Le poète Pierre Ech-Ardour donnera une lecture dans le cadre de ce nouveau salon du Livre.
Ce sera le dimanche 6 octobre à 15h45, salle Guillaume de Nogaret à Montpellier.
Entrée libre.
Écrits stupéfiants, de Cécile GUILBERT
collection Bouquins, Robert Laffont éditeur, septembre 2019
Nous avons pour la plupart la volonté de ne pas mourir idiots. Chacun a sa ou ses recettes. Lorsqu’elles sont communes, elles rassemblent les hommes et les femmes, surtout lorsque leurs variantes permettent d’augmenter la qualité des échanges, quand l’immuable conduit au principe moutonnier qui plaît tant à nos gouvernants et aux multinationales.
Avec Écrits stupéfiants, l’essayiste et romancière Cécile Guilbert nous donne (ou presque, pour la modique somme de 32 € qui n’est rien au regard des 1440 pages de ce pavé de mots délicatement feuilleté) à lire la somme d’un travail de près de dix ans d’une richesse phénoménale. Après un prologue personnel d’une sincérité de haut vol où l’auteure livre sa vérité sur le sujet (vérité que je fais mienne), place à une incroyable (mais vraie) revue des drogues (terme générique) de toutes natures et de leur rapport à la littérature, à travers toutes les époques, d’Homère à Will Self comme l’indique la première de couverture.
Après un second prologue dédié à deux substances mythiques le soma et le népenthès, Écrits stupéfiants s’architecture en quatre parties. Lire la suite…
Journée-bonheur chez Joëlle Wintrebert et Henri Lehalle qui ont accueilli chez eux ce partage des savoirs UN CORPS POUR PORTER UN TEXTE proposé et animé par Sylvie Léonard. On a tous joué le jeu, on s’est engagés sans réserve. On s’est mis en scène, on a bougé le corps, utilisé des objets insolites (sabre en bois, lanterne en osier, cadre de miroir, tissu, chapeau…), fabriqué un masque, ri, parfois souffert. En bref on a expérimenté. Des portes se sont ouvertes pour chacun et des espaces se sont libérés. La voix est venue, le texte a pris davantage de sens. Et puis on a parlé, échangé. En résumé on a beaucoup aimé ce jour de septembre hors du temps sous les grands pins dans l’antre tapissé de livres… (on a juste un regret, que d’autres n’en aient pas profité…) Lire la suite…
Mon père, ce tueur, roman, La Manufacture des livres, août 2019
Mon père était un tueur. À sa mort, il m’a laissé une lettre de tueur.
Pour trouver le courage de l’ouvrir, j’ai dû revivre la guerre d’Algérie de mon père, revivre ses chasses, sa jeunesse et ses traumatismes.
« Mon père était un tueur. À sa mort, il m’a laissé une lettre de tueur. Je n’ai pas encore le courage de l’ouvrir, de peur qu’elle m’explose à la figure. Il a déposé l’enveloppe dans le coffre où il rangeait ses armes : des poignards, une grenade, un revolver d’ordonnance MAS 1874 ayant servi durant la guerre d’Espagne, une carabine à lunette, et surtout des fusils de chasse, des brownings pour la plupart, tous briqués, les siens comme ceux de son père, grand-père et arrière-grand-père, une généalogie guerrière qui remonte au début du dix-neuvième siècle. Sur les crosses, il a vissé des plaques de bronze avec les noms de ses ancêtres, leur date de naissance, de mort. Sur l’une, il a indiqué : « 1951, mon premier superposé, offert pour mes 15 ans ».
A 15h j’y donnerai une rencontre-lecture autour de mon dernier roman Retrouver le goût des fleurs : paysages cévenols, quête du lieu, beauté du monde
Ce livre est un autodafé. Sous le signe du feu et de la prière. Eva brûle son fils Plum car il est sous l’emprise de la drogue. Hannah la fille d’Eva brûle par accident sous les yeux de sa fille Sula qui « avait regardé sa mère brûler non parce qu’elle était paralysée mais parce qu’elle trouvait ça intéressant ».
Années vingt. Tout se passe dans Le Fond, une terre aride en haut des collines donnée par un blanc à un esclave au cœur d’une Amérique émergeante.
Sula se lie d’amitié avec Nel, elles ont le même âge, elles découvrent tout ensemble : le printemps, les garçons. « Chacune trouva refuge dans la compagnie de l’autre. Elles purent alors ignorer les façons de faire des autres et se concentrer sur leur propre perception des autres. » Quand Nel se marie, Sula va à Nashville, à Détroit, à la Nouvelle-Orléans. Dix ans passent à voyager ainsi de ville en ville quand Sula revient, marquée d’une inquiétante étrangeté dans « un mois de mai comme lustré, avec un miroitement vert … », elle couche avec le mari de Nel.
Toni Morrison, seule femme noire à avoir reçu à ce jour le prix Nobel de littérature (en 1993), est née dans l’Ohio en 1931. De culture africaine et afro-américaine, elle chante la cause noire, la négritude, les Noirs américains et les Noirs africains qui, dans son œuvre, sont tous occupés à scier la branche sur laquelle ils sont assis, branche qui appartient au passé, par conséquent à l’esclavage. Comment devenir libre après avoir vécu ce qu’ont vécu leurs ancêtres ?
« Sula n’avait pas d’ego. Et donc aucun besoin de se vérifier elle-même – d’avoir la moindre cohérence ».
L’ego d’un peuple entier a été tué, voici ce que dit ce livre. Sula est une prière crachée à la face de Dieu au rythme d’une écriture gospel, poétique, enragée, engagée. Dans l’ombre de Toni Morrison se tient la grande morte Nina Simone. Elles chantent en chœur la mimèsis, clament l’énergie vitale de la vérité, à nous d’entendre.
Au livre, les mots de la fin : « C’était un beau cri – long et fort – mais il n’avait pas de fond ni de hauteur, que les cercles sans fin de la douleur. »Ils sont aussi les derniers mots de Sula.
Paru en 1973, traduction française de Pierre Alien, chez Christian Bourgois, 1992 – 10/18, domaine étranger, 1993
Article publié dans le numéro 26 de notre magazine FUNAMBULE, fév 2013
Un cadavre à la consigne, policier historique, chez Ex-aequo, avril 2019
(couverture d’Annabel Peyrard)
Vivant dans cette période folle où le meilleur et le pire se côtoient, les Rostova font souvent la une des journaux. Lui, affairiste dans l’import-export, accumule les maitresses ; elle, féministe engagée, journaliste, n’hésite pas à dénoncer les injustices sociales. Cela semble s’écouler comme un long fleuve tranquille jusqu’au jour où on dénonce la disparition de monsieur. Puis, tout bascule lorsqu’on découvre un cadavre à la consigne de la gare…
En mettant face à face un progressiste et un réactionnaire, quelques problèmes fondamentaux sont posés : le statut de la femme dans la société patriarcale du début du XXe siècle ; la partialité et l’iniquité de la justice ; la peine de mort ; l’inhumanité des prisons ; l’importance de l’amour, de la culture et la nécessité de donner un sens à son existence
Photographie : Jean Moulin dans son bureau. ADH, 103 J 39 / couverture de l’ouvrage
Body Budy, polar libertin, ebook, collection Culissime, SKA éditions, juin 2019
Médecin légiste de jour, la belle Claire Dieulefit, toujours aussi libertine la nuit, a pris sous son aile une fugueuse…
(…) Comme on peut le deviner, la réponse à ma question et à mon regard volontairement provocateur ne s’est pas fait attendre. Se déhanchant sur le rythme de la musique, c’était je crois du Johnny Cash, Hervé a improvisé un numéro de strip-tease qui n’était pas ridicule. Une fois débarrassé de son accoutrement de cowboy, il s’est allongé sur le ventre au centre de la fourrure synthétique. J’ai pu constater que ses fesses étaient authentiques et je les ai longuement caressées. L’autre face d’Hervé que j’ai découverte en le faisant rouler sur la fourrure m’a révélé un membre viril dont, toujours vêtue de pied en cap, j’ai testé l’authenticité. Des mains puis des lèvres. (…)
L’auteur nous a déjà régalés des aventures de Claire Dieulefit dans Corps du délit où nous l’avons suivie en des lieux de plaisir surprenants. Ici, elle déambule sans tabou, entre hypocrisie chaste et dérèglement jouissif. La virginité de la body buildeuse tiendra-t-elle jusqu’au bout du road trip coquin mené par un beau guide au travers des Etats-Unis… ?