop conseiller aux éditeurs qui ont compris que l’écrivaine est un trésor, de la laisser mettre bas sans péridurale ni entraves.

 

 

Résistants, de Thierry Crouzet

Un roman sur Instagram ? « Il y a un potentiel dans cet outil, pour faire de la littérature… »

Au départ, c’est une expérimentation, comme Thierry Crouzet a pris l’habitude d’en réaliser. « Je voulais trouver une solution pour parler au plus grand nombre, d’un sujet grave. » Et pas des moindres : selon les scientifiques, la résistance des bactéries aux médicaments serait aussi sérieuse que le réchauffement climatique. Écrire un livre sur le sujet méritait en effet de passer par des outils inédits…

Lire l’article de Nicolas Gary du 11 avril 2016, site Actua Litté

couv_CROUZET

le site de l’auteur

Répartition du droit de prêt en bibliothèque, communication de la Sofia

12,9 millions d’euros répartis aux auteurs et aux éditeurs

viera da SILVA_bibliothèque

La Sofia procède actuellement à la 10e répartition de la rémunération provenant du droit de prêt en bibliothèque, pour les sommes perçues au titre de l’année 2013. Auteurs et éditeurs se voient attribuer 12,9 millions d’euros, répartis en deux parts égales.
L’abondement versé par la Sofia au régime de retraite complémentaire des écrivains, des traducteurs et des illustrateurs s’est accru de 400 000 € par rapport au précédent versement. Par ailleurs, le total des sommes perçues au titre de l’année 2013 (16 798 090 €) est en augmentation de 335 000 € par rapport à la collecte effectuée au titre de l’année 2012.
On notera que l’abaissement du seuil de mise en distribution à 20 euros a décalé d’une quinzaine de jours le calendrier des paiements : en effet, jusqu’à maintenant les droits inférieurs au seuil de 15 exemplaires d’un livre (soit 30 euros environ) étaient conservés dans les comptes des bénéficiaires à la Sofia. Ces sommes étaient distribuées dès qu’elles atteignaient le seuil prescrit. Même si certains montants sont modestes, la Sofia se félicite d’être, désormais, en mesure de verser leurs rémunérations à davantage d’ayants droit.
Pour les droits 2013 en cours de distribution, 367 536 titres ont été rémunérés pour 5 763 134 livres achetés par des bibliothèques, ces ouvrages provenant de 68 000 auteurs et de 2600 éditeurs. Ainsi, pour chaque exemplaire acheté, 1,97 € sont partagés entre auteurs et éditeurs.

Détail de la répartition

Total des sommes perçues pour l’année 2013 16 798 090 €
Abondement du régime complémentaire de retraite des écrivains, des traducteurs et des illustrateurs 2 404 385 €
Montants déduits pour frais de gestion 1 470 923 €
Montant net mis en répartition 12 922 782 €

Une grande partie des projets informatiques ayant été amortie avant de nouveaux engagements, les frais de gestion de la Sofia sont en baisse : ils passent exceptionnellement de 11.81 à 8.76 % au titre de cette répartition.

Illustration : The library, Vieira da Silva, 1949 (huile sur toile)

communiqué de la Sofia, 31 mars 2016

SOFIA (Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit)

Droit de prêt : un fournisseur de livres condamné à se conformer à l’obligation légale

 

La Cour d’appel de Douai a rendu le 17 mars 2016, un important arrêt en matière de droit de prêt au public, dans une affaire opposant la Sofia à la société Sirège.  Ce fournisseur tentait de s’exonérer de ses obligations légales, en invoquant que la rémunération ne s’appliquait pas aux livres défraîchis, soldés ou déstockés, aux prix desquels il appliquait une remise de l’ordre de 44% en faveur des bibliothèques publiques.

Après 5 ans de procédure, l’arrêt de la Cour d’Appel de Douai du 17 mars 2016 vient de confirmer, en tous points, le jugement du Tribunal de Grande Instance de Lille du 6 novembre 2014. Il condamne Sirège à verser la somme de 379 380 € en rémunération du droit de prêt d’ouvrages vendus du 1er août 2003 au 31 décembre 2015, lui ordonne, sous astreinte de 100 € par jour de retard, de déclarer toutes ses ventes effectuées auprès des bibliothèques à partir du 1er janvier 2006 jusqu’au prononcé de l’arrêt d’appel. La société Sirège est également condamnée à payer la somme de 10 000 € à la Sofia par application de l’article 700 du code de la procédure civile et à verser la somme de 3000 € en réparation du préjudice collectif.
Ainsi, en ne réglant pas la rémunération de 6% sur le prix public hors taxes prévue par la loi du 18 juin 2003, un fournisseur de livres commet des actes de contrefaçon. Lire la suite…