Nouvelles voix d’ici, 17 mai, Maison de la Poésie, Montpellier

Lecture publique de leurs textes par les poètes sélectionnés par le Comité de lecture de la Maison de la Poésie Jean Joubert

JANINE TEISSON
MANUELLE PARRA
FREDERIC FAUTRIER
MATHIEU GABARD

mercredi 17 mai, 19h

Maison de la poésie Jean Joubert
Moulin de l’Evêque
78 avenue du Pirée – Montpellier

 

Membres du Comité de lecture: James Sacré / Jean-Louis Kerangueven / Christian Malaplate / Jacques Guigou / Olga Pinilla Burguière
Photographie : Janine Teisson en lecture à Lunel, 2015

Canimonde 2184, de Janine Teisson

Canimonde 2184, roman SF adulte, éditions Chèvre-Feuille étoilée, mai 2016
illustration de couverture : Mat Let

couv1ère_TEISSON

Au XXIIème siècle le Canimonde a trouvé une solution aux problèmes d’éducation : Les enfants naissent et sont élevés en institution et les adultes,  pour assouvir leur affectivité, adoptent des chiens.
Un jour à Montpillier, Alex Trouille, rencontre les Antichiens et bascule dans la marginalité.
Interrogation sur la faillite de l’éducation, ce roman est drôle, satirique et tragique et ne plaira pas aux amis des chiens.

Train d’enfer, de Janine Teisson

Un texte pour saluer les martyrs de la laïcité.

– Hum ! hum…
– Y’a quelqu’un ?
– Oui, moi.
– Qui, toi ?
– …
– Tu ne réponds pas ?…
– Vous êtes Dieu, vous…
– Oui, je sais, je dois savoir qui tu es, mais ça ne te dispense pas de te présenter.
– Je suis ou j’étais, je ne sais pas ce que je dois dire… Abdelkrim… Marocain, musulman.  J’avais vingt-huit ans, marié, une petite fille.
– Ta voix s’étrangle. Tu regrettes d’être ici ?
– Oui.
– Comment es-tu arrivé ?
– J’étais dans le train, je somnolais, la petite a mal dormi. Les dents… Ma femme m’a préparé mon casse croûte pendant que je buvais mon café, elle l’a mis dans mon sac. Elle m’a embrassé la joue légèrement, comme chaque matin et elle a eu cette façon que j’aime bien de faire quelques pas en arrière et de me regarder partir. La petite dormait. Et puis le train.  Avec les vibrations j’entendais le bruit de l’eau remuée dans la bouteille. Elle l’a oubliée une fois, la bouteille, le premier jour, et depuis, plus jamais. Je souriais sans sourire. C’était à l’intérieur. A côté de moi il y avait une jeune fille en chemise rouge qui me lançait un coup d’œil de temps en temps et…
– Tu étais très croyant ?
– Non. Pas très. Au chantier je travaille avec des Chrétiens surtout, alors la prière, je la fais pas. Mais le Ramadan, oui. Ça, j’ai jamais manqué.
– Tu as douté de moi parfois ?
– Enfin, douté, je ne sais pas, mais…
– Tu m’as détesté ?
– On peut dire ça. Quand on était sur la barque dans la nuit et que le vent s’est levé, je me suis dit ça y est, je vais mourir. Je suis de la montagne, je ne sais pas nager. L’avant du bateau se soulevait, chaque fois on croyait qu’on allait se renverser.  J’ai pensé « Allah, tu es injuste, je ne suis pas pire qu’un autre, pourquoi m’éliminer, moi ? Qu’est-ce que ça te rapporte ? » C’était idiot puisque me voilà, deux ans après. J’ai appris quelque chose sur cette barque.
– Quoi ?
– Que la peur est inutile. Quand j’ai été bien persuadé, au milieu de cette mer de ténèbres  que nous n’atteindrions pas les côtes espagnoles, je me suis dit : « pourquoi m’encombrer de la peur ? » Et la peur est partie, comme les sacs qu’ils nous ont demandé de jeter à la mer pour alléger la barque pleine d’eau.
– C’est intéressant, ça. Tu m’as loué parfois ? Lire la suite…