Le ciel du dessous, de Jean Azarel

Le ciel du dessous, poésie, La Boucherie Littéraire, octobre 2016

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Comme tant d’autres, il croyait qu’il n’y avait qu’un ciel.
Il se trompait. Ils étaient trois !

« Ganter l’éclipse
de nos sécrétions,
espérer violemment
que l’embrasement mène
à tous les ciels perdus. »

Propos croisés – sur la vie, sur la Bible et sur Dieu, de Michel Théron

Propos croisés – sur la vie, sur la Bible et sur Dieu, roman par lettres, éditions Golias, mars 2016

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C’est un petit roman par lettres, destiné à montrer de façon sensible et vivante la polyphonie essentielle de la Bible.

(format : 14 x 14 cm, 106 pages)

Artemisia, de Jean Reinert

Tertiarisa, théâtre, L’Oeil du souffleur, septembre 2016

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EXTRAIT
Borghese : La vérité, le juge Felice la découvrira, je n’ai aucun doute là-dessus.
Artemisia : Demain, il me fait subir le supplice de la Sibylle. Si je perds mes mains, c’est comme
si je mourais…
Borghese : Pourquoi tu t’imposes cette épreuve? Renonces-y.
Artemisia : Pour innocenter Agostino ? Et rester déshonorée ? Et mon père aussi ? Je préfère
mourir !
Borghese a un mouvement d’agacement.
Borghese : Ce procès est scandaleux. Malheur à celui par qui le scandale arrive ! Pour ce qui est
de la vérité, nous l’aurons. La justice de notre Saint-Père sera sans défaillance…
Artemisia : Pourquoi Agostino ne la subit-il pas, lui, la torture de la Sibylle ?
Borghese, avec une froide ironie: Hé! Mais j’en ai besoin, moi, des mains d’Agostino !

Pollen, de Joëlle Wintrebert

Pollen, roman d’anticipation, Au diable Vauvert, août 2016

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Société humaine matriarcale, utopiste et pacifiste, la civilisation de Pollen maîtrise la reproduction par manipulation génétique et fécondation in vitro. Pour éradiquer la violence, elle a relégué ses guerriers sur une planète satellite. Pollen présente un portrait doux et subtil des liens de pouvoir, de domination et de désir qui unissent ou séparent les deux moitiés de l’humanité…

On peut lire un extrait de ce roman sur le site de l’éditeur.

Perle de Jade et l’oiseau blanc, de Marie-Hélène Lafond

Perle de Jade et l’oiseau blanc, album jeunesse, éditions Livr’S (collection Jeunesse), 15 septembre 2016
Illustrations : Christèle Lim

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Une petite île, perdue au milieu de l’océan… Il y a mille ans, des moines ont construit un temple, où seuls certains enfants sont autorisés à entrer. Ceux-ci sont chargés de prendre soin d’oiseaux qui doivent exaucer les vœux des villageois tous les ans, lors de la fête du printemps. Cette année, Perle de Jade fait partie des heureux élus. Elle en est très fière et très contente. Pourtant, tout au long de cette semaine, elle va subir les moqueries de Mo, un garçon hautain et orgueilleux. Arrive alors le dernier jour de la fête du printemps…

Miroir, mon beau miroir…(épilogue), de Nicolas Gouzy

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Je lève un bras vengeur et… tout dérape ! Je m’y attendais un chouïa. Mon coup rencontre le vide ! Ma masse empêtrée dans les droïdes, emportée par son poids, file à travers le trou-miroir sans rencontrer la moindre résistance, comme si je l’avais projetée à travers une  ouverture dans la cloison. Déséquilibré, je trébuche et me vautre sur le lavabo que je percute la boule en premier, plein fer sur le rebord, KO, fondu au noir !

Je me réveille dans l’état que vous imaginez…Mon premier réflexe est de vérifier cet état dans le miroir, évidemment. Figurez-vous que je m’y vois ! Normalement, avec tout partout, et dans le bon décor cette fois ! Je ne suis pas beau à voir mais c’est un tel soulagement que j’embrasserais bien mon reflet. Quel bonheur de voir cet hématome bleui et gonflé me recouvrant la moitié de la figure, cette lèvre fendue soulignée par un filet de sang coagulé ! Je ne peux regarder qu’avec l’œil droit, l’autre est gonflé, quasi fermé, mais c’est un régal ! Mes esprits me reviennent peu à peu, comme mon reflet m’est revenu et justement…Merde ! Quelque-chose cloche. Là-bas, dans le reflet, la masse a fracassé la paroi vitrée de la douche et la serviette Star-Wars gît sur une jonchée de verre brisé. Je me retourne. Tout est intact « chez moi ». Je tâte le miroir de la main, lisse, dur et frais. Le coup sur la tête a dû me faire perdre les pédales. J’ai tout rêvé dans le temps de mon petit coma, allongé sur le carrelage. Rien de tout ceci n’est arrivé et dans quelques secondes les deux côtés de mon miroir seront enfin semblables.

C’est ce que je pense, ce que je souhaite, ce que j’espère. Je vais chercher de la glace dans le congélateur de mon frigo pour me mettre sur la tronche. Je farfouillerai dans les placards pour trouver de l’aspirine quelque part et un whisky aussi. Peut pas faire de mal, vu l’état du buveur. Mais sitôt le seuil de la salle de bains franchi, j’entends dans mon dos un fracas de verre brisé et un autre choc, sourd, au sol. Je me retourne suffisamment vite pour englober dans un seul coup de l’œil qui me reste : la version face de la paroi de douche ravagée et l’image du dos d’un « moi-pile », quittant l’autre-côté de ma salle de bains dévastée « pour de vrai » tout en me faisant un doigt d’honneur tout à fait terrifiant.

Miroir, mon beau miroir… (6), de Nicolas Gouzy

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…/… La farce a assez duré. Même si le bouquet « voyeur planétaire » m’est offert sans abonnement, je trouve ça indécent. Je ne connais pas de lieu plus intime et plus secret qu’une salle de bains, même pas la chambre à coucher ouverte pourtant à tous les sextapes, comme les moulins de l’ancien temps étaient ouverts à tous les vents. La salle de bains c’est le lieu de l’abandon par excellence, le lieu de l’aveu, là où santé, propreté et beauté échappent encore un peu aux diktats et aux regards inquisiteurs d’une société obsédée par la performance. Le matin, à 6-7 heures, tu performes rien du tout, tu rampes, tu râles, tu éructes, tu craches, tu pètes, tu te cures les oreilles, tu essaies de venir à bout des mèches rebelles d’une tignasse informe. Et je ne parle même pas des batailles qu’y livrent les femmes… La salle de bains est l’endroit où se concentrent les tabous sur les corps nus, les vérités sur les silhouettes imparfaites, sur les cicatrices, les prothèses, sur les petites tromperies que permet un maquillage discret et même sur les grands ravalements. C’est aussi le lieu de toutes les promesses : celle du poids idéal reconquis comme celui de la beauté conforme et conquérante.
Vous n’imaginez pas une option « share » bombardant sur Youtube vos aventures balnéaires démaquillées, flasques et hésitantes ? Non ? Alors vous comprendrez ma décision du moment. Je fonce chez le Bricotout le plus proche. En route, je m’étais plus ou moins décidé pour un marteau arrache-clous. Il y en a de magnifiques, tout inox, aux manches gainés de caoutchouc noir, sans doute pour menuisiers sadomasos. Mais une masse à manche court, d’un bon kilo et demi, emporte finalement ma décision.

L’instant de l’hallali vitrier est arrivé. Je suis un peu fébrile et j’ai les mains moites. Je n’aurais pas fait un bon bourreau.
Dans ma salle de bains, R2D2 et C3PO sont toujours cramponnés au « démiroir ». Tant mieux, je frapperai dessus pour éviter les éclats. Je débarrasse les bords de la vasque du petit merdier qui l’encombre et en recouvre le fonds d’une seconde serviette de toilette pour y recueillir les morceaux. Ça va cogner. …/…

Miroir, mon beau miroir…(5), de Nicolas Gouzy

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…/… Après la surprise et l’enthousiasme (ou l’effroi) viennent l’habitude et l’ennui, puis le désintérêt. Rapidement pour moi qui, depuis tout petit, m’enflammait quasiment spontanément pour tout délaisser aussi rapidement. Une sorte de lassitude me prit. Non pas que le phénomène en lui-même cessât d’être surprenant, non, mais sa tranquille manifestation au cœur de l’environnement tellement anodin de ma salle de bains le…pacifiait. J’éteignis mon smart, j’avais enregistré bien assez de néant. Je songeais prosaïquement à remplacer mon miroir, comme s’il était simplement défectueux. Peut-être par une armoirette à pharmacie pour ranger les trois Dolirhume qui me restaient d’un refroidissement hivernal. Existait-il une « garantie reflet » sur les nouveaux modèles ? Un interrupteur discret sur les miroirs haut de gamme dont la fonction était de gommer son image lorsqu’elle ne vous plaisait pas, ou plus ? Mais mon miroir avait plus d’un tour dans son sac. Il mit à profit les trente secondes pendant lesquelles je lui tournais le dos (pour pisser un coup) et changea ses sournoiseries. Un court instant je me suis lavé les mains machinalement. Le filet d’eau s’écrasait sur rien, éparpillait filets et gouttelettes sur mes mains invisibles puis coulait au fond de la vasque…qui n’était plus la mienne ! Je levais les yeux pour observer une autre salle de bains, rien de moins ! Cela valait bien le bond arrière qui me propulsa dans la douche. Voilà que mon miroir ouvrait une nouvelle fenêtre vers une autre réalité, puis une autre, une autre encore, toutes les cinq secondes environ. Un stroboscope balnéaire, pas moins, peuplé d’autres figures, de dizaines de personnes. Là y’avait de quoi rester coi ! Je n’eus même pas le réflexe de me remettre à filmer, trop hypnotisé par ce spectacle hallucinant, comme médusé. A chaque fois qu’un nouveau visage me fixait, je sursautais, m’imaginant devenir l’image inversée d’un anonyme lointain s’observant sans trop se voir pour, peut-être, me découvrir tout d’un coup, passager clandestin de son miroir, ahuri, yeux écarquillés et bouche ouverte, en train de le fixer depuis mon côté. Quelquefois l’image était vide d’humains, je n’y voyais qu’un décor plus ou moins réussi, puis tout soudain mon miroir me montrait un jeune couple, une famille pressée et puis encore et toujours cette enfilade de bustes plus ou moins dénudés, plus ou moins bien faits, surmontés de leurs têtes attitrées, par milliers…Pour calmer le vertige qui m’envahit alors je jetais une serviette de bains sur cette farce aliénée, me servant des deux appliques latérales pour tendre un écran opaque entre mon monde et tous ces autres. Les deux droïdes de Star Wars (geekitude oblige)  sur lesquels j’essuyais ma figure et mes fesses depuis une semaine allaient me protéger de ce déferlement, le temps que j’avise. …/…

Miroir, mon beau miroir…(4), de Nicolas Gouzy

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…/… Ce coup-ci je vais tout filmer avec mon smartphone, on verra plus tard à en tirer quelque chose d’exploitable. Si je ne m’y vois plus et bien mon smartphone ne m’y verra pas non plus, quoique… Et s’il se passe des choses incongrues, j’aurai au moins de quoi m’interroger plus tard, à tête reposée. J’appréhende un peu, juste le temps de faire ces quelques pas si familiers et tant de fois parcourus. Mon miroir me semble calme, il se repaît tranquillement d’une image unique et vide de moi, encore et toujours. Je remplis le disque dur de mon téléphone de longues minutes de vacuité. J’aurai tout aussi bien pu filmer directement un long plan séquence de mes produits de toilette, cela aurait été tout aussi excitant. Mais là, en zoomant un peu (on fait tout ce qu’on veut avec cette appli) on distingue parfaitement les marques et les slogans des dits produits lisibles en spéculaire. Mon shampoing tout bête et raide dans son flacon vert fluo devient donc une sorte de potion alchimique inventée par Léonard de Vinci et tout à l’avenant. Ça me met un peu la tête à l’envers. Je finis par m’habituer à ne plus voir mon reflet. C’est même plutôt tranquille de ne pas être stupidement là à prendre sa droite pour sa gauche, à s’admirer ou bien à expertiser ses défauts physiques en pensant qu’ils trahissent votre âge, vos manquements, vos penchants, vos addictions même. Disparaître à soi-même…Gommer le support matinal d’une crise d’ego qui risque de vous pourrir toute la journée. Si j’étais un miroir j’en aurais moi-aussi vite plein le cadre de refléter mimiques, grimaces, coiffures loupées, maquillages hâtifs, mines défaites et dents jaunies. Sans parler acné, boutons d’herpès, points noirs, gingivites, gargarismes, cotons tiges, saignements de nez et autres joyeusetés, car, pensez-y, un miroir de salle de bains ça voit tout ça aussi. J’accorde donc au mien le droit d’une grève temporaire ou d’un congé, le droit d’aller refléter ailleurs, le droit au bonheur d’inverser enfin de beaux visages et pas ma trogne hirsute d’écrivain alcoolique tentant de gommer les séquelles d’une nuit blanche. Je me dis que la clef pour le paranormal c’est de l’apprivoiser, d’en trouver le côté prosaïque, la raison bête et flagrante pour laquelle une petite ou une grosse bizarrerie tente d’envahir votre vie. Mais c’est toujours une affaire de réciprocité et, pour le coup, je suis un peu en peine…./…

Miroir, mon beau miroir…(3), de Nicolas Gouzy

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…/… Pas trop loin non plus. Je m’écroule sur le canapé/pouf/lit d’appoint du salon/cuisine/pièce à tout de mon appartement, le cœur battant la chamade, au bord des lèvres aussi. Certains ont des monstres sous le lit, des araignées au plafond et des cadavres dans le placard, moi j’ai hérité d’un miroir en retard ! Je m’exhorte au calme et à la réflexion. Des nèfles ! Combien de fois me suis-je dit, en regardant un documentaire sur le surnaturel : « C’est le bordel leurs techniques pour enregistrer des manifestations paranormales, pas étonnant qu’ils chopent rien de plus probant qu’un couinement de porte, faudrait changer leurs protocoles » ? Mais je n’avais pas imaginé comment une intrusion paranormale, (même poétique parce que mon image « rediffusée »  ne m’avait pas sauté à la figure pour me dévorer, du moins pas encore), pouvait vous priver de tout sens critique et vous laisser sidéré, le cerveau tournant à plein régime mais à vide, sans pouvoir embrayer sur une idée constructive. J’ai été nourri et je me gave encore de tout ce que les studios de cinéma du monde entier peuvent produire d’histoires fêlées, dérangées, dérangeantes, hallucinées et j’en passe. Ce n’est pas à proprement parler une « culture », c’est une distraction envahissante, un long catalogue d’images, de situations, de climax et de characters  qui finissent par devenir familiers au point d’être prévisibles, quelquefois lassants dans leur répétition même. Là, pas loin, je tiens quelque chose d’unique, de perso, un événement dont je suis le héros malgré lui, malgré moi. Il faut que j’assume, j’ai l’âge. Lorsque j’ai emménagé, j’ai hérité des anciens locataires à peu près tout ce qui meuble l’appart encore aujourd’hui. Sauf deux ou trois bricoles, cafetière, brosse à dents, trois photos fétiches et deux vieux doudous. La flemme d’aller chez Ikea pour acheter les mêmes merdes que des milliers d’autres pékins et pas les ronds pour du design classe, autant conserver ce que mes prédécesseurs m’avaient cédé. Pourvu que le miroir fêlé n’ait pas enregistré leurs milliers d’heures balnéaires et décidé de me les repasser en mode rewind ! Comme on ne règle pas les horaires d’enregistrement sur un miroir (enfin je ne crois pas) pas moyen de prévoir quoi que ce soit. Avant de prendre une décision radicale et de le dérégler une bonne fois pour toutes en y pétant sa face à coups de marteau (qu’il va falloir que j’aille acheter et tant pis pour les sept ans de malheur promis), il faut que nous ayons un entretien, en face à face si je puis dire. …/…