J’écris aux hommes, texte de Nicolas Gouzy

verboeckhoven-4060-3748dig-lJ’écris aux hommes qui croient que Dieu leur appartient parce qu’ils prononcent son Nom, qu’Allah les admire parce qu’ils meurent en son Nom, que leurs dieux en ont quelque-chose à faire d’eux. J’écris aux hommes qui pensent avec leurs sexes, avec leurs coutelas, avec leurs armes. J’écris aux hommes pour qui les femmes sont des objets, les enfants des proies, tous les autres des ennemis. J’écris aux fanatiques qui n’ont qu’un Livre : ces aliénés du Monde des vivants, ces quasi-morts qui croient encore que leur mort sera glorieuse. J’écris aux fous de Dieu, à tous ceux qui haïssent l’amour, la vie, la culture, le plaisir et les rires des enfants, à tous ceux qui préfèrent à la musique douce et simple de la vie le fracas des bombes, les hurlements des blessés et les pleurs de ceux qui restent. J’écris car je ne sais pas pleurer. Vous serez des mots sur des listes de morts sans tombes, des morts perdus dans des listes de mots. Nous aurons tout le temps pour oublier vos noms, oublier votre mémoire, vos cris barbares. Vous n’aurez eu que le court instant de votre mort pour exister. Nous trouverons les mots pour oublier votre histoire. Ce que vous criez à la face des vivants n’est terrible qu’un temps, n’est obscène qu’un moment. Le silence de notre Paix remplacera le vacarme de vos guerres. Le Monde effacera vos traces ; vos empreintes de sang seront gommées par la joie de vous voir disparaître de nos livres. Vous êtes un pas perdu sur le sable à marée basse, un papier gras que le vent pousse, une bourrasque froide que le printemps chasse. Vous n’êtes rien.

22 mars 2016

illustration : Le Lion belge brisant ses chaînes, étude de Eugène Verboeckhoven, 1830

Quand Jérémi devient Edgar, par Françoise Renaud

Représentations, premier album CD signé Aster et Edgar.

ASTER&EDGAR

On connaissait Jérémi Sauvage écrivain et voilà qu’on le découvre arrangeur, compositeur, directeur musical. Et aussi musicien. À la guitare acoustique, ça déménage, ça décolle, ça décoiffe. Le voilà devenu Edgar aux lunettes noires à la voix rauque et à la mèche rebelle. Sa partenaire Nathalie Auger a une voix savoureuse. Elle écrit les textes. Murmure, susurre, mange des caramels mous, nous grignote l’oreille. À chaque tournant elle donne envie d’être gourmand.
Alors on écoute, on se laisse faire, on se glisse avec eux dans les draps.

Dix chansons – Des bulles bleues, Complexe, Bad boys, Éternel… – qui parlent de la vie, de l’amour, des départs, des mots et des vivants.

Ô toi, l’humus de mes émois
Terreau riche et fertile parfois
J’aime me rouler dans ton limon
Danser la gigue, manger du lion […]

Dix chansons rock sensuelles et ardentes, aussi brûlantes que du caramel fondu. Ça mord dans le vif, dans la chair. C’est exquis.
À écouter en boucle.

Représentations, CD, Le Clau productions, février 2016
le site ASTER ET EDGAR

SGDL : consultation de vos chiffres de vente

La SGDL met en place un service supplémentaire pour ses auteurs.

livres_liseuses.com

La SGDL a passé un accord avec GFK, institut d’études et d’audit marketing, pour proposer la consultation en ligne, depuis un terminal dédié, des chiffres de vente de vos livres en France tels qu’ils ressortent, en temps réel, des estimations du « Panelsculture » de GFK.
Cette consultation se fera depuis un ordinateur à l’accueil de l’Hôtel de Massa. Les auteurs membres de la SGDL pourront venir sur place faire une recherche personnelle en interrogeant le « Panelsculture » GFK et obtenir les estimations de vente de leurs ouvrages, titre par titre. L’accueil de la SGDL est ouvert du lundi au vendredi de 9h00 à 17h30. L’auteur devra se munir des numéros ISBN de ses titres, sachant que selon les éditions, le numéro d’ISBN change.

Toute personne, munie d’une procuration, peut faire la démarche pour le compte d’un auteur membre. Il suffira, pour cela, que l’auteur prévienne la SGDL par courriel (accueil@sgdl.org) en indiquant le nom de la personne venant se présenter à sa place.
Pour consulter, les auteurs doivent se munir de leur carte de membre et les personnes les représentant de leur pièce d’identité. Lire la suite…

L’assemblée générale de l’association, 25 février 2016

2016_AG

Notre assemblée générale s’est tenue le jeudi 25 février 2016 à la salle Pétrarque à Montpellier. Un moment très convivial a suivi la réunion, l’occasion de croiser certains de nos adhérents qui se font plus rares en cours d’année. Merci à tous pour vos présences.

              IMG_4415   IMG_4417

IMG_4416

Images volées par Thierry Crouzet et Philippe Castelneau

S’auto-éditer ?

Joëlle Wintrebert nous rappelle le lien vers le site de Jean-Claude Dunyach qui permet d’accéder gratuitement à un excellent tutoriel pour créer soi-même un ebook.
Sinon, sur l’autopublication, un article d’ActuaLitté paru le 16 février 2016 : Modèle auteur-entrepreneur : les auteurs peuvent-ils vraiment s’auto-éditer ? 

autopublication-service

Pour ceux qui souhaitent être vraiment guidés, des plateformes permettent de réaliser facilement son livre, comme celle d’Amazon.
Et pour les plus feignants, on peut rappeler les services proposés par un excellent maître d’œuvre, Joseph Périgot (qui vit à Bédarieux, au bord de l’Orb). Voici ce qu’il nous dit :

« Ma fréquentation des participants aux ateliers d’écriture de Virginie Lou m’a permis de constater que nombre d’entre eux envisagent, un jour ou l’autre, de publier leurs textes, d’en faire un « vrai livre ». À défaut d’être « accepté » par une maison d’édition classique – ce qui est de plus en plus difficile dans un secteur dénaturé par la recherche du profit –, éditer un livre sur papier et un ebook est le point d’aboutissement de ce dur travail de patience qu’est l’écriture. Par chance, la technologie numérique permet aujourd’hui de faire fabriquer un livre en un seul exemplaire, et pour la modique somme de 5 €. C’est ce qu’on appelle « l’impression à la demande » (POD, « Print On Demand » en anglais). De plus les réseaux sociaux sont là pour faire connaître l’ouvrage. Même s’il ne se vend qu’à vingt exemplaires, l’auteur aura le plaisir du partage. Mais la préparation des fichiers pour l’impression requiert un minimum de savoir technique qui fait souvent défaut aux auteurs. D’où l’aide que je propose, pour le prix forfaitaire de 390 €, avec la garantie d’un résultat professionnel. J’ai écrit quelques livres, j’en ai mis en page comme graphiste, imprimé comme imprimeur, édité comme éditeur, vendu comme libraire. En somme, j’ai fait en trente ans toute la chaîne du livre, à l’exception du maillon diffusion-distribution. Je crois pouvoir dire que je connais mon affaire !
Consultez mon site : autoedition.litteratures.fr »

Illustration : photographie de l’article d’ActuaLitté

 

 

La Piscine, revue graphique et littéraire, N°0

La Piscine est une revue graphique et littéraire, en diptyque, à lire tête-bêche. Deux côtés, une face A en couleur et une face B en noir et blanc, à retourner comme nos beaux vieux disques vinyle. Une maquette élégante, une impression soignée. Un projet simple et ambitieux : diffuser la création contemporaine dans une publication à la fois belle et exigeante, qui réunit les auteurs et artistes que nous aimons, dont nous suivons le travail et partageons la sensibilité.
La revue publie tout genre de littérature et d’arts visuels : poésie contemporaine, prose poétique, fiction ou non-fiction et arts graphiques au sens large (dessins, photographies, gravures, etc.)
Certains auteurs sont connus, d’autres moins, et on peut y retrouver des auteurs de la région.

 

Revue La Piscine (semestriel) — Format 21 x 27 cm couverture sur offset 250 g/m — 72 pages intérieures sur offset 120 g/m — Dos carré cousu — ISSN en cours
N° 0 — thème H2O : 15 € — déjà disponible
Le numéro zéro est en vente ici : http://j.mp/LaPiscineH20

La Piscine est une publication des Éditions La Cyprière
Comité de rédaction : Louise Imagine, Alain Mouton, Christophe Sanchez et Philippe Castelneau

Bataille herniaire de l’orthographe ? d’Yves Carchon

bataille d'HernaniRéformer notre orthographe n’est pas nouveau. Pourtant, chaque réforme qui advient suscite grincements de dents et grande passion faisant se lever chez nous deux bruyantes armées : les pour et les contre. Éternel débat qui, en France plus qu’ailleurs, mobilise toujours les plus vives énergies. Notre langue est inhérente à notre identité et y toucher, c’est toucher à notre intégrité. Je résume, mais c’est un peu le sentiment des contre. Les pour brandissent l’étendard de la modernité, assurant qu’une langue ne survit qu’en se renouvelant, intégrant de fait subtilités ou simplifications, voire des mots étrangers pour la parer ou même la fouetter pour qu’elle retrouve (ou garde) sa vigueur. Les pour et les contre ont bien sûr également raison. J’avoue avoir un pied dans les deux camps. Ôter l’accent circonflexe à entraineuse par exemple n’est pas très grave, même si ce minuscule chapeau coiffait coquettement celle portée par ce mot. Le rajouter à la conjugaison : je croîs (pour le verbe croître) pour ne pas le confondre avec le : je crois (du verbe croire), pourquoi pas, encore que le contexte de la phrase paraissait suffisant pour la compréhension… Mais apporter un tréma sur arguer (argüer), j’avoue ne pas comprendre. En revanche, enlever un l à imbécillité me paraît bienvenu (imbécilité). Reste la nouvelle orthographe de : nénufar, ognon, joailler, persiffler… et quelques mots anglais comme leader transformé en leadeur.

Tout cela nécessite-t-il une bronca ? Une nouvelle bataille d’Hernani entre les Anciens et les Modernes ? Le soir, juste avant de m’endormir, j’ai un faible pour que notre belle orthographe demeure en l’état. Au matin, la retrouvant intacte, je me dis qu’il nous faudrait l’épousseter un peu !

Lettre de Pascal Dessaint

En France, faire disparaître les auteurs, “on se demande s’il n’en est pas question”
article publié sur le site ActuaLitté – 15.02.2016
 

Depuis le 30 décembre 2015, les associations et organisations syndicales défendant les artistes auteurs ne décolèrent pas. La réforme de la sécurité sociale, largement contestée, a été entérinée avec le décret d’application, signé de la main du Premier ministre. La rue de Valois n’a finalement pas eu grand-chose à dire, tant le ministère des Affaires sociales avait verrouillé l’ensemble de cette réforme. Aux auteurs, maintenant, de se faire entendre.

pascal-dessaint-réforme-raap
Pascal Dessaint © Philippe Matsas /Opale

C’est ce que Pascal Dessaint, auteur de polars multirécidiviste (chez Payot) a décidé de faire. Il s’est lancé dans une adresse au Premier ministre, Manuel Valls. Il fait suite à une pétition adressée à François Hollande, signée par les artistes auteurs, et bien d’autres personnes encore, sensible à une situation délicate.
Aujourd’hui nous demandons au gouvernement l’abrogation immédiate du décret RAAP-IRCEC et l’ouverture de négociations avec nos représentants. Ce décret est parfaitement inadapté aux spécificités de nos professions artistiques. Il dégrade encore un peu plus nos conditions d’exercice professionnel déjà extrêmement précaires. (retrouver la pétition en ligne ici)
Avec l’autorisation du romancier, nous publions sa lettre ouverte.

« Monsieur Valls, votre décret sera fatal à certains auteurs » […]

lire la lettre de Pascal Dessaint ici

 

Les Vases communicants, croisements d’écriture

François Bon, Tiers Livre, et Jérôme Denis, Scriptopolis, sont à l’initiative du projet des Vases Communicants.

Le principe, c’est ne pas écrire pour, mais chez l’autre. A charge à chacun de préparer les mariages, les échanges, les invitations. Circulation horizontale pour produire des liens autrement.
On peut se donner un point de départ, s’échanger une photographie, s’inspirer d’un poème… on crée comme on veut. Le rendez-vous, c’est le premier vendredi de chaque mois.
Voici le programme du 5 février 2016 sur le blog : Le rendez-vous des vases communicants, tenu désormais par Marie-Noëlle Bertrandayant pris la suite d’Angèle Casanova et de Brigitte Célérier.

 

Deux auteurs de ADA, Philippe Castelneau et Françoise Renaud, se sont proposés des photographies noir et blanc dont ils sont l’auteur. Et chacun a écrit sur la photo de l’autre. Richesse de l’échange, croisement des histoires, force des univers ainsi confrontés.

arbre_Castelneau

Le Couteau, texte de Françoise Renaud écrit à partir de cette photographie de Philippe Castelneau,

publié sur le blog Rien que du bruit

 

eaudormante_déc2015

Le Réservoir, texte de Philippe Castelneau écrit à partir de cette photographie de Françoise Renaud,

publié sur son blog Terrain Fragile

Les auteurs, toujours dernière roue du carrosse…

Voici relayés ici deux excellents articles d’ACTUALITTÉ, sur l’avenir sombre qui se profile pour les auteurs.

manif_auteurs

RAAP : “Plus que la paupérisation, c’est une disparition des auteurs qui se profile”

article de Nicolas Gary – 26.01.2016

[…] L’auteur ne se passera pas de son éditeur, à l’avenir, « mais il devra peut-être le contourner pour se sauver. Travailler avec une maison de temps à autre, et se positionner comme auto-auteur, sur le modèle de l’autoentrepreneur, d’autres fois », estime un scénariste. « Auteur, demain, qu’est-ce que cela signifie ? Ce n’est pas la même chose fiscalement, au niveau de la sécurité sociale, dans la législation, et en pratique, n’en parlons pas. »

Des auteurs autopubliés, bientôt comme norme ? « Le problème c’est que les bourses comme celle du CNL sont calquées sur un modèle tiré des années 70. Il faut un contrat d’éditeur, voire plusieurs, sinon on n’y souscrit pas. Et dans le même temps, on ne peut pas distribuer sans limites un argent qui se raréfie. Il y a d’autres types de subventions et elles suivent le même principe : pour être auteur, il faut être publié par un éditeur. »  […]

 et

Loi Création : le Sénat veut supprimer le seul article consacré aux auteurs

article de Clément Solym – 28.01.2016

Illustration : ActuaLitté, CC BY SA 2.0

Qui lit à l’Élysée ? d’Yves Carchon

illustration d'Yves Carchon

Les commémorations se suivent en ce mois de janvier. François Hollande, dit le Petit, se tourne vers François le Grand qui repose à Jarnac. Pense-t-il trouver un nouveau souffle et une inspiration en dialoguant avec le Vieux ? Vingt ans après, le mousquetaire qui faisait la synthèse comme personne, est à son tour devenu président. Il manie certes avec adresse le fleuret, maîtrise parfaitement l’art de l’esquive, embrouille brillamment son monde, est roi de la palinodie et prince de la volte-face. Que manque-t-il au spadassin qui a flingué Sarko ? François le Grand lisait et connaissait l’Histoire. Hollande le Petit, en bon énarque, ne lit jamais et semble de ne pas connaître notre Histoire… En géographie, voire en géostratégie, on savait Mitterrand imbattable. Il savait où était la Saintonge, par exemple… Pas sûr qu’Hollande le sache ! En revanche, il semblerait qu’avant son accession à l’Élysée, Hollande le Petit n’ait jamais vu d’autres pays que la seule France. Bigre ! Le voyage ouvre pourtant sur le monde… Il semblerait que même en science économique, qu’on enseigne à l’ENA, il n’ait pas beaucoup de lumières. Conduire une vespa ne suffit pas à guider le char de L’État ! Tendre vers la normalité non plus. François le Grand doit bien rire dans sa tombe. Il avait assuré, un peu avant sa mort, que ceux qui le suivraient aux manettes de L’État ne seraient plus que des comptables. C’est pire : ce ne sont plus que des surfeurs qui prennent la vague quand il le faut, avec pour seul souci d’être portés par elle le plus longtemps possible et le plus loin.