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Le douzième corps, de Janine Teisson
Le douzième corps, policier, collection « D’un noir, l’autre », éditions Chèvre feuille étoilée, juin 2017
Orléans 1941. Hans rencontre Marguerite. Ils s’aiment profondément dans le cataclysme de la seconde guerre mondiale, mais la dernière lettre que son amante a envoyée à Hans après la Libération n’aura jamais de réponse.
Qu’est devenu Hans ?
Soixante ans plus tard, alors que la mémoire de Marguerite est en ruine, sa petite fille Romane ouvre l’enquête.
Le douzième corps est surtout un roman sur la mémoire.
Repas de fiel, de Janine Teisson
Repas de fiel, nouvelles, collection Les Lunatiques, Le mot fou éditions, juin 2017
Vingt courtes nouvelles qui confrontent les personnages à leurs démons ― à moins que ce ne soient à leurs anges intérieurs dont le poids contraste avec l’air extérieur. Ici l’être profond se transforme, s’exprime ou crie. Un sourire deviendra salvateur, une coupe de cheveux propulsera Mathilde dans son passé : des mains interdites qui caressent ses cheveux, celles d’un allemand. La peur de l’enfant laid entraînera l’avortement à six mois de grossesse. Une naissance, devenue secret d’adulte, entraînera l’incompréhension d’enfants et laissera des séquelles… Et ces séquelles, et cette violence, ils en ont tous, subies ou provoquées comme Kourigba avec un trou à la place de l’oeil gauche, comme ces enfants trop curieux et impatients de voir la femme la plus grosse du monde… Kadjidjia qui tue les fourmis, cet homme qui s’acharne à tuer un chat, cette chenille avalée lors d’un repas professionnel, ce spectacle d’une marionnette, insoutenable. Tous ces êtres sont-ils manipulateurs ou manipulés comme cette pauvre marionnette ? N’auraient-ils pas avalés eux aussi une chenille de fiel pour être aimés ? Des personnages attachants enfermés entre libre arbitre et jugement des autres — voire jugement dernier. Les fées dans la dernières nouvelles nous avertissent « Tu te méfieras du MOI car il n’est pas fiable et tu le détesteras car le MOI est haïssable […] tu le transformeras, tu le repeindras aux couleurs qui plairont aux autres. […] Et si hélas, les fées s’étaient un peu trop penchées sur notre berceau !
Nouvelles voix d’ici, 17 mai, Maison de la Poésie, Montpellier
Lecture publique de leurs textes par les poètes sélectionnés par le Comité de lecture de la Maison de la Poésie Jean Joubert
JANINE TEISSON
MANUELLE PARRA
FREDERIC FAUTRIER
MATHIEU GABARD
mercredi 17 mai, 19h
Maison de la poésie Jean Joubert
Moulin de l’Evêque
78 avenue du Pirée – Montpellier
Membres du Comité de lecture: James Sacré / Jean-Louis Kerangueven / Christian Malaplate / Jacques Guigou / Olga Pinilla Burguière
Photographie : Janine Teisson en lecture à Lunel, 2015
Canimonde 2184, de Janine Teisson
Canimonde 2184, roman SF adulte, éditions Chèvre-Feuille étoilée, mai 2016
illustration de couverture : Mat Let
Au XXIIème siècle le Canimonde a trouvé une solution aux problèmes d’éducation : Les enfants naissent et sont élevés en institution et les adultes, pour assouvir leur affectivité, adoptent des chiens.
Un jour à Montpillier, Alex Trouille, rencontre les Antichiens et bascule dans la marginalité.
Interrogation sur la faillite de l’éducation, ce roman est drôle, satirique et tragique et ne plaira pas aux amis des chiens.
Train d’enfer, de Janine Teisson
Un texte pour saluer les martyrs de la laïcité.
– Hum ! hum…
– Y’a quelqu’un ?
– Oui, moi.
– Qui, toi ?
– …
– Tu ne réponds pas ?…
– Vous êtes Dieu, vous…
– Oui, je sais, je dois savoir qui tu es, mais ça ne te dispense pas de te présenter.
– Je suis ou j’étais, je ne sais pas ce que je dois dire… Abdelkrim… Marocain, musulman. J’avais vingt-huit ans, marié, une petite fille.
– Ta voix s’étrangle. Tu regrettes d’être ici ?
– Oui.
– Comment es-tu arrivé ?
– J’étais dans le train, je somnolais, la petite a mal dormi. Les dents… Ma femme m’a préparé mon casse croûte pendant que je buvais mon café, elle l’a mis dans mon sac. Elle m’a embrassé la joue légèrement, comme chaque matin et elle a eu cette façon que j’aime bien de faire quelques pas en arrière et de me regarder partir. La petite dormait. Et puis le train. Avec les vibrations j’entendais le bruit de l’eau remuée dans la bouteille. Elle l’a oubliée une fois, la bouteille, le premier jour, et depuis, plus jamais. Je souriais sans sourire. C’était à l’intérieur. A côté de moi il y avait une jeune fille en chemise rouge qui me lançait un coup d’œil de temps en temps et…
– Tu étais très croyant ?
– Non. Pas très. Au chantier je travaille avec des Chrétiens surtout, alors la prière, je la fais pas. Mais le Ramadan, oui. Ça, j’ai jamais manqué.
– Tu as douté de moi parfois ?
– Enfin, douté, je ne sais pas, mais…
– Tu m’as détesté ?
– On peut dire ça. Quand on était sur la barque dans la nuit et que le vent s’est levé, je me suis dit ça y est, je vais mourir. Je suis de la montagne, je ne sais pas nager. L’avant du bateau se soulevait, chaque fois on croyait qu’on allait se renverser. J’ai pensé « Allah, tu es injuste, je ne suis pas pire qu’un autre, pourquoi m’éliminer, moi ? Qu’est-ce que ça te rapporte ? » C’était idiot puisque me voilà, deux ans après. J’ai appris quelque chose sur cette barque.
– Quoi ?
– Que la peur est inutile. Quand j’ai été bien persuadé, au milieu de cette mer de ténèbres que nous n’atteindrions pas les côtes espagnoles, je me suis dit : « pourquoi m’encombrer de la peur ? » Et la peur est partie, comme les sacs qu’ils nous ont demandé de jeter à la mer pour alléger la barque pleine d’eau.
– C’est intéressant, ça. Tu m’as loué parfois ? Lire la suite…