Waiting for Tina, de Jean Azarel

Waiting for Tina, biographie romanesque, éditions l’Autre Regard, 20 octobre 2019

Waiting for Tina est la première bio romanesque sur l’actrice Tina Aumont, fille de Maria Montez et Jean-Pierre Aumont, née à Hollywood en 1946 sous les auspices de Jean Cocteau et Marlène Dietrich. Après avoir joué dans une cinquantaine de films (Fellini, Losey, Garrel, Vadim, Bertoulucci…) avec notamment  Alain Delon, Klaus Kinski, Donald Sutherland, Pierre Clementi, Terence Stamp  ou Catherine Deneuve pour partenaires, icône de l’underground dans les années 70’s, elle connaît un destin tragique mais laisse une trace indélébile dans le cœur de celles et ceux qui l’ont approchée et aimée.

Waiting for Tina, au cours de 500 pages où se succèdent interviews de personnalités, poésie et considérations sur le 7ème art, photos et documents inédits, retrace et fait revivre l’existence tumultueuse d’ « une des dix plus belles filles du monde » (Tinto Brass).

Simone Salgas en lecture, 12 octobre 2019, à Leucate

Simone Salgas, accompagnée de Nicole Barthe, proposent une soirée lecture

PICOTI, PICOTA…
Des poules, des poulettes,
et des coqs, bien sûr…

Non, ça Salgas, ça agace, ça s’prélasse, c’est coriace,
Ça Pennac, ça Balzac, ça Mauriac, ça Signac,
Non, c’est fugace, efficace, y’a d’l’audace dans sa besace
C’EST DU SALGAS ET ÇA CAQUETTE

samedi 12 octobre 2019 à 19 heures

à la librairie Entrez Libres

12 rue Francis Vals
11 370 Leucate
04 68 40 18 16

Chronique littéraire : Écrits stupéfiants de Cécile Guibert, par Jean Azarel

Écrits stupéfiants, de Cécile GUILBERT
collection Bouquins, Robert Laffont éditeur, septembre 2019

Nous avons pour la plupart la volonté de ne pas mourir idiots. Chacun a sa ou ses recettes. Lorsqu’elles sont communes, elles rassemblent les hommes et les femmes, surtout lorsque leurs variantes permettent d’augmenter la qualité des échanges, quand l’immuable conduit au principe moutonnier qui plaît tant à nos gouvernants et aux multinationales.
Avec Écrits stupéfiants, l’essayiste et romancière Cécile Guilbert nous donne (ou presque, pour la modique somme de 32 € qui n’est rien au regard des 1440 pages de ce pavé de mots délicatement feuilleté) à lire la somme d’un travail de près de dix ans d’une richesse phénoménale. Après un prologue personnel d’une sincérité de haut vol où l’auteure livre sa vérité sur le sujet (vérité que je fais mienne), place à une incroyable (mais vraie) revue des drogues (terme générique) de toutes natures et de leur rapport à la littérature, à travers toutes les époques, d’Homère à Will Self comme l’indique la première de couverture.

Après un second prologue dédié à deux substances mythiques le soma et le népenthès, Écrits stupéfiants s’architecture en quatre parties. Lire la suite…

Partage des savoirs, atelier « Un corps pour porter un texte », 18 septembre 2019

Journée-bonheur chez Joëlle Wintrebert et Henri Lehalle qui ont accueilli chez eux ce partage des savoirs UN CORPS POUR PORTER UN TEXTE proposé et animé par Sylvie Léonard. On a tous joué le jeu, on s’est engagés sans réserve. On s’est mis en scène, on a bougé le corps, utilisé des objets insolites (sabre en bois, lanterne en osier, cadre de miroir, tissu, chapeau…), fabriqué un masque, ri, parfois souffert. En bref on a expérimenté. Des portes se sont ouvertes pour chacun et des espaces se sont libérés. La voix est venue, le texte a pris davantage de sens. Et puis on a parlé, échangé. En résumé on a beaucoup aimé ce jour de septembre hors du temps sous les grands pins dans l’antre tapissé de livres… (on a juste un regret, que d’autres n’en aient pas profité…) Lire la suite…

Mon père, ce tueur, de Thierry Crouzet

Mon père, ce tueur, roman, La Manufacture des livres, août 2019

Mon père était un tueur. À sa mort, il m’a laissé une lettre de tueur.
Pour trouver le courage de l’ouvrir, j’ai dû revivre la guerre d’Algérie de mon père, revivre ses chasses, sa jeunesse et ses traumatismes.

« Mon père était un tueur. À sa mort, il m’a laissé une lettre de tueur. Je n’ai pas encore le courage de l’ouvrir, de peur qu’elle m’explose à la figure. Il a déposé l’enveloppe dans le coffre où il rangeait ses armes : des poignards, une grenade, un revolver d’ordonnance MAS 1874 ayant servi durant la guerre d’Espagne, une carabine à lunette, et surtout des fusils de chasse, des brownings pour la plupart, tous briqués, les siens comme ceux de son père, grand-père et arrière-grand-père, une généalogie guerrière qui remonte au début du dix-neuvième siècle. Sur les crosses, il a vissé des plaques de bronze avec les noms de ses ancêtres, leur date de naissance, de mort. Sur l’une, il a indiqué : « 1951, mon premier superposé, offert pour mes 15 ans ».

Rencontre-lecture avec Françoise Renaud, salon du livre Anduze, 22 août 2019

Premier salon du livre d’Anduze : un événement pensé et organisé par Frédéric Quinonero en hommage à Michel Jeury
avec le concours de la municipalité d’Anduze

A 15h j’y donnerai une rencontre-lecture autour de mon dernier roman Retrouver le goût des fleurs : paysages cévenols, quête du lieu, beauté du monde

Sula de Toni Morrison, par Valéry Meynadier

De l’écriture gospel

Sula (couv)

Ce livre est un autodafé. Sous le signe du feu et de la prière. Eva brûle son fils Plum car il est sous l’emprise de la drogue. Hannah la fille d’Eva brûle par accident sous les yeux de sa fille Sula qui « avait regardé sa mère brûler non parce qu’elle était paralysée mais parce qu’elle trouvait ça intéressant ».

Années vingt. Tout se passe dans Le Fond, une terre aride en haut des collines donnée par un blanc à un esclave au cœur d’une Amérique émergeante.
Sula se lie d’amitié avec Nel, elles ont le même âge, elles découvrent tout ensemble : le printemps, les garçons. « Chacune trouva refuge dans la compagnie de l’autre. Elles purent alors ignorer les façons de faire des autres et se concentrer sur leur propre perception des autres. » Quand Nel se marie, Sula va à Nashville, à Détroit, à la Nouvelle-Orléans. Dix ans passent à voyager ainsi de ville en ville quand Sula revient, marquée d’une inquiétante étrangeté dans « un mois de mai comme lustré, avec un miroitement vert … », elle couche avec le mari de Nel.

Toni Morrison, seule femme noire à avoir reçu à ce jour le prix Nobel de littérature (en 1993), est née dans l’Ohio en 1931. De culture africaine et afro-américaine, elle chante la cause noire, la négritude, les Noirs américains et les Noirs africains qui, dans son œuvre, sont tous occupés à scier la branche sur laquelle ils sont assis, branche qui appartient au passé, par conséquent à l’esclavage. Comment devenir libre après avoir vécu ce qu’ont vécu leurs ancêtres ?
« Sula n’avait pas d’ego. Et donc aucun besoin de se vérifier elle-même – d’avoir la moindre cohérence ».
L’ego d’un peuple entier a été tué, voici ce que dit ce livre. Sula est une prière crachée à la face de Dieu au rythme d’une écriture gospel, poétique, enragée, engagée. Dans l’ombre de Toni Morrison se tient la grande morte Nina Simone. Elles chantent en chœur la mimèsis, clament l’énergie vitale de la vérité, à nous d’entendre.
Au livre, les mots de la fin : « C’était un beau cri – long et fort – mais il n’avait pas de fond ni de hauteur, que les cercles sans fin de la douleur. »Ils sont aussi les derniers mots de Sula.

Toni Morrison

Paru en 1973, traduction française de Pierre Alien, chez Christian Bourgois, 1992 – 10/18, domaine étranger, 1993

Article publié dans le numéro 26 de notre magazine FUNAMBULE, fév 2013