Histoires secrètes du vieux Montpellier, de Sylvie Léonard

Histoires secrètes du vieux Montpellier, beau livre, éditions Museo, juin 2022
illustrations : 100 photographies de l’autrice

 

 

Rois ou poètes, princesses ou grisettes,
ils ont tous vécu, lutté, aimé et souffert
dans les rues de Montpellier.
Destins cruels, amours sulfureuses,
aventures prodigieuses…
Une balade à travers le temps
sur les traces des histoires d’antan.

 

 

EXTRAIT (introduction)

Mars 2020. Confinement. Montpellier ville déserte.
Plus de pubs, plus d’étudiants, plus de cafés, plus de restaurants.
Dans ce grand théâtre de pierres vide, le silence.

Alors resurgissent dans les rues du Clapas*,
comme une fresque oubliée,
comme un palimpseste humidifié,
le galop des calèches, les amours du passé,
la rumeur des colères, les destins insensés,
les bruits du monde oubliés.
Toutes ces histoires extraordinaires,
rencontrées au hasard de mes lectures,
et qui bruissent encore entre les murs.
Trouver derrière les pierres les souvenirs d’antan.
Depuis longtemps, déjà, j’en cherchais les mystères.

Retrouver la vibration des passions.
Sans librairies, sans bibliothèques.
Commencer en me fiant à ma mémoire,
aux quelques livres de ma maison,
et aux murmures arachnéens de la toile.
Fouiller, creuser, faire des heures de recherches,
d’enquêtes et de contre-enquêtes
pour trouver ma voie dans ce dédale d’informations.
Au-delà de l’histoire officielle des guides touristiques.

Et puis, dans la torpeur des rues, dans la lumière des petites places,
dans le charme des calades, dans la fraîcheur des fontaines,
retrouver la trace de ces vies d’autrefois.
Mon plus grand plaisir était d’aller faire des photos,
par les matins ensoleillés d’automne,
avec, dans les rues, personne.

La voie est libre, de Jean Azarel

La voie est libre, roman, éditions Douro, collection La Diagonale de l’écrivain, juin 2022
coautrice : Hélène Dassavray

 

Ce livre de la parité ferroviaire parle des trains d’Hélène et des trains de Jean, d’une mère et d’un frère disparus, des dactylos rock et de Marianne Faithfull, des amours impossibles et des amours trop rapides, de la poésie qui roule et des transports noirs, de Blaise Cendrars et des fantômes de quelques sœurs et frères encore visibles au bout des quais…

Sur le ballast des pages, les mots étincellent et filent tels une locomotive ivre de vivre.

LA VOIE EST LIBRE. Bon voyage.

 

 

 

EXTRAIT

« Difficile de trouver plus paumée que la gare de Redneck. Oubliée de la plupart des indicateurs d’horaires. Indiquée par un seul panneau aux lettres délavées qu’il vaut mieux ne pas louper. Au bout du jeu de piste, du chiendent sur les voies. Des tags le long du ballast, que les graphistes ont dû dessiner dans toutes les positions possibles, un vrai kamasutra, ces gars sont des héros que le ministère de la culture devrait décorer de l’Ordre du Tag International.
Une cabine de WC, la même pour les hommes et pour les femmes, pas un cadeau pour les dames, distincte du hall d’attente, dont la porte crachote au vent. Le genre de lieu qui suinte la mélancolie et la bouffe en boite refroidie.
R. avait loué un wagon de seconde accroché à une loco cacochyme garée en fin de quai. En m’embrassant, il m’apprit qu’il ne passait plus que deux trains de marchandises par jour, un dans chaque sens. Il avait obtenu, sans que je comprenne bien dans quelles conditions, une autorisation de circuler. « Tu n’as pas fait de connerie au moins » lui dis-je, mais il haussa les épaules Comme je demandai où était le conducteur, il me répondit en grommelant qu’il n’y avait pas de conducteur, « Qu’est-ce que des mecs comme nous ont à foutre d’un conducteur pour mener leur vie, tu peux me le dire ? ».

Le Repaire, de Andrée Lafon

Le Repaire, roman, éditions L’Harmattan, juin 2022

Un homme dont la compagne vient de se tuer en voiture, sous le choc, a perdu l’usage de la parole. Pour adoucir cette épreuve, un couple ami l’invite à passer le mois d’août  dans sa maison des Cévennes, Le Repaire, prêt à lui offrir, outre sa sympathie, de nouveaux paysages, des visages de lieux riches d’histoire.

EXTRAIT

La mer ? Elle me fascine. Je la crois capable de tout. De noyer mes pensées ou de les bercer, selon les heures,. Je reste assez loin, je n’y entre pas, je ne la survole pas, je l’observe comme un être changeant, bizarre, inattendu. J’aime sa couleur indéfinissable et sa musique rythmée. J’aime qu’elle suive les saisons.
La mer est comme moi une confidente muette, pense Stéphane. Carole a dû se réfugier souvent auprès d’elle, guetter une réponse.

Le bruit et le roulis des vagues me manquent sur ces rochers. Ici je trouve une terre dure, sèche, impassible. Je n’entends même pas l’écho quand je pousse un cri.

Tout d’un coup, Stéphane entend son isolement. Il la voit devant la mer, il l’imagine au bord du gouffre.

Hommage à Pierre Torreilles, maison de la Poésie, Montpellier, 8 juin 2022

mercredi 8 juin 2022 à 18h30
Maison de la Poésie Jean Joubert
78 avenue du Pirée – Montpellier

à l’occasion de l’édition de l’ouvrage Pierre Torreilles

entretiens croisés et témoignages sur le parcours de ce libraire hors pair et les textes de ce poète exigeant avec Alain Derey (Sauramps), Jacques Guigou, Sébastien Robert, Jean-Frédéric Brun et François Szabó (auteurs), David Massabuau (éditeur Fata Morgana)

On écoutera à cette occasion Pierre Torreilles lire la strophe II de La Voix désabritée enregistré au Théâtre Quotidien de Montpellier (TQM) au début des années 80 par Jenny Szabó.

Lire la suite…

Rencontre avec Marie Bronsard, 30 ans des éditions Domens, Pézenas, 6 juin 2022

Les éditions Domens fêtent leurs 30 ans
dimanche 5 et lundi 6 juin 2022
Espace culturel de la gare du Nord, allée Général Montagne, à Pézenas

 

Une rencontre avec Marie Bronsard aura lieu

le lundi 6 juin de 10 h à 10 h 45.
Elle sera animée par Nicole Cordesse.

 

 

Françoise Renaud en lecture-concert, 4 juin 2022, médiathèque Maison du Bailli, Entre-Vignes (34)

Une lecture concert du duo Voyages Immobiles

Françoise Renaud : texte & voix
Frédéric Tari : violon & compositions

tout savoir ici

site Voyages Immobiles

NON !, monologue théâtral de Janine Teisson, 2 juin 2022, lycée Joffre à Montpellier

NON !

un monologue théâtral écrit par Janine Teisson et présenté par la compagnie Filomène
jeudi 2 juin 2022 à 19 h
Lycée Joffre à Montpellier
Compagnie Filomène et association Adodailes
comédienne : Émilie Chevrier
vidéaste : Renaud Dupré

Cette pièce, d’une durée de 45 minutes, met en scène une jeune fille de 17 ans, enfermée dans un hôpital psychiatrique pour anorexie. Elle est seule sur scène.
Qu’elle se parle à elle même ou qu’elle réponde, ou ne réponde pas aux questions du psychiatre, elle est seule. Le spectateur découvre au fil de son monologue les raisons de son retrait dans la maladie.

Rencontre-débat : Cette courte pièce est suivie d’une rencontre d’une heure avec la comédienne et l’autrice, et  d’un débat sur les troubles des conduites alimentaires, animé par l’association Adodailes dans le cadre de la journée mondiale des TCA

Durée de la pièce : 45 mn / Durée du débat : 45 mn
Spectacle gratuit
inscription obligatoire ici

 

La promesse de la mer d’André Gardies

La promesse de la mer, roman, éditions infimes, juin 2022

Ancien caméraman sur la Calypso, Romain Falcolon revient au Grau pour réaliser un documentaire sur la pêche artisanale traditionnelle. Bientôt cinquante ans qu’il n’a pas remis les pieds dans cette station balnéaire où, pourtant, il a passé tous ses étés depuis l’enfance jusqu’à son départ sous les drapeaux en Algérie.
Grâce aux souvenirs d’anciens pêcheurs, les techniques de pêche anciennes reprennent vie, qu’il s’agisse du trahin, du gangui ou encore et surtout de la seinche, la pêche au thon collective  à laquelle Romain enfant avait assisté
Alors qu’il entame son travail, Romain reçoit un courriel anonyme et laconique. Qui se cache derrière cette adresse « dedale30 » ? Bianca, le grand amour de ses vingt ans. Celle qui l’a trahi en épousant le fils d’une riche famille du Grau, alors qu’il était appelé en Algérie.
Jour après jour tandis que progresse le film, une histoire ancienne se ravive tout comme se ravivent chez Romain souffrances et honte accumulées pendant cette guerre qui ne disait pas son nom.

EXTRAIT

Mais bientôt l’ancien pont est apparu, le pont tournant qu’il avait si souvent contemplé quand il pivotait lentement pour livrer passage aux voiles qui gagnaient le large. Il était toujours là, fidèle à lui-même, fidèle à son souvenir.
Retrouvant un geste familier presque instinctif, venu d’un lointain passé, il s’est accoudé sur la rambarde métallique qui surplombait le canal. Devant lui s’ouvraient au loin sur la mer infinie les deux bras tendus de la jetée, avec le pouce levé de leurs deux phares et leurs bracelets de bateaux qui tintinnabulaient sous la brise. Toujours le miracle de cette vue inchangée, comme immuable, insensible au temps qui passe. Venu du large, le vent léger lui caressait les joues. C’était l’heure de la marée rentrante. À ses pieds sous l’appontement, entre le quai et un chalutier, là où le courant s’amollit, de maigres détritus flottaient et dérivaient lentement à contre-courant, entre lesquels se glissaient furtifs de petits poissons aux éclairs d’argent. L’odeur ! Oui, l’odeur. C’est elle qui l’a saisi aux narines comme une évidence : la même, exactement la même qu’avant. La même que celle de ses six ans, de son enfance, de son adolescence. Inchangée. Un mélange d’iode, de vase et d’embrun, d’eau à demi endormie au clapotement huileux avec, résiduelle, incrustée, remontée depuis des générations dans les mailles des filets, cette haleine de varech, de marée, d’oursins et d’écailles de poissons qui achèvent de sécher au soleil. Un bouquet unique, l’essence même du Grau. Et sous la plante de ses pieds, gagnant jusqu’aux mollets, il a ressenti à nouveau le tremblement sourd du tablier au passage des voitures qui, dans son dos, roulaient au pas. En même temps lui est revenu le souvenir tactile du revêtement en cordage tressé quand au retour de la plage, pieds nus, serviette de bain sur l’épaule, il évitait soigneusement les plaques de métal du passage piéton qui, sous la canicule de midi, lui brûlaient la voûte plantaire. Il aimait la caresse douce et râpeuse de ce tapis singulier avant de retrouver à la sortie du pont la chaleur molle du goudron.
Venue de l’embouchure, une barque à moteur remontait le canal de son train de sénateur, traçant un sillon dont les ondes allaient s’élargissant pour venir caresser la coque des bateaux provoquant leur discret balancement, presque imperceptible. Les vaguelettes montaient, descendaient, de moins en moins fortes, jusqu’à leur extinction avec l’éloignement de la barque. Ramolli, un sachet plastique flottait transparent entre deux eaux comme une méduse morte. Quelques mouettes criaillaient là-bas à l’entrée du môle. Le Grau de son enfance n’avait pas disparu. Il était là, concentré sur ce pont.