L’évidence de la paix nous enfante, de Luminitza C. Tigirlas

L’évidence de la paix nous enfante, poésie, éditions Al Manar, Paris, octobre 2024
Dessin de couverture : Doïna Vieru, artiste-peintre

 

Nuit déchaussée,
confie-moi à l’aube d’un autre temps :
notre rosée flambe dans les tranchées,
reconnais-moi nuit dans ma nudité

— l’évidence de la paix nous enfante —
nous sommes ses nourrissons

L’alouette vocalise suivant son secret
ce n’est pas à moi
de lui fixer la note de musique à tenir
ni à l’encager dans ma langue martiale

Nuit déchaussée,
la peur abrite mes mots dans tes souliers

 

 

Luminitza C. Tigirlas, d’origine roumaine, née en Moldova orientale, terre roumaine occupée et annexée par les Soviétiques, est une survivante de l’assimilation linguistique dans l’U.R.S.S. Elle a publié d’abord en roumain, langue maternelle sertie dans l’étrangère graphie cyrillique en République de Moldova d’avant la chute du Mur. Sa lalangue ravine sur ces traces traumatiques. Poète et écrivaine de langue française, docteure en psychopathologie de l’Université Paris-Diderot- Paris 7, après avoir exercé à Paris et à Saint-Priest (Métropole de Lyon), elle est psychanalyste trilingue à Montpellier. Elle a publié de nombreux recueils de poésie, des essais littéraires et des textes de fiction.

sur le site de l’éditeur

20 ANS de ADA | découvrir et commander l’ouvrage « Funambule » | octobre 2024

CE QU’IL Y A DEDANS – Table des matières 

POUR COMMANDER, C’EST ICI

 

EXTRAIT de l’AVANT-PROPOS

[…] Entre mars 2007 et septembre 2014, trente-six numéros avaient
été publiés sur le site Internet de l’association. Le blog permanent du
site accueille désormais les informations générales indispensables aux
auteurs ainsi que quelques articles de circonstance, lesquels instituent
un lien d’information puissant entre les adhérents.
Mandatée par son président, Francis Zamponi, et par le bureau de
l’association, une équipe de quatre adaïstes a accepté de piloter le projet :
Raymond Alcovère, Hervé Pijac, Françoise Renaud et Joëlle Wintrebert.
« 20 ans Autour des Auteurs, FUNAMBULE » est le résultat de ce travail.
Ce livre propose une compilation de textes écrits par des auteurs
dont beaucoup sont encore adhérents aujourd’hui, ainsi que par des
auteurs extérieurs à ADA. Il représente forcément un choix, même si
nous avons essayé de diversifier les contributions sans pouvoir éviter la
récurrence de certaines signatures, notamment celles des membres du
comité de rédaction publiés au fil des années, sur le fil du funambule.
« Perchés sur une ligne de couleur, les auteurs avancent entre deux
marges. Funambules, leur rêve est vertigineux : il faut finir la ligne, la
sublimer et puis tout recommencer. »

L’équipe de pilotage
(Raymond Alcovère, Hervé Pijac, Françoise Renaud & Joëlle Wintrebert)

 

découvrir les éditions La Voix Domitienne

 

 

Le Scarabée d’Or du Magnolia, de François Szabó

Le Scarabée d’Or du Magnolia, poésie, Cap de l’Étang Éditions, 21 octobre 2024

Réalisation de la couverture : Bruno Salgues
Édition : Monique‐Marie Ihry, Bruno Salgues
Crédits images : Famille Szabó, Gordon Johnson (États‐Unis), Yao Qiulian (Hong Kong)

Le Scarabée d’Or du Magnolia est une manière de faire perdurer l’existence du père Robert Szabó. C’est un itinéraire à suivre, une louange à poursuivre, un acte affectif pour combler le terrible manque à la suite de sa disparition. Les mots sont rares et parsemés de silence, les vers brefs et intenses résonnant dans le vide, une gravure en quelque sorte, une quête parsemant l’existence de repères indispensables : éloge de la vie, c’est toujours cet élan intact qui nous mène et demeure. C’est une reconnaissance et une gratitude qui nous permet de vivre encore.

TEXTURE 5, anthologie poétique 2024, 64 poètes dont Stéphane Amiot

Texture 5, anthologie poétique 2024, poésie, L’An Demain éditions, octobre 2024
64 poètes et artistes
Préface : Jacques Ibanès. Illustrations : Régine Bernot-Philippe

 

Il s’agit du 5ème opus de TEXTURE, Les Amis de Michel Baglin, regroupant 64 poètes et artistes réunis dans ce numéro pour célébrer la « poésie du quotidien ». Un thème cher à Michel Baglin.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gherasim Luca : ZÉros en Lucaphonie, de Luminitza C. Tigirlas

Gherasim Luca : ZÉros en Lucaphonie, essai littéraire, éditions du Cygne, septembre 2024
Illustrations : Doïna Vieru, artiste-peintre

 

LUCAPHONIE est le nom que je donne à un univers poétique qui fascine comme le chant du serpent et dont on ne sort pas le même, car avec Gherasim Luca on se laisse aspirés dans le tourbillon langagier qu’il dirige en maître, tourbillon qui forme-déforme tout une glèbe phonétique vocalement et graphiquement. C’est le terrain d’un jeu-ravinement de vie et de mort avec le langage que le poète mène seul à seul, dans des corps à corps sensuels jusqu’à l’animalité du cri et souvent dans la fureur de l’ironie. C’est le Trou de sa dette de nom, de père et de perte. À dix-sept ans Salman Locker de Bucarest s’autoproclama Gherasim Luca (1913-1994). Une lignée de suppléance s’invente au cours des années pour le poète, orphelin du (Z)Eros qui fait Un avec le Trou d’obus où fut déchiqueté son père. L’aboutissement auquel tend le poème proféré L’Autre Mister Smith, poème qui m’interpelle tout particulièrement, serait celui d’arracher le nom (de) Gherasim Luca au vrai-Gherasim Luca dans le combat entre les deux entités…

lien vers les éditions du Cygne

La Petite rivière qui avait soif, de Stéphane Amiot

La Petite rivière qui avait soif, album jeunesse, éditions Vivre tout simplement, octobre 2024
Illustrations : Fabrice Mondejar

 

 

La petite rivière dévale les flancs de la montagne, gorgée de force et de vie. Mais bientôt, elle va entrer sur le territoire des Hommes…
Son odyssée sera longue jusqu’à l’océan.
Y parviendra-t-elle toute seule ?

 

 

 

 

 

 

Je ne cours plus après mon ombre, de Jeanne Bastide

Je ne cours plus après mon ombre, roman, éditions Domens, août 2024

 

La petite fille ne court plus après son ombre. Elle s’y repose. Soupèse le poids de l’enfance. Recompose un univers.
Travail de débroussaillage pour arriver à recoudre toutes les ombres.

 

EXTRAIT

Il y a les jours où j’ouvre la main et je les sens. La paume vers le ciel, je soupèse leur présence. Ce n’est pas lourd – pas léger non plus. C’est là, à mes côtés. Une énergie qui prend appui dans la chair. Ce qui circule en moi et que je ne connais pas. Je sais que je les porte.
Sans pouvoir les nommer. Ne pas leur donner forme.
C’est là.
Une présence emmagasinée,  un élan… que je ne possède pas.

Parfois je les appelle. Toutes.
J’ouvre la main et je les sens. La paume vers le ciel, je soupèse leur présence. Les jours où le vide a pris trop de place. Je les appelle. Elles sont là.
Sans qualificatif. Sans verbe d’action.
Pure présence.

Celle qui a travaillé la terre   pour les propriétaires, qui a cousu pour les riches et qui n’a pleuré que pour elle
Celle qui est restée emmurée    dans sa chambre pendant vingt- trois ans quatre mois et douze jours
Celle qui a davantage aimé son mari mort que vivant
Celle qui pose pour la photo  – raide et empesée – son nouveau-né sans les bras
Celle qui a osé se peindre les ongles en rouge sang
Celle qui raconte    pour le plaisir d’ouvrir ses cicatrices et de raviver ses blessures
Celle qui rêve sa vie plutôt que de la vivre de peur de salir ses pensées
Celle qui n’a pas le temps d’éplucher ses sentiments, ni le loisir d’aller au vif de sa brûlure
Celle qui parle sans s’arrêter pour ne pas se poser  la question de ce qu’elle a à dire
Celle qui aimant trop les hommes a oublié qu’elle en a un
Celle qui, consciente de l’urgence de la tâche, les bras chargés d’enfant, de lessive et de pot-au-feu  – a dérobé    le droit  à la souffrance
Celle qui enveloppe sa peine dans du papier journal  comme des pelures de pommes de terre.

Je me souviens d’elle. J’étais encore enfant.
Suzanne. La voisine d’en face. Maman et mes tantes. Germaine et Adélaïde. Oui, c’était leurs noms.[…]

Un monde de toutes les couleurs, de Chloé Millet

Un monde de toutes les couleurs, album jeunesse, éditions Lire c’est partir, 1er septembre 2024
Illustrations : Thierry Manes

 

Nellie et son petit singe Nao embarquent à bord d’une montgolfière pour faire le tour du monde.
Dans chaque paysage, une couleur règne : les jeunes lecteurs doivent être attentifs aux détails pour découvrir les animaux qui se cachent dans le décor !

 

 

 

Éditions Lire c’est partir ici

  

Anomalies de l’humanité, de Jeremi Sauvage

Anomalies de l’humanité et autres histoires dérangeantes, nouvelles et poèmes, les Éditions du Désir, septembre 2024

 

Le fil rouge de ce recueil de 16 nouvelles est la question des « anomalies », des « aberrations », propres à notre monde, souvent en lien avec le milieu universitaire. Aux frontières du fantastique, de l’étrange et du bizarre, les textes sont tous en lien avec l’actualité d’une manière ou d’une autre. Les nouvelles sont présentées dans une progression alternant humour et dramaturgie, toujours aux carrefours des aspects étranges de nos vies et de nos sociétés, avec beaucoup d’intertextualité et de références à divers niveaux.

 

EXTRAIT (1ère page)

 

– Voilà pourquoi ceux qui ont survécu sont coupables. Ils sont des anomalies de l’humanité. Merci pour votre attention.

*

Mon nom est Ajna Singh et je dois écrire mon histoire car je ne sais pas de quoi mon avenir sera fait, ni même si j’aurai un avenir. Je ne sais pas non plus comment réagira la partie de ma famille qui vit à Bricklane, London Tower Hamlets, et j’ai bon espoir que mes cousins restés à Delhi n’entendront jamais parler de ce que j’ai découvert récemment. Je vais soutenir ma thèse de médecine demain. Mais mon superviseur, après une longue hésitation, m’a fait comprendre que le huis-clos sera obligatoire, eu égard aux conclusions de mon travail. Aucune communication sur le sujet, pas de public, un titre large (Étude épigénétique chez les enfants atteints de leucémie myéloïde chronique), un résumé volontairement évasif…

Mes parents m’avaient prénommée Ajna en pensant que la Nature me doterait de ce fameux troisième œil du Chakra. Je ne suis pas certaine de bénéficier d’un don ou d’un pouvoir qui fait de moi une personne exceptionnelle, mais j’ai l’impression d’avoir toujours voulu être Médecin, d’aussi loin que je puisse m’en souvenir. Soigner, aider, comprendre… les trois préceptes de mon enfance. Quand on grandit à Bricklane, au risque de choquer une certaine bien pensance, je vous jure que l’on part avec un sacré handicap sur le plan de la réussite scolaire. Mais je garde comme motivation toutes les insultes que […]

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Du Fol Amour à la Grâce, de Régine Nobécourt-Seidel

Du Fol Amour à la Grâce, poésie, éditions Constellations, juillet 2024
Encres et aquarelles sur papier de JAPA (Jacqueline Lou Pâris)

 

Amour, Fantaisie Humour vibrent à l’unisson dans les premiers poèmes du recueil. C’est « Aimer la vie », la chanter, la provoquer, dans une continuité du recueil précédent Eros en rit encore !

« Et puis la Grâce » invite à une redécouverte de soi, de l’autre. Les problématiques actuelles y sont palpables. Mémoire mêle Passé, Imaginaire, Conscience, Inconscience comme pour secouer en chacun de nous ces poussières d’étoiles qui font Vie et Lumière.

 

 

EXTRAITS

De la source à la mer

L’eau que j’ai bue dans tes paumes était toujours fraîche
L’eau que j’ai bue à ta bouche était source de mes rêves roses et bleus
L’eau que je lape sur ta peau, sale le vert de mes nuits
L’eau qui s’évapore de nos corps nous emporte toujours trop loin
Mais c’est l’eau de mes larmes qui dessèche mes joues
Qui assèche mon cœur et a noyé mon bonheur
Éteint le feu de mes yeux
Quand dans l’eau putride de marais fangeux
Des amours sans lendemains
Tu as définitivement perdu ton âme.
Il paraît que c’est l’eau bénie par le prêtre qui lave
Tous les péchés de la Terre. Croire encore en elle !
Qu’importe tout cela aujourd’hui
Puisque je n’oublierai jamais l’eau du fleuve de mon enfance
Eau douce-amère tant lourde du passé.
Eau si lourde de mes ancêtres
Eau, dernier berceau de tant de jeunes hommes
Ô tous ces hommes venus du monde entier, tous ces sangs mêlés
Ô fleuve tranquille qui a bercé mes peines, recueilli mes chagrins au chanvre de
tes berges
Ô fleuve qui a guidé mes premiers pas et donné sens à ma vie
Ô fleuve tu couleras jusqu’à mon ultime nuit en mes veines au sang trop rouge
Jamais je ne t’oublierai, crois-moi, parce que toi tu es Amour, le vrai !

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Danse avec les vivants, d’Amélie Louis

Danse avec les vivants, roman, éditions Hello, juillet 2024

Et si nos choix de vie étaient dictés par les désirs familiaux ? Et si le libre arbitre n’était qu’une illusion ?
Annie vient au monde après la mort de jumeaux. Comment les remplacer ? Elle s’évade du poids d’avoir à consoler ses parents grâce à l’imaginaire.
Dans la ferme familiale, le songe côtoie la violence larvée qui sclérose le couple parental. Bientôt la mort rode dans son cœur d’adolescente. Il faut une tornade pour choisir la vie, ce sera la maternité. Mais ses amours tournent court, sa vie effrénée est une fuite, sa passion d’enfance pour l’écriture reste dans l’ombre. Quand elle prend conscience que des non-dits familiaux lui imposaient ses choix, elle fait le premier pas vers sa liberté d’être…

Ce roman entraînera le lecteur à revisiter son histoire et à redécouvrir ses racines familiales.

 

EXTRAIT

Cet été-là, un endroit te fascine, le pré de la Mouille. Il tient son nom d’être coupé en deux par un bosquet humide. Récemment, tu as entendu dire par ton père que les broussailles recèlent une cavité dont plusieurs longues perches mises bout à bout n’ont pu toucher le fond. Il est interdit de descendre seule aussi loin sur le chemin, mais dès que la surveillance se relâche, tu y cours en frôlant de la main une frénésie de marguerites et de coquelicots. Haletante, tu t’appuies à la barrière.

Les grandes personnes n’en savent rien, mais assurément, sous le fouillis de ronciers dont tu étudies l’imbroglio en caressant des hallucinations, il existe un passage secret qui mène au pays des merveilles. Là-dessous, il y a des corridors ourlés de fleurs qui parlent et des champignons magiques, peuplés de chenilles qui fument et, tout au bout, un grand jardin où Alice t’attend. Oui, elle t’attend, car tout ce que tu cherches te cherche aussi, tu le sais.

Mais de blanc, pas de lapin, juste le poil luisant d’un énorme taureau tout en muscles qu’on a isolé là du reste du troupeau. Il semble toujours furieux, s’arrête de ruminer lorsque tu approches de la barrière et, si tu restes trop longtemps à le regarder, il se met à gratter le sol. Nombre de fois, tu t’es promis, lorsque l’atrabilaire serait occupé ou endormi, de rejoindre Alice avec qui tu as partagé mille aventures avant de t’endormir. Sous le soleil vertical de ce début d’après-midi d’été, le colosse est de l’autre côté du pré, cou tendu vers le mystère sauvage de la forêt qui délimite la propriété. C’est maintenant ! Il faut escalader la barrière faite de rondins lisses sur lesquels on a cloué des planches en diagonale. Ni adhérence ni point d’appui horizontal pour tes sandales. Tu t’agrippes aux planches qui meurtrissent tes paumes. Une sourde incertitude t’envahit à chaque glissade, tu te cramponnes. Tu poses enfin une main sur le rondin supérieur, l’autre la rejoint. Le ventre en appui, les bras serrés autour du cylindre lustré par le temps, tu parviens enfin à te hisser à califourchon au sommet. Alors que tu te concentres pour sauter de l’autre côté sans te tordre les chevilles, tu vois le colosse foncer dans ta direction.

La soupe de Potofeu, de Marie-Hélène Lafond

La soupe de Potofeu, album jeunesse, éditions CuiCui jeunesse, juillet 2024
illustrations Louki Soprano

 

 

À minuit, Potofeu, une sorcière farfelue, s´introduit dans les chambres des enfants pour voler leurs doudous. Son plan est d´en collecter cent pour en faire une soupe délicieuse. Mais ce soir-là, alors qu’elle vient chaparder le centième doudou, elle est surprise par un petit garçon bien éveillé.

 

 

EXTRAIT

– T’es une voleuse ?
– Bien sûr que non !
– Alors pourquoi ?
– Pourquoi quoi ?
– Pourquoi tu veux voler mon doudou ?
– D’abord je ne le vole pas. Je te l’emprunte.
– Parce que tu vas me le rendre ?
– Évidemment !
Comme le petit garçon fait la grimace, Potofeu ajoute :
– Il m’en faut 100.
– 100 quoi ?
– 100 doudous !
– Et pourquoi il en faut 100, des doudous ?